cycle été 2020 | outils du roman
– retour au sommaire général du cycle « outils du roman »
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#11, des mains
Résumé de la consigne :
– nous voilà en deuxième phase du cycle, on va reprendre des explorations plus partielles mais techniques, de paramètres ou de fonctions narratives que l’usage du récit convoque ensuite invisiblement parmi d’autres — avant d’aller vers scènes et dialogues, 2 propositions sur un énoncé du récit depuis le corps ;
– prémices théoriques : l’histoire du roman moderne suit l’histoire de la philosophie du sujet... si la philosophie contemporaine représente une rupture sur cette continuité d’une dominante du sujet, cette rupture a sans doute son équivalent littéraire depuis Artaud et Beckett, mais la prend-on en charge suffisamment, intentionnellement ?
– le statut du corps dans le récit n’est pas selon un paradigme du genre j’écris le corps ou bien j’écris sur le corps, mais dans les grandes percées contemporaines, ce qui frappe c’est comment l’énoncé du corps, passant au premier plan dans le récit, en fait l’instance sujet, la première instance narrative, au-delà ou en renversement de la position classique d’un énoncé du sujet ;
– d’où mon appui, ici, sur Leslie Kaplan, L’excès l’usine ou Nathalie Sarraute « ...disent les imbéciles »), mais on pourrait suivre cela aussi chez Danièle Collobert, Monique Wittig ou bien d’autres ;
– on retrouve un équivalent de ce transfert dans le livre fondamental qu’est Les gestes de Vilème Flusser : non pas chercher, détruire, écrire, photographier, creuser, fumer, mais le centre de gravité délibérément mis sur le geste qui les accomplit, met en perspective de façon symétrique à la fois l’outil et nous-mêmes, écart ou autonomie de la pensée qui la renouvelle ;
– très simplement, très concrètement : on choisit, depuis une source autobiographique (lorsque transférée dans notre reconstruction de lecteur, elle n’est plus reliée à sa source autobiographique) ou depuis une source d’observation extérieure, ou directement depuis une source fictive (personnage ou figure émergente des textes des propositions précédentes) un personnage, et on va démultiplier des images de mains : les démultiplier temporellement (différents instants repères de sa vie) ou fonctionnellement (les mains du personnage selon ses différentes occupations, et merci de ne pas en faire un texte ludique) ;
– savoir qu’on touche, comme pour le visage, mais dans une instance plus sauvage, plus muette, une instance très hautement symbolique : la main qui rampe dans Les cahiers de Malte Lauridds Brigge, les mains coupées dans les combats, ou voir sa main dans ses rêves ;
– savoir qu’on ouvre, dans le champ contemporain, une forme qui n’est pas un exercice, mais une bascule théorique qui le concerne en entier, quand bien même la littérature de routine (allez voir la « rentrée littéraire » s’en tient à l’usage ordinaire de la littérature-sujet.
Que vous n’êtes pas obligé de tout décrypter de ces notes ci-dessus, puisque c’est tout simple d’écrire sur des mains, et que ce faisant ce sont ces mains elles-mêmes, les mains dans votre récit, vos mains écrivant, qui vont se charger de cette renverse corps-sujet, qu’on va continuer d’explorer...
On touche un thème interférant de très près avec le fantastique, ne le censurez pas, on risque d’être confronté en retour à d’étranges images, des images imprévues : tant mieux. On a même le droit au malaise, à la peur, ou tout simplement à l’aide... se tenir la main. Passez donc voir main dans Littré.
Et ne pas oublier le petit codicille sur comment vous vous y serez pris !
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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 août 2020
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