#40jours #07 | descendre, descendre et descendre

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

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#40 jours #07 | descendre, descendre et descendre


Cette vidéo propose :

 de la littérature naissant de mondes souterrains, réels ou imaginaires, c’est sans âge (y compris chez Rabelais quand on descend dans le corps du géant), mais avec les Misérables, Victor Hugo introduit une coupure définitive : quand Jean Valjean descend dans les égouts (ou Gavroche habitant dans le ventre de l’éléphant dressé à la Bastille), le dessous de la ville — la part souterraine de la ville — devient élément constitutif de la narration, et c’est irréversible (on ne trouvera ça ni chez Balzac, qui pourtant au moins dans César Birotteau ou Gobseck convoque le jeu entre les étages comme ressort narratif, ni chez ceux nés en 1821, Baudelaire et Flaubert) ;

 comme nous apprenons, en pensant les arbres, à nous les représenter mentalement dans leur équilibre au-dessus et en dessous du sol, nous apprenons depuis les Misérables à penser la ville à la fois au-dessus et au-dessous de ce qui en définit le sol ;

 l’architecture aussi a appris à en jouer, depuis l’idée de la ville sous-marine rêvée au fond de la Baltique par Himmler, ou les projets de circulation au niveau du 10ème étage sur toute la ville à New York vers 1925, et bien plus tard nos villes nouvelles entourant Paris d’enclaves bétonnées avec niveau piéton sur dalle et niveau voiture enterré ;

 alors, travailler sur la rémanence en nous de ces images de villes souterraines ? pas de ville traversée qui n’ait laissé ce souvenir particulier, à commencer par l’odeur si reconnaissable et si spécifique, chaque fois, de son métro... oui, mais on a déjà procédé de cette façon dans les exercices précédents...

 et si les mondes souterrains de la ville créaient cette rémanence en nous justement pour leur affinité avec le fantastique et le rêve ? — on peut alors remonter par exemple à l’influence sur les contes des Prisons de Piranese, avec leurs escaliers labyrinthes ;

 c’est ce jeu avec le fantastique que je vous propose comme exercice, en amont même des images souterraines de la ville dont on partira en quête : on va écrire une longue descente, par tous les artefacts techniques que vous voudrez bien requérir, échelle, escaliers, ascenseurs, rampes, escalators, pour les appliquer aux images que vous retrouverez en vous, rémanentes, de tous les sous-sols, galeries commerçantes, traverses souterraines, parkings ou autres...

 non pas l’inventaire de ces images, mais organiser narrativement un passage continu de l’une à l’autre de ces images, quelle que soit la ville, quelle que soit la distance temporelle, quel que soit le côté lacunaire de ce souvenir, ou leur concaténation (on voit bien ou perçoit bien ce contexte souterrain, mais quelle ville, quelle époque ?), par l’illusion textuelle que sans cesse on passe d’une image à la suivante en descendant d’un étage, en franchissant un niveau vers le bas...

 le cinéma s’est sans doute risqué plus fréquemment que la littérature dans cet artefact du fantastique, mais il est au moins un auteur chez qui c’est un archétype récurrent dans tout roman ou nouvelle : H.P. Lovecraft ;

 si on cherche après Lovecraft (et lui-même ne part pas de rien, il y a des caves et souterrains dans Edgar Poe, c’est un motif récurrent aussi de Jules Verne, et quelle fierté pour Lovecraft quand, dans le train d’Albany à Québec, il a dans son compartiment un médecin français aveuglé par des gaz pendant la Première Guerre, et qui enfant a connu pour de vrai Jules Verne... chez lui : Les Indes noires, Voyage au centre de la Terre et d’autres...) ces labyrinthes urbains souterrains vont proliférer ;

 chez Lovecraft donc une systématique (le plus complexe : Dans l’abîme du temps, le plus connu : Montagnes de la folie, le plus emblématique L’étranger / The Outsider, et parfois sans connotation ville, comme Les rats dans les murs — je mets à votre disposition en pièce jointe un récit relativement bref, au format le plus habituel du magazine Weird Tales : La ville sans nom, parce qu’organisé justement sur une descente infinie, chaque motif de la narration découlant du précédent à la suite d’une nouvelle descente...

 et, dans les images rémanentes dont chacun·e d’entre nous est porteur ou porteuse, des enjeux urbanistiques chaque fois forts (le grand tambour en spirale du Auchan de Bagnolet, ou bien les accès abris anti-bombes du mall historique de Tel Aviv, le Montréal souterrain qui, contre la neige, dédouble en sous-sol le Montréal de surface — c’est aussi le cas à Minneapolis, ou on pourrait croire parfois que c’est la ville émergée qui est ce double —, les 40 mètres de vide sous la dalle de la Défense et à quoi on les emploie, ou tout simplement à Paris les si longs couloirs aux changements de métro...

 donc un exercice ultra-simple : collationner en soi ce qui reste d’images de la ville souterraine, les villes où quelles soient, et si loin ou proches de la mémoires qu’elles soient, et le texte qui les assemble en construisant, au plus implacable de l’illusion, que de l’une à l’autre on descend... et exercice d’enjeu ultra non-simple : l’urbanisme, le fantastique, l’inquiétude, l’obsolescence des constructions...

Bonnes écritures !

PS : indépendamment du PDF en pièce jointe ou dossier abonné, lecture de H.P. Lovecraft, La ville sans nom

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 juin 2022
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