#40jours #04 | sols glissants

un cycle pour explorer la contrainte d’une écriture quotidiennne


 déjà abonné·e·s : accès direct sur Patreon avec documents d’appui –- et note aux abonné·e·s Patreon « ateliers » : m’envoyer message si cela vous simplifie d’être parallèlement abonné à la lettre de coordination du cycle (inclut les éventuelles fiches d’appui), idem si compte auteur pas mis en place sur le WordPress ;

 inscriptions ouvertes : via le Patreon (niveau 3, atelier) ou directement via la librairie du site ;

 l’inscription est nécessaire pour : accès privilégié aux propositions, aux documents complémentaires et fiches ressources, accès à la plateforme de publication collective et aux Zooms hebdo et leurs archives ;

 lire les contributions à l’exercice et publier la vôtre

 retour sommaire général de la série ;

 à consulter : le site de l’artiste Régis Perray et son « mur des sols ».

 

#40 jours #04 | sols glissants


Cette vidéo propose :

 pas d’artefacts plus construits que le sol de nos villes — transit de tous flux et données, strates d’épaisseurs superposées, bassins de signes pour circulations conjointes ou antagonistes, lieu de déplacement et circulation contraints entre bassins de constructions immobiles ;

 est-ce que pourtant on regarde les sols ? le narrateur de chaque début de roman de Balzac certainement pas : figure anthropomorphe fixe et rigide, à angle de vue déterminé, qui se déplace de pièce en pièce ;

 l’oeil est pourtant à peu près sphérique (les myopes savent que non) : la part verticale de la vue est de même angle que la vue horizontale — sauf que le repérage spatial s’effectue depuis la vue latérale (peu de musées à proposer des oeuvres au sol, mais quel trouble, j’en ai des exemples, lorsque marcher sur une surface vitrée nous permet cet arpentage à la vertical) et le repérage vertical ne sert que d’alerte (on peut s’amuser à marcher quelques dizaines de mètres en occultant le sol devant soi, pour comprendre) ;

 dans le cinéma ou la vidéo pourtant ça change : la vue plongeante avec pieds qui arpentent est presque un cliché archétype pour signifier qu’on se déplace et où on se déplace — saurions-nous l’importer dans le récit ?

 et passer tout de suite à une autre détermination : faire que le récit avance, donner l’impression par le récit d’une translation rapide dans la ville — noter les sols, les saisir non pas en vue plongeante mais en vie glissée à ras du sol, et cette impression de déplacement sera démultipliée ;

 et puis, en fonction des matériaux, des signes, la composition abstraite, géométrique que sont nos sols urbains : et si c’est cela qu’on assignait à la phrase, sur un trajet habituel, connu, mais dont on ne garderait que la suite des sols en vue plongeante, ou vue en glissant à quelques centimètres, et que la seule suite de ces phrases créerait cette illusion, jusqu’à l’hypnose, du déplacement rapide ?

 quitte à supprimer tout énonciateur sujet, à revenir à l’usage de la phrase sans verbe ;

 pas d’exemple littéraire (mais ne manquez pas de me signaler si), mais l’univers d’un plasticien de premier plan, Régis Perray, qui depuis des années « collectionne » les sols de partout où il passe : au point d’avoir constitué et exposé un « mur des sols » de quelques milliers d’images ;

 et si vous-même, en revenant à un trajet urbain souvent pratiqué, vous décidiez d’oublier tout ce qu’il y a à l’horizontale du regard, ne garder que la suite fuyante des sols ? — ça donne quoi, dans l’éblouissement du texte ?

Alors bonnes écritures !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 13 juin 2022
merci aux 264 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page