autobiographies #10 | Anne-James Chaton, elle + elle + elle

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autobiographies #10 | Anne-James Chaton, elle + elle + elle


Cette vidéo propose :

 on va reprendre pour nous le principe technique d’un livre « coup de force », étonnamment puissant, Elle regarde passer les gens, d’Anne-James Chaton (L’Olivier, 2016), mais en le détournant : dans un des lieux cités ou décrits par les textes des propositions précédentes, une traversée verticale du temps avec personnage (« elle »), sans autre définition (pas de nom propre) mais cette suite de « elle » va passer imperceptiblement d’un personnage à un autre, dans le même lieu, à des temps ou époques différentes ;

 on peut évidemment détourner (mais un peu, un peu seulement !) la proposition : le « elle » va rester un seul personnage, mais dans la temporalité « élargie » de la proposition, c’est-à-dire parcourant un ensemble d’heures, de saisons, d’époques différentes dans le même lieu, voire devant la même fenêtre ;

 mais on va reprendre chacune & chacun le défi formel d’Anne-James Chaton : si plusieurs « elle » se succèdent dans ce même lieu précis et unique, il ne sera jamais possible de percevoir à quel instant précis on bascule d’un personnage à un autre, ce sera seulement le changement de nature ou de contexte qui permettra de comprendre qu’un glissement s’est effectué ;

 ce avec quoi on rompt, par rapport à ce livre dont je considère qu’il est plus que marquant : Anne-James travaille sur un imaginaire collectif qui est la permanente frontière entre la « grande » Histoire (les différentes époques, de la « Grande » guerre à la révolution sexuelle des années 60, en passant par la Dépression des années 30, la guerre froide puis la fin du bloc soviétique etc, qui constituent ses différents chapitres, qu’enjambent les « elles » qui en sont l’illustration), et une notion de célébrité qui elle passe uniquement par ces projections imaginaires, ces « elles » qui personnifient une époque, dans la contradiction entre image publique et détresse privée, et implacablement reléguées aux marges par la domination masculine dans la construction de récit qu’est justement l’Histoire ;

 dans le livre d’Anne-James, il ne s’agit pas pour autant d’un univers lié à cette « célébrité » contemporaine ou posthume, ni Virginia Woolf ni Janis Joplin n’ont relevé de l’univers des tabloïds, c’est au contraire une assignation de valeur depuis ce que chacun et chacune d’entre nous pose comme essentiel ou d’absolu dans cette notion de valeur, c’est pour cela que j’ai choisi comme extrait (dans le dossier habituel) un fragment de la traversée dans son livre de Virginia Woolf avant son suicide ;

 là où on va « coller » à Anne-James Chaton, et merci, merci d’en faire l’expérience là sans rien détourner de la « consigne », l’étonnement, l’inouï sont à ce prix, c’est le principe formel de phrases toutes égales, initiées par le pronom (chez lui dès le titre : « Elle regarde passer les gens »), et suivant dans leur déroulé une durée précise, quelques minutes ou quelques heures, voire (l’accident de voiture de « Lady Di ») quelques minutes mais amplifiées jusqu’à la plus précise granulation –- si on examine un déroulé de trois minutes d’un « elle » dans le lieu choisi et précis, repris des textes précédents, on va reprendre identiquement trois minutes mais pour un autre personnage dans le même lieu 20 ou 30 ans plus tôt, ou notre même personnage dix ans plus tard ou un an plus tôt, et c’est très précisément cette disjonction entre le déroulé au présent, dans cette granularité, et la projection dans des époques totalement séparées, même si les sauts temporels sont rendus invisibles, qui va nous permettre ici l’exploration ;

 autres liens : on a travaillé, lors du cycle Pousser la langue sur un autre livre important d’Anne-James Chaton, ses hypothèses sur le naufrage de La Pérouse. Je vous invite aussi à faire mieux connaissance avec cet auteur aussi central qu’élaborant un territoire neuf : par son compte Instagram au protocole extrêmement rigoureux, et de quelques vidéos avec sa propre lecture de Elle regarde passer les gens, dont en particulier celle-ci avec le guitariste Thurston Moore, fondateur des légendaires Sonic Youth.

Et en vous souhaitant de bonnes écritures !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 21 novembre 2021
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