pousser la langue #5 | trouer le texte, les blancs de Jacque Roubaud

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 appui : dans les fiches de l’espace abonné, l’extrait « Poterne des Peupliers », dans Autobiographie chapitre X de Jacques Roubaud (1977).

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En 1977, quand Jacques Roubaud publie Autobiographie chapitre dix, il y voit une double inflexion : un mi-temps de la vie, mais aussi une réorganisation de l’oeuvre, sa projection en avant. C’est ce qui fait la densité des 302 textes numérotés que comporte ce livre. Comme jouer en permanence de la frontière qui sépare prose et poésie, les inversant, les étirant. Et cela suffirait à en garder le questionnement tout vivant. Mais aussi en reprenant les projets, les plans : on nous y parle déjà du Grand Incendie de Londres. Dans cette frontière impalpable mais certaine de la prose et de la poésie, Roubaud propose une vingtaine de textes singuliers parce qu’appartenant à la prose par ce qu’ils incluent de la ville, de la vie, scènes ou personnages, et que ce sont des blocs compacts de langue, mais parce que la phrase y est trouée de blancs qui contraignent à une perception graphique des rythmes, et surtout mettent tous les syntagmes à égalité, dans un permanent glissement. Parmi ces 20 proses, celle-ci (voir les extraits) me touche particulièrement : ailleurs, dans un texte autobiographique (Poésie : ? je ne suis plus sûr), Roubaud parle de ces visites annuelles à un vieux couple (oncle ou tante ?), dans leur humble –- voire pauvre, très pauvre -– appartement de la Poterne des Peupliers, zone qui sera rasée pour faire passer le périphérique. Alors ma proposition est celle-ci : se saisir de cette forme d’une prose continue, mais où la ponctuation consiste en espaces blancs, mettant à plat l’ensemble des syntagmes, quel que soit le grossissement, quel que soit l’écart (personnage, souvenir, objet…) pour capter, autobiographiquement ou pas, une sorte de bulle de réel, éloigné ou proche, mais que cette forme d’écriture va rendre de la façon la plus exhaustive possible.

 


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1ère mise en ligne et dernière modification le 10 juin 2019
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