faire respirer le passage du site au livre

une nouvelle plateforme à l’approche pour publie.net, changement en profondeur pour les bibliothèques


petites révolutions douces, suite


Journée solide, hier, quitte à arpenter Paris par les dessous en tous sens.

Et d’abord le matin, à l’Immateriel-fr, où Julien Boulnois et Xavier Cazin me font démo (version bêta, travail en cours) de la nouvelle interface qui sera celle de publie.net

Extérieurement, pour les visiteurs du site, rien de changé, sauf un peu plus de confort et qu’on peut commencer à s’intéresser aux icônes et détails... Mais le moteur de recherche a été radicalement transformé : algorithmes (eh, aussi secrets que ceux de Google, mais on a un suffisamment beau bassin de ressources, 3 giga-octets de texte pur, pour l’expérimenter et le régler, c’est ça la différence) pour classer les résultats selon pertinence, et un véritable tour de force de Julien pour permettre de cumuler une suite de mots-clés – quand même hallucinant, même sur toute petite fenêtre écran, de pouvoir faire apparaître parmi 360 textes celui qui répond à la sollicitation principale...

Autre tour de force de Julien, et on peut en parler, parce que chez nos chers amis et concurrents ce n’est pas en 15 jours qu’ils rattraperont le tour de piste en retard : quand vous visitez publie.net depuis votre ordinateur ou iPad, la page d’accueil présente 3 colonnes. Réduisez la fenêtre du navigateur, ou visionnez depuis un eReader connecté (le Bookeen Orizon qui approche, ou le Kindle), et vous n’aurez plus que la colonne principale et celle de gauche pour la navigation. Visionnez depuis votre téléphone portable, et ne restera que la colonne centrale, c’est bluffant. Le texte surgit au doigt...

Mais la révolution principale est peut-être la plus discrète. Rien qui change sur la page d’accueil des livres : s’affichent les formats proposés, PDF pour lecture hors ligne sur ordinateur ou eReader, epub qui devient le point d’appui central, notamment pour reprise sur l’iBook Store d’Apple (c’est ce qui nous fait vivre, d’ailleurs), et prc pour Kindle (progression rapide...). Seulement, deux petits boutons dessous : choix mode image et la liseuse actuelle est intégrée directement dans l’écran principal, sans passage à une autre fenêtre, et choix mode texte, voilà enfin ce que mes amis de l’Immatériel-fr nomment le livre comme site : réinterprétation graphique des fichiers pour remise en page instantanée, images, textes, éléments multimedia, en fonction de l’appareil de consultation – plus besoin d’une application dédiée pour l’iPhone ou le téléphone Androïd, et plus de saut matériel entre la lecture de flux – celle du site, de la recherche, du feuilletage – et la lecture dense – ce qu’on qualifiait encore de livre numérique.

Autre enjeu essentiel à cette bascule : on a tous tellement de lectures en retard, livres sur la table de chevet, listes avec intentions d’achat, et qui pourrait raisonnablement se vanter (si, j’en connais !) de lire tout ce que nous publions collectivement sur publie.net ? Mais un point commun à nous tous : le temps que nous passons quotidiennement sur écran pour nous informer, approfondir, échanger. Dans cette radicale transformation due à Julien Boulnois (plus que jamais l’impression, hier, que l’informaticien est tout aussi bien l’écrivain – qui devient collectif – que l’auteur du texte, et qu’on avance ensemble, les uns par les autres...), c’est un lien beaucoup plus organique entre la navigation site et le voyage dans l’univers livre qui s’ouvre. Et valide aussi notre proposition d’accès illimité par abonnement annuel...

Voilà, à ce point du texte, nos collègues et concurrents reprennent la lecture depuis le début pour comprendre, les autres continuent.

 

bibliothèques, entrez dans la danse


Changement essentiel pour l’utilisation de publie.net en bibliothèque : il n’y a plus à passer par un accès fermé à l’ouvrage. Les métadonnées (notices, liens) sont accessibles depuis le catalogue général de la bibliothèque. Lorsqu’on feuillette le livre, les liens hypertexte intégrés permettent d’en sortir et d’y revenir, nouvel outil d’écriture pour nous, en ce qu’il ne coupe pas la lecture. On dispose d’un niveau de lecture dense tout en gardant la fluidité de navigation dans tout le site – merci à tous nos abonnés responsables de bibliothèques et médiathèques qui nous aident en ce moment à préciser ces usages et les besoins.

Au passage, saluer le Réseau des lycées français de l’Asie du Sud-Est, qui va être notre premier partenaire non universitaire pour utilisation des textes publie.net dans le cadre d’un dispositif d’éducation.

Désormais, insister donc directement auprès des usagers : sollicitez votre bibliothèque territoriale ou universitaire, ou centre de doc, ou CE d’entreprise, ou école d’art ou communication, insistez pour qu’elle s’abonne à publie.net (c’est tarif si modeste par rapport au reste de leurs ressources numériques), suggérez-leur aussi d’installer accès à distance pour lire depuis chez vous via login de votre carte lecteur (voir Rennes Champs Libres ou Culturethèque de l’Institut français de Londres)... Dites-leur que ce n’est pas « dans quatre ou cinq mois »...

Autre chose : il nous semble tout naturel d’accueillir dans notre plateforme les textes d’autres acteurs du livre numérique, ainsi Librid ou Numeriklivres, mais il y en aura d’autres (à condition qu’ils respectent notre propre charte d’usage : pas de DRM, prix inférieur 6 euros). Nos abonnés bibliothèques se sont bien sûr étonnés de voir alors apparaître dans notre sommaire des textes auxquels l’abonnement ne donne pas accès. Nous sommes prêts techniquement : mutualisation de l’abonnement, et répartition des recettes au prorata des consultations, ce sera opérationnel très vite. Là encore, on bouscule les lignes un peu vite au gré de certains. Mais je suis convaincu, pour les amis directeurs de bibliothèques qui ont à charge la persuasion de leurs élus, que proposer un abonnement à un bouquet diversifié de ressources littérature contemporaine, plutôt qu’à un seul acteur, tout le monde y gagne. Bien sûr on fera la bascule pour les abonnés actuels sans modification de tarif.

 

l’édition numérique, avancer, réfléchir, inventer

Suite de la journée, c’était (en retard, mais ça n’a rien changé à son accueil...), visite à Bernard Strainchamps, de Bibliosurf. Tout auprès d’une grande librairie parisienne, Bernard a renouvelé la conception de la médiation en ligne, le travail de libraire via Internet. Ce ne sont pas les sites de librairie en ligne qui manquent, certaines avec d’ailleurs de beaux dossiers bibliographiques. Bernard Strainchamps a réinventé une sorte d’artisanat de la ressource numérique, entretiens vidéos, répertoire de liens et critiques, référencement non pas passif mais lié à mots-clés, moteur de recherche, suggestions et associations... (À quand, Bernard, un abonnement du type : un polar par mois, choisi par Bibliosurf ? – je serais partant !)

Devant la petite caméra vidéo de Bibliosurf, je réponds à des questions bien sûr un peu moins naïves que l’éternelle opposition du numérique et du papier. Ensuite, je serai hors connexion, mais dès 17h la vidéo est en ligne – bien sûr incitation à en profiter pour une balade bibliosurf, mais, avec l’autorisation de Bernard Strainchamps, la voici :


François Bon à propos de Publie.net
envoyé par Bibliosurf. - Découvrez plus de vidéos créatives.

 

une synergie édition papier et édition numérique, chantier toujours à ouvrir


Depuis le début de l’aventure web, c’est le serpent de mer. Pourquoi les éditeurs de l’imprimé osent-ils si peu risquer ? Il semble que le paradigme aujourd’hui se transforme :
 le premier est négatif (vu de leur côté) : le ticket d’entrée se complexifie. La fréquentation ou le référencement de sites comme Tiers Livre, ou Bibliosurf, ou d’Immatériel-fr les établit de façon ferme dans le paysage, et le savoir technique que nous accumulons – humblement, collectivement, et tout simplement parce que nous expérimentons tous les jours –, nous met de plus en plus à distance de ce qui se passe dans les maisons d’édition. Renversement du négatif : pour avancer nous, nous avons besoin nous aussi d’élargir le cercle. Proposition déjà faite ici : nous sommes en mesure de proposer aux éditeurs (rappelons l’existence en France de 1200 éditeurs assurant 1,6% du CA global édition, à vérifier – mais dépositaires de l’essentiel de la création) la prise en charge selon meilleurs critères professionnels de la création de leurs formats ePub, la mise en place d’une librairie spécifique, et la reprise de leur catalogue dans notre propre librairie. Je comprends la réticence qu’il y ait pu avoir, ces derniers mois, à organiser un tel partenariat lorsque c’est un acteur neuf et restreint comme publie.net qui le propose. D’une part, le positionnement reconnu d’Immatériel-fr comme 4ème plateforme à côté du clan des 3 (Hachette/Numilog, Editis, Eden/Gallimard), et meilleur vendeur de livre numérique, d’autre part, la collaboration croisée avec NumerikLivres fait que nous sommes désormais en mesure de gérer collectivement vos demandes de conversion ePub (merci spécial à Gwen Català), création de plateforme spécifique à votre catalogue et relais diffusion – ne pas hésiter à nous contacter, et très prochaine embauche d’un responsable commercial pour cette part spécifique du développement commun et peut-être création d’une société commune, edinum.fr.
 l’autre est positif : j’ai souvent raconté comment une expérience de 2 ans au Seuil comme directeur de collection (mais l’impossibilité d’un agir numérique complémentaire) avait été le point de départ de publie.net – y compris, très humblement, dans l’apprentissage de l’édition et de la publication. Cette collection est en sommeil depuis lors, et les progrès fulgurants, en simplicité d’accès, en densité de lecture, que permettent l’iPad, les nouveaux iPhone ou Androïd, ou la nouvelle génération de eReaders (Sony 350, Bookeen Orizon, Kindle 3), fait que je n’ai aucune intention d’associer versions imprimées à nos textes publie.net. Mais merci à Olivier Bétourné (avec qui le voyage éditorial est continu et principal depuis 1998...) pour son feu vert à reprise conjointe des ouvrages de la collection Déplacements sur publie.net. Pour les éditions du Seuil, je l’espère, une occasion d’observer et expérimenter d’autres formes commerciales que la diffusion de livres homothétiques, apprivoiser ce qui s’est mis en chemin hors des grandes routes. Pour nous, en accueillant, dès les prochains jours, Cambouis d’Antoine Emaz, et l’hallucinant travail de Christophe Fiat sur l’écriture de Stephen King, c’est une nouvelle dimension à notre expérience qui s’ouvre...

Merci à vous tous d’être là.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 septembre 2010
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