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2011.10.27 | tu le kiss ou tu le kill ton livre ?

une autre date au hasard :
la centrale et l’autoroute

Venant une semaine sur deux à Louvain, j’ai souvent un petit battement à Bruxelles Midi, et quelques Bruxellois, d’origine ou d’adoption, pour partager un café aussi. Ce matin, scène assez cocasse d’un cocktail sur fausse moquette en plein milieu du hall, encostumés de service dans micro inaudible à trois mètres, fausses plantes vertes et service de sécurité balaise comme si tous les sans-abri de Belgique allaient venir leur piquer leur jus d’orange, c’était le lancement de l’opération romans de gare, avec inondation d’affiches, celle ci-dessus. À 10 euros la daube encartonnée, je doute que ce soit une riche opération commerciale, mais dans ce genre d’opération l’éditeur se paiera sur ce qu’il aura extorqué à la compagnie de chemins de fer, dont les encostumés ont probablement perdu toute idée de ce qu’est un livre depuis des décennies pour s’en apercevoir, schéma aussi international que leurs cravates. À ce prix-là, franchement, mieux vaut s’acheter un Kindle et lire les polars de publie.net, au moins ça vous a de la tenue. Mais surtout, l’affiche. Tu le tues, ou tu le bises, ton livre ? Tu baises, ou tu crimes ? On dit d’emblée aux gens qu’on leur vend de la soupe : romance ou gore, ah oui aux US ça marche parfaitement les deux. Voilà à quoi on ravale l’estime qu’on a du lecteur, voilà à quoi on ravale la fonction même du livre. Peu m’importe, c’est vrai. Mais j’ai l’impression qu’à rabaisser comme ça l’idée même du récit, et ce qu’on demande à un livre, c’est à nous tous qu’ils font mal. Tu kiss ou tu kill ? Allez, reste dans ton hall de gare, moi j’ai mon train qui repart. Mieux à faire ailleurs, et sans vous.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 27 octobre 2011
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