Je donne ici un petit mode d’emploi pour faire un sommaire tel que celui que j’ai utilisé ici : #été 2023 | le livre pour l’oubli (titre provisoire) : sommaire
La doc wordpress en français sur les boucles de requête : https://fr.wordpress.org/support/article/query-loop-block/
Création du sommaire :
1. commencer par créer l’étiquette du projet
Pour avoir un sommaire ordonné selon la chronologie de l’atelier en cours, on commencera par créer une « étiquette » qui caractérisera son projet. J’ai créé l’étiquette « Matières d’oubli« . Il faut veiller à utiliser une étiquette qui n’existe pas déjà. Puisque la requête ira chercher tous les posts rangés sous cette étiquette. Il faut bien sûr ensuite attribuer cette étiquette à tous les textes concernés.
Peut-être aurais-je créer une étiquette plus impersonnelle, administrative, du style vemurom2023 (2 premiers lettres du prénom – 2 premières lettres du nom – 2 premières lettres de l’atelier – année)
La boucle de requête peut faire sa requête sur une catégorie, sur une étiquette, sur un mot-clé. Elle peut également se faire sur un auteur.
Dans le cadre de l’atelier Tiers Livre, la création de catégories étant réservée à l’administration du blog, il y a la possibilité d’utiliser les étiquettes.
2. création du bloc
2.1. création de la boucle
1. On commencera par insérer le bloc « Boucle de requête« ,
soit en passant par le raccourci Saisir « / » pour choisir un bloc et taper « Boucle de requête »
soit en appuyant sur le + sur la droite pour ajouter un bloc et en introduisant le terme « Boucle de requête »
2. Là, choisir le modèle « Partir de zéro«
3. Faire un choix, j’ai pris « Titre et date » (on changera de modèle plus tard)
Par défaut , on verra apparaître les 3 derniers posts du blog
2.2. premiers réglages du bloc
4. Passer maintenant à la requête proprement dite, cela se fait à droite dans les Réglages du Bloc (réglages à droite de l’éditeur texte)
Il faut préalablement avoir sélectionné le bloc Boucle en cliquant dedans jusqu’à voir apparaître un nouveau menu de réglages au-dessus du bloc. Cliquer alors sur la petite boucle :
5. Au niveau de ces Réglages du Bloc de droite, on règle l’ordre de la requête en passant par le menu déroulant ORDONNER PAR : Des plus anciens au plus récents ou par ordre alphabétique A-Z
Personnellement, j’ai choisi l’ordre alphabétique (A-Z) sur les titres et que j’ai formés selon la nomenclature en usage sur le site : #nom de l’atelier #numéro de l’atelier
exemple : #été2023 #00
Si on utilise l’ordre de publication des articles, Des plus anciens au plus récents, l’ordre sera celui de publication des articles et pourrait ne pas être celui des ateliers.
(je suis arrivée à l’atelier 7, les premiers ateliers seront publié ensuite)
6. Ensuite, on appuie sur le petit + de Filtres :
On sélectionne Taxonomies
(Les taxonomies apparaissent alors)
On choisira ETIQUETTES
On tape le nom de son étiquette qui doit apparaître
2.3. le nombre d’articles
Pour choir le nombre d’articles appelé, on revient sur la boucle, dans l’éditeur de texte, cela ne se passe pas dans les Réglages du bloc à droite.
On sélectionne le Bloc, en cliquant sur la petite boucle, et on clique sur les petites tirettes qui apparaissent au dessus du bloc:
Normalement on devrait pouvoir dans NOMBRE D’ELEMENTS PAR PAGE taper 0 pour sélectionner tous les articles, mais pour moi ça ne marche pas, j’ai dû taper 50 pour être sûre de les avoir tous.
2.4. mise en page
On va maintenant modifier un peu la présentation.
On sélectionne le bloc et on choisit cette fois de cliquer sur Remplacer :
J’ai sélectionné « Petite image et titre«
Voilà, je crois que c’est fini.
Créer un affichage du roman en cours
Les possibilités qu’offre la boucle de requête sont très nombreuses. On pourrait également créer un affichage de tous les textes, les uns à la suite des autres dans le bon ordre, du début à la fin, et avec une pagination si le projet est long.
Ca pourrait faire l’objet d’un autre petit mode tutoriel.
Et cela nécessiterait des ajustements à la css.
Ici, j’ai fait un affichage du texte complet de 3 articles de l’auteur C. Jeanney (j’espère qu’elle ne m’en voudra pas), sans l’image d’entête, sur la catégorie ###été2023 et avec une navigation.
Les dates indiquées sont celle de la publication et de celle de la dernière modification.
La colonne de texte on le voit est un peu plus étroite, trop étroite, ce qui serait à corriger via la css.
Roman été 2023 – C. Jeanney
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#été2023 #05 | le tabouret
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La dernière fois, je ne sais jamais identifier la dernière fois, la dernière fois que B a marché sans aide, la dernière fois que R a plaisanté, la dernière fois que j’ai pris la main de V dans la mienne pour lui faire traverser la rue, la dernière fois que j’ai parcouru la route qui s’arrête net, léchée de sable, devant la mer, et la dernière tempête. L’eau monte, l’eau a monté, l’eau de la mer arrive. La mer déborde, ce qui est impossible à concevoir. Nos esprits sont petits.
Je suis R, celui qui trace des lignes au rotring sur papier d’architecte, je dessine des plans, une table, une boîte, un paravent à claire-voie pour accrocher l’antique marionnette de fer blanc que m’a offerte Etelvoldo. Il parle peu mais juste. Nous faisons des mots croisés ensemble, lui en français, moi en italien. Je suis calme. Je structure les jours, les heures, la position des planètes, les formules mathématiques qui décrivent les forces, vecteurs, gravité, flèches, circonférence, toutes ces obéissances aux lois. Le principe d’archimède indique qu’il faut qu’un corps gigantissime plonge dans la mer pour qu’elle déborde. Quel est le corps qui plonge, corps étranger, étrange. Je n’ai pas le goût de la science-fiction. Il n’est pas question que l’eau monte sur la route, tout cela n’a pas de logique. Je suppose la force du vent, la poussée du vent. Le vent arrive du large et chasse l’eau, repousse l’eau, pousse l’eau à nous envahir, malgré les lois ou avec elles, je ne vois que cette explication.
Je ne suppose rien, dit B. Je range et lave et nettoie et range et lave et nettoie et range à ma taille, je suis de petite taille. R m’a croisé et m’a lancé « Alors ? Toujours aussi petite ? » J’ai répondu « Et toi ? Toujours aussi bête ? » Le lendemain il m’invite au bal. Il danse mal. Il ne boit pas. J’ai si peur des gens qui boivent. Nous nous marions parce qu’il ne boit pas. Je suis petite. Ma taille n’est pas accordée à celle des astres ni à celle de l’espace et je suis aveugle à la géographie.
Nous sommes à l’intérieur d’une botte, l’Atlas le montre. Je suis du doigt la forme de l’Adriatique d’ordinaire somnolente. Ce jour, elle monte au bout de la route arrêtée net.
Je n’ouvre pas d’Atlas, dit B, je n’ouvre pas de livres, je ne sais pas estimer les kilomètres ni lire les points cardinaux, et ma fille est comme moi.
Je suis R, celui qui range, qui délimite des formes pour y voir clair et ma fille est pareille à moi.
Je suis tendre, pense L, tendre avec leur fille qui est montée sur le tabouret de bar à cause de la tempête.
Sur mon tabouret, protégée, au sec, je regarde. Angelo repousse l’eau avec un balai. Il a mon âge. Il porte une chemise blanche et un pantalon noir qu’il a remonté sur ses jambes, les pieds dans l’eau. La surface du sol est invisible, il n’y a plus de sol. Le carrelage de la pièce est perdu pour les yeux. Nous marchons sur de l’inconscient. C’est froid, c’est salé. La tempête est entrée dans la rue, elle coule vers nous, elle s’engouffre. M me tient contre lui pour ne pas que je glisse. Il est fort. Il est solide. Il n’explique rien. Il fait face. Il ne perd pas de temps à expliquer car les explications le fatiguent, car elles sont vaines, car sa mère, cette peau de vache le frappait pour lui faire rentrer dans la tête toutes les explications, car cette vieille directrice d’école, car cette vieille chouette, cette vieille gardienne de clés breloques impératrice hagarde propriétaire du savoir science a voulu faire rentrer le savoir science dans la tête de M à grands coups, ce qui explique qu’en réponse M a grandi, ce qui explique que M s’est fortifié, M s’est renforcé en réponse, et sa solide réponse est de ne pas savoir, de vomir le savoir, de ne croire qu’à la stabilité des pieds au sol, des muscles, des évidences. Il dit C’est simple C’est la tempête. Il me tient contre lui pour ne pas que je glisse.
Je suis tendre, pense L. Je dois être tendre, il le faut. Quand on vit à côté de M, quand on voit le grand trou lardé de cicatrices, il faut de la tendresse pour combler.
Je suis R, celui qui est bloqué. Ce que je ne comprends pas me bloque. Les guitares électriques. Fluxus. Malejvitch, PIL qui chante This is not a love song, voilà entre autres ce que je refuse de concevoir. Je structure au rotring toutes les particularités visibles des forces qui sont à l’œuvre pour les dompter. Je ne dirai jamais que j’ai peur. Je ne bois pas.
Sur mon tabouret, je les regarde tous les quatre jouer aux cartes, au scrabble, sans montrer leurs fractures. Les bras fonctionnent, les mains fonctionnent, les jambes et la tête fonctionnent pour l’instant, aujourd’hui, maintenant, la dernière fois n’est pas encore visible. Elle est peut-être sous l’eau. Angelo repousse l’eau mais elle revient. À grands coups de balai, mais elle revient. À grandes enjambées, grands gestes, vives intonations, bruit de sa voix, donner de la voix, rien n’y fait, l’eau est là, toujours vient reprendre sa place. La grand-mère parlait des inondations – « le feu, le feu, tu peux toujours l’éteindre, mais l’eau tu ne peux pas l’arrêter », car le monde est inarrêtable. Notre faiblesse est infinie. Je suis le signe extérieur visible. Je suis montée sur un tabouret. Je suis le signe extérieur visible de nos manques, de nos ratés, de notre petite vaillance idiote, de nos difficultés, je suis montée sur un tabouret. Ils me portent, ou bien ils me mettent à l’écart. Dans cette petite communauté il y a des mots qu’on ne prononce pas, ils font partie de la famille du mot survie, Darwin comprendrait cela s’il nous connaissait, s’il ne passait pas son temps sur des navires au large d’îles dont les noms ne servent qu’à remplir des grilles de mots croisés pour jouer.
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#été2023 #05 #05bis | rideau peut-être
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Je suis devant l’hôtel entièrement vitré. Ce n’est pas comme une gare ou un carrefour, et pourtant c’est comme une gare ou un carrefour, je suis dans un hôtel entièrement vitré, je suis à l’extérieur de cet hôtel, parfois j’y entre, les murs sont facilement friables, humides, l’année précédente les fondations n’étaient qu’un trou dans le sable entouré de parpaings gorgés d’humidité et d’ombre, ce qui donne l’odeur de la naissance des choses.
Un hôtel face à la plage, face à mer. Toutes les fenêtres et les balcons regardent la plage, regardent la mer, montrent la plage industrielle, la plage piquetée de mats froissés de coton lustré, fichée de lignes mathématiques, lignes de parasols aux couleurs semblables qui font zones, chaque zone colorée aux armes des hôtels, chaque hôtel possédant sa couleur – en général, pas agressive, tonique, choisie pour sa capacité à rassembler, les clients de l’hôtel se repèrent comme dans la gare on se repère comme au carrefour on se repère – et les vitres, car l’hôtel est vitré entièrement, montrent aux clients que les autres clients sont comme eux et se repèrent comme eux, en se fiant à une couleur, à une mer plate, à une plage ratissée, Angelo ratisse la plage chaque matin. Parfois un laurier-rose dans un pot face à l’ascenseur où ma mère se regarde. Le miroir de l’ascenseur est une vitre. Ici il n’y a que des reflets. Les mouches se trompent en se cognant.
La piscine du bateau n’est pas une piscine mais une table où s’installent les clients, jambes pendantes dans l’eau.
Le jeu de cartes n’est pas un jeu. Le nombre de joueurs ne compte pas. Si quelqu’un arrive, il peut venir s’asseoir dans la ronde, prendre part à la ronde, le lieu est extensible, le jeu est extensible, ce jeu n’est pas un jeu. Avec chaque nouveau joueur s’ajoute un nouvel événement et c’est ça qu’on attend. On attend l’événement. La main de cinq cartes va-t-elle passer d’une main à l’autre ? Un joueur la propose au suivant qui dit oui qui dit non qui dit je prends ou je ne prends pas, à l’image de la vie. C’est réellement sans importance. Quotidien. Sauf que ça ne durera pas ce quotidien. On appelle ça une parenthèse. Quand on en sortira, le normal reprendra, les joueurs passeront leur chemin si bien qu’on ne saura pas qu’ils sont joueurs. Il n’y aura plus de jambes pendantes. Les cartes seront empaquetées. La mer vidée. Les vitres aussi. Ce sera l’hiver.
L’hiver, ils vivent dans les sous-sols.
Angelo dresse son chien et lui apprend des tours, comme aboyer comme s’il chantait et ramener son chapeau. Rhino ne fait pas la cuisine. Il dort longtemps le matin, sauf pour aller pêcher. Alberto quitte ses chemises impeccables pour des t-shirts informes, se laisse pousser la barbe, on ne sait pas qui il est. Nina regarde la télévision de Berlusconi en cousant. Ruggero vend des chaussures à Parme. Boggetti entre dans l’usine de machines à écrire où il travaille, l’usine Olivetti. Madame Cofini s’achète une lampe à abat-jour en verre de Murano et l’installe dans le salon sur la console de marbre, et lorsqu’elle a de la visite, elle présente le salon en ouvrant les portes battantes, uniquement pour les yeux, car on n’y entre pas. Tout est neuf. Au même moment, monsieur Cofini, son mari, reçoit des souffrances dans son cabinet de médecin. Oedipo traîne dans les cafés près du billard. Ethelvoldo lit le journal, puis il part en tournée. Les arguments de son spectacle sont simples : le roi, la fille, le prétendant, le jaloux, le ridicule, le traître, les noces, le meurtre, le combat, le mensonge, la mort. La beauté tient aux fils qu’il actionne depuis là-haut, même s’il commence à fatiguer, les douleurs aux épaules à cause des marionnettes, lourdes, lourdes du bois sculpté des membres articulés, lourdes d’armures de chevalier, de princesses à hennins. Ethelvoldo est le seul qui fasse corps à corps avec la fiction, le seul qui sache s’arracher vers l’ailleurs des histoires. Tous les autres vivent au premier degré. L’enterrement d’Ethelvoldo a eu lieu dans la réalité d’une fiction douce, il n’avait pas d’enfants, donc personne n’est venu, personne d’autre que des clients de gares et de carrefours, issus d’une autre réalité et, si l’on est très optimiste, les anges des Ailes du désir.
Ethelvoldo a disparu, tu peux toujours chercher, c’est ce que je me dis, tu ne sais rien, c’est ce que je me dis, tu n’as accès à rien, tu ne peux que rassembler des parasols fermés sur la plage et la mort d’Angelo avec. En ce moment, maintenant, il y a toujours des parasols et Angelo est toujours mort. Son chien s’appelait Leïla, c’était une chienne qui est toujours morte elle aussi. Des marionnettes de chiens, Ethelvoldo en avait, ainsi que des marionnettes du loup qui représente le grand danger inéluctable et non pas un simple animal, tout est fictif. La marionnette du chasseur le course, et c’est Ethelvoldo qui court d’un bout à l’autre du castelet en poussant des cris déchirants. Non pas que ses cris soient déchirants au sens premier, juste qu’ils déchirent le rideau du réel, un rideau de velours rouge, je ne sais pas où ce rideau se trouve maintenant ni s’il s’ouvre ou se ferme encore. Sur quoi s’ouvre-t-il, sur quoi se ferme-t-il sont des questions qui m’indiffèrent, il y a toujours de la matière, quoi qu’on fasse, quoi qu’on pense, on est obligé de penser la matière, sinon le cerveau meurt. On est obligé de penser. Sauf que sans les rideaux, on a peur. Descends, allons descends. Dans l’eau saumâtre. Reviens, c’est rien, reviens. À la terre tremblante. On a peur de voir que les feuilles sans armatures tremblent au soleil. Les feuilles tremblantes. Ce n’est pas le titre d’un livre ou d’une chanson, les feuilles tremblantes. C’est le titre de la vie d’Ethelvoldo et d’Angelo, le titre que mon cerveau donne à leur vie, du quotidien. Et j’oublie de réaliser qu’il y a quelques jours, pour des questions de place, l’image de Boggetti, l’homme qui fabrique des machines à écrire, a disparu du cadre, a été recouverte par une autre photo de quelqu’un de vivant, ici, maintenant. Quelqu’un qui court jusqu’à épuisement. Je jugeais sans savoir. Il n’y a pas de premier degré.
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#été2023 #06 | l’argent – Tu savais qu’Angelo est mort ?
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Comment récupérer les graines d’œillets d’Inde en fin de saison ? L’œillet d’Inde (nom officiel : le tagète) est un des acteurs principaux de notre jardin floral et aussi potager, grâce à ses jolies couleurs ornementales et son odeur répulsive qui protège particulièrement la tomate. Nous n’avons pas de tomates. Cela prendrait trop de temps et nous serions rétrogradés au statut de paysan que nous avons quitté grâce à la propreté et la technique, grâce au lessivage et aux vitamines, grâce aux horaires fixes des repas et aux cours du soir, grâce à l’usine automobile, châssis, compresseurs, réservoirs, malaxeurs. Les machines nous ont élevés. Une fois que les fleurs ont séché, nous pouvons récupérer les graines d’œillet d’Inde pour les semer au printemps prochain. Pourquoi acheter et racheter tous les ans des godets en jardinerie ? La récupération est facile, et surtout très économique. La ligne orange en points de suspension des œillets le long des cailloux blancs revient tous les ans et se voit depuis la fenêtre du salon lorsqu’on l’ouvre. On n’ouvre pas souvent. L’air extérieur porte les relents de la fonderie. On a peur des moustiques. S’il faut ouvrir, on laisse le voilage flotter devant la vitre. Doubles rideaux de précaution, de protection : lorsque vos deux tissus sont coupés, superposez-les l’un sur l’autre. Préparez les ourlets du bas et les bords verticaux. Le tissu écossais à prix cassé est un retour client, ce qui donne un prix au mètre extrêmement intéressant. Ce n’est pas un choix esthétique, contrairement au 33 tours de Georges Jouvin, l’homme à la trompette d’or. Contrairement au chalet sous la neige du peintre Morandi. Elle dit Tu chercheras son nom, peut-être que ça vaut cher, que ça vaut très cher (je ne trouve rien). Épinglez le rideau et la doublure ensemble et cousez. Vous pourrez rabattre l’ourlet de tête du rideau sur la doublure et poser une ruflette en cousant les deux épaisseurs pour terminer. Vos rideaux sont prêts à poser, et le métrage permet d’habiller toutes les fenêtres du logement de fonction de l’usine, situé dans la cour de l’usine. Nous économisons toute l’année pour être riches l’été. L’été, nous achetons nos sacs sur les marchés. Nous achetons nos chaussures sur les marchés. Nous achetons nos montres à Nando, le seul sur la plage à porter un gilet d’explorateur de coton couleur sable, sans manches, et recouvert de dizaines de poches. Il écarte les pans de son gilet pour dévoiler des montres pendues à de petits crochets. Quand les carabiniers s’approchent il file. Il promet de revenir avec des chaînes, des pendentifs en or au profil de Néfertiti ou en forme de corne, joli pendentif en or représentant une corne d’abondance également appelée Piment italien. Ce symbole est né de la mythologie grecque. On dit que Zeus, enfant, arracha la corne d’une chèvre qui était sa nourrice. Il l’utilisera plus tard pour faire apparaître fleurs et fruits en abondance. À cause de cette profusion de richesses, la corne devient un symbole de chance et de prospérité en Italie. Avant de partir en vitesse Nando salue rapidement Vinicio qui crie Coco ! Coco ! à intervalles réguliers, pose sa glacière, sort des parts de pastèque, rend la monnaie, referme sa glacière et repart. Nous ne mangeons pas de fruits, mais des pommes de terre à chaque repas. R coupe les pommes de terre pour faire des frites. Il a suivi les cours du soir, les cours des arts et métiers, aussi il regrette qu’il n’existe pas un outil qu’on appellerait une équerre de cuisine pour s’assurer que les angles des morceaux de pommes de terre soient coupés correctement, à 45 degrés. Les morceaux de pommes de terre sont tous de la même épaisseur, car R s’applique, méthodiquement, minutieusement, pendant que nous faisons silence. On n’entend que la radio. Sur le guéridon est posé le carnet où noter la valise RTL. Dix mille huit cent soixante-deux francs, plus cent onze, dix mille neuf cent soixante-treize. Bonjour monsieur. Est-ce que vous pouvez me donner le montant de la valise ? J’en sais rien moi. Ah, c’est dommage monsieur, si vous aviez écouté la radio, vous auriez pu me donner le montant et vous auriez gagné dix mille neuf cent soixante-treize francs. Combien vaut un lapin fermier ? Celui-ci, à l’arrière de la voiture, qui fait sa prière dans un linge, ne nous a rien coûté, à part une visite au cimetière et la vue sur la sucrerie. Ils n’embauchent plus comme avant, c’est terminé. Dompierre-Becquincourt est un village rural picard du Santerre situé sur un plateau surplombant la vallée de la Somme, aisément accessible par l’ex-RN 29 (actuelle RD 1029). Point de départ du chômage de masse en France, la crise des années 1970-1980 marquée par deux chocs pétroliers a donné naissance au phénomène de stagflation caractérisé par une forte hausse des prix, de plus de 10% certaines années, et une croissance faible. Nous croissons faiblement. Encore un peu de paille sous les chaussures que nous enlevons bien vite. À peine rentrés, nous profitons des toilettes qui ne sont plus un bidon de métal avec couvercle. Les cours du soir et les arts et métiers, la fonderie et l’atelier de construction mécanique doté de machines-outils, ainsi que le service achats approvisionnements, ont pour tâche d’alimenter en toilettes hygiéniques ainsi que réfrigérateurs les quelque deux cents ouvriers. Ces derniers participent, entre autres grands chantiers, à ceux du canal du Nord et de l’usine de retraitement des combustibles de La Hague. Nous participons au monde, à sa propreté comme à sa saleté. Mais notre volonté de bien faire, comme couper correctement les morceaux de pommes de terre à 45 degrés, est si grande, que nous serons pardonnés. Nous n’avons rien fait de mal. Les vitres sont nettoyées une fois par mois, à la satisfaction des voisins. Nous n’y sommes pour rien si le plus ancien centre français de stockage de déchets radioactifs, situé sur la commune de La Hague, en bordure de l’usine de retraitement, est arrivé à saturation en 1994. C’est un problème, mais nous avons tous des problèmes. Comme manger. Pisser dans des toilettes à cuvette étincelante et chasse d’eau. S’acheter un jeu d’échec, par conséquent en faux marbre, du stuc, un enduit composé de plâtre, d’eau et de colle. Le stuc imite même les fêlures antiques des théâtres romains, comme si vous y étiez. On reconnaît les vacances à ce qu’il y a toujours une image de Madone dans le tiroir de la table de chevet. Nous ne prions pas la Madone devant témoins, mais on pense à elle. Nous n’avons jamais manqué de rien dit ma mère, avec raison. Sur la route du retour, à une halte, on achète un pot de faïence qui imite un torchon fleuri, noué sur le dessus, une sorte de petit baluchon dur et fragile. Comme il vient de Vallauris et qu’il est signé, ma mère pense que c’est un Picasso. Nous lui accordons beaucoup de valeur, esthétique et intrinsèque, et que Picasso soit un monstre, nocif, tyrannique, rancunier et brutal, n’est pas de notre compétence. Dans le placard de l’Ehpad, il y a la caméra de mon père qui filma, une montre de contrebande à son poignet, la plage où marchait Nando. Ça vaut cher, dit ma mère. Quand il faudra, plus tard (sous-entendu quand la Madone l’aura décidé), tu achèteras un catalogue de collectionneurs pour savoir le prix, ça vaut cher. Puis, sans transition, Tu savais qu’Angelo est mort ?
waou…dès que j’ai du temps, je m’amuse avec…merci très!
De rien !! N’hésite pas à me poser des questions !!
Merci beaucoup, c’est précieux, j’ai imprimé, mis de côté, pour le jour où…
De rien, de rien ! J’ai fait encore quelques modifs, j’espère n’avoir pas trop alourdi…
Enfin, n’hésitez pas à me poser des questions via les commentaires.
Voilà une belle aide pour manier WordPress un peu plus facilement. Je l »imprime . Grand Merci Véronique. Je manque de temps en ce moment , mais j’utiliserai votre procédure pour mettre en forme mes contributions du cycle d’été. C’est bien mieux que des PDF qu’on accumule dans le disque dur.Bon mois d’Août à vous.
Bon mois d’août à vous aussi Marie-Thérèse !
Demain, j’attaque ! (Enfin j’essaye…). Tout lu mais à refaire pas à pas
J’ai presque l’impression de comprendre. À voir en vrai 😉
Déjà un grand merci