pour celles et ceux qui ne croiraient pas que Proust a connu Baudelaire
pour celles et ceux qui ne croiraient pas que Proust a connu Baudelaire
Monsieur,
Vous allez voir que je n’ai pas de chance. Jamais je n’étais allé (peut-être une fois jadis) quai Bourbon. Mon ami Valentinois y demeurait mais je le laissais conduire dans le ramener moi-même. Enfin Dimanche c’est-à-dire la veille du jour où j’ai eu votre lettre j’y suis allé chez le Prince Bibesco et la jeune Asquith. J’ai passé quatre fois devant le 41 (Elle demeure au 45 !). Je suis rentré. J’ai en en rentrant une crise terrible et quand dans la matinée j’ai pu sonner, (...)
Si c’est Philippe Soupault qui les fait connaître à leur définitive échelle, préfaçant en 1946 Les chants de Maldoror par une biographie succincte (mais on en savait si peu) d’Isidore Ducasse, sa naissance à Montevideo, son professeur de rhétorique Gustave Hinstin, son séjour à Paris et sa fin, il ne fait que reproduire à l’identique les propos de Louis Genonceaux dans sa préface à la première reprise des Chants, en 1890, propos que Genonceaux assure avoir été collectés auprès du premier (...)
Vingt-cinq fois chez Baudelaire, seize fois chez Proust, mais je ne sais pas si je saurais utiliser pour moi ce vieux et beau mot, l’adjectif morne, auquel Littré propose comme étymologie le gothique maurnan, être triste, avec toute une magie souterraine d’épopée scandinave et qui s’entend encore dans l’anglais mourn, déplorer.
« Qui a la tristesse peinte sur son visage », dit Littré, chez qui je découvre que le mot mis en début de vers, comme si cela décuplait sa syllabe longue, « Morne (...)
Et simultanément (c’est-à-dire entre 1910 et 1920), avec Joyce et Proust, le roman (tout au moins un certain courant du roman) opère une révolution parallèle, c’est-à-dire : prise en compte seulement des points forts (d’une scène, d’une histoire), non dissimulation des vides ou des trous, puis regroupement de ces fragments selon une combinaison aboutissant à une mise en rapports directe (une confrontation) qui vise à la construction d’un ensemble dont les éléments ne vont plus être (...)
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Chez Proust, le rapport du tout au détail n’est pas celui d’un projet architectural global à sa réalisation spécifique : c’est justement contre cela, contre le mensonge autoritaire d’une forme subsumante, venant coiffer le tout, que Proust s’est révolté. De même que la pensée inhérente à son oeuvre défie les idées traditionnelles du général et du particulier et accrédite, sur le plan de l’esthétique, avec la théorie tirée de la Logique de Hegel, l’idée que le particulier est le général et (...)
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L’endormissement, le réveil, comme transitions de conscience. Réduire le temps référentiel à zéro : moment où on bascule, et il n’y a plus même la conscience qu’on s’endort, puisqu’on dort – moment qu’on se réveille, et c’est le premier surgissement de la conscience retrouvée, indépendamment des sensations (lumière, bruit) qui l’ont provoqué. À tout replier sur ce pur instant de transition sans durée, se déploie une nappe. La nappe immédiate du corps et des pensées, et de la perception du (...)
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