45 | Besançon, une chanteuse qui s’appelait Juliette

tags : Besançon, 1999, Juliette Noureddine, Kasper Toeplitz


Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et devenu assez massif, mais non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La publication n’est pas chronologique, et sera complétée progressivement par une suite de mots-clés spatialisés, liens vidéos ou Google Street View etc.

On peut aussi lire et naviguer depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

45 | Besançon, une chanteuse qui s’appelait Juliette


Parce que les bistrots et restos il y aurait un grossissement microscope spécifique lorsque c’est lié soit à ces brutales décompressions d’après rencontre ou lecture, soit aux moments où tu les relies à tes chemins intérieurs parce que tu y as écrit ou noté ou rêvé, combien de fois et surtout en province alors que du monde traînaille encore, que tu as tâche d’écoute plutôt que signer et au revoir, l’organisateur fait des signes avec sa montre, on doit se hâter : le resto a été réservé pour dix heures mais si on a trop de retard il n’y aura rien d’autre, il n’y a que dans les grandes métropoles comme cette brasserie aussi décorée à Nancy que le service continue dans la nuit, et là à Besançon jouxtant les Sandales d’Empédocle une salle minuscule équipée théâtre mais tu vois, pour vingt personnes même pas plus que vingt personnes il y a Kasper Toeplitz et sa basse — à l’époque, pas d’ordi —, les textes qu’on a lus plus aucune idée, le livre présenté probablement Prison en tout cas c’était avant Rolling Stones une biographie et Kasper est lié à Prison on avait lu ensemble, au Centre de jeunes détenus de Gradignan, dans le gymnase de l’établissement et devant leurs auteurs, les textes de l’atelier, il n’y a pas d’horloge moins imprécise que ces zones-vie déterminées par parutions de livres, avec nous présente la libraire (je la retrouverai plus tard à Niort puis Metz), et dans le resto qui nous accueille (ne jamais trop savoir quoi commander, tu regardes vite fait s’il y un tartare-frites et puis voilà, tu as beau tenir devant toi la carte — c’est permanent et récurrent — les mots sont plus opaques et résistifs qu’un texte d’ancienne mystique mais autour de toi ils ne pourraient le comprendre alors dire « comme toi » à la personne invitante ou repérer s’il y a un tartare-frites) ce qui est curieux c’est qu’on est les seuls clients sauf, en diagonale dans la petite salle, deux femmes et le codage des corps indique le même rapport invitante-invitée, on ne se parlera pas quoique le désarroi de la salle vide après la concentration de la petite salle équipée théâtre, ta sueur, cette chape qui tombe ensuite non pas de ce que vous auriez réussi mais de ce qui ne s’est pas passé comme prévu, n’a pas accompli la promesse des répèts, donc on ne se parlera pas mais sur le chemin de l’hôtel au retour tu vois le visage de la fille en diagonale sur une affiche comme on en voit sur ces colonnes rondes ou les encarts municipaux réservés aux propositions culturelles, une chanteuse encore inconnue qui s’appelle Juliette et les circuits de ces lieux alternatifs pour musiciens sans doute très symétriques de nos propres chemins de librairie à librairie (un groupement qui s’appelle L’œil de la lettre), et sans rien savoir de plus ni d’autre intérêt pour la chanson française avoir toujours été curieux ensuite du chemin de la chanteuse, probablement qu’assez vite ensuite c’était fini les salles de resto vides en province mais maintenant je ne sais pas, aucune idée, moi ça peut m’arriver encore.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 janvier 2022
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