H.P. Lovecraft | Ténèbre sur Innsmouth, §232

un récit essentiel de H.P. Lovecraft, en présentation bilingue


présentation et début _ précédent _ suivant

One night I had a frightful dream in which I met my grandmother under the sea. She lived in a phosphorescent palace of many terraces, with gardens of strange leprous corals and grotesque brachiate efflorescences, and welcomed me with a warmth that may have been sardonic. She had changed — as those who take to the water change — and told me she had never died. Instead, she had gone to a spot her dead son had learned about, and had leaped to a realm whose wonders — destined for him as well — he had spurned with a smoking pistol. This was to be my realm, too — I could not escape it. I would never die, but would live with those who had lived since before man ever walked the earth.


J’eus une nuit un rêve effrayant, où je rencontrai ma grand-mère sous la mer. Elle vivait dans un palais phosphorescent aux mille terrasses, avec des jardins d’étranges coraux lépreux et de grotesques efflorescences pour branchies, mais elle m’accueillit avec une chaleur qui aurait pu être sardonique. Elle avait changé – comme changent tous ceux qui choisissent les eaux – et me dit qu’elle n’était jamais morte. Au lieu de cela, elle avait rejoint le lieu dont son fils mort avait appris l’existence, et avait rejoint ce royaume dont il avait repoussé les merveilles – à lui destinées tout aussi bien – de la fumée de son pistolet. Ce serait mon royaume [1] aussi – je ne pouvais y échapper. Jamais je ne mourrai, mais pourrais vivre avec tous ceux qui y avaient vécu depuis bien avant que l’homme ait jamais foulé la Terre.

[1Royaume, ou domaine ? Edgar Allan Poe utilise le mot do-main dans son Domaine d’Arnheim, tel que l’a gardé Baudelaire. Ici, comme dans l’expression royaume des cieux, privilégier la définition spatiale ?


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 1er janvier 2018
merci aux 262 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page