Lovecraft | Ténèbre sur Innsmouth, présentation & iconographie

une lecture bilingue de l’ensemble du récit, plus notes & documents



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Ténèbre sur Innsmouth, un récit-clé


Écrit à Providence en novembre-décembre 1931, ce texte relativement long (22 000 mots, en 5 chapitres) est rédigé dans une période où Lovecraft bute de tous côtés sur des obstacles, arpente la misère quotidienne. En particulier à cause du refus répété que subit l’œuvre pourtant géante, ses Montagnes de la folie.

Lovecraft y convoque à nouveau sa géographie imaginaire -– de Salem à Whitehead les routes qui vont buter sur les ports isolés de la côte, qu’il connaît par coeur. Le petit port en déclin de Newburyport (voir images en fin de cette page) – avec ses voisines Ipswich et Gloucester où Lovecraft vient en repérage dès septembre 1928, donc deux ans avant d’écrire –est bien plus qu’un artifice narratif ou une source potentielle : Innsmouth n’est pas une ville fictive qu’on atteint depuis Newburyport, mais un surgissement par et dans la nuit de la fiction dans la ville même, et c’est ce qui nous fascine.

Ainsi, tout près de Newburyport, la chute d’eau et l’usine d’Ipswich, les vieilles maisons patriciennes de Gloucester, sans aucun doute possible le modèle direct, par une sorte de concaténation et d’ampliation, de l’obsédante description d’Innsmouth :

C’est la période où, chaque été, Lovecraft n’aime rien tant que partir par le premier bateau – celui qui ne coûte que quelques cents – jusqu’à Newport ou Narragansett, et s’installer dans les rochers avec son écritoire en carton. Ce rapport à la mer vue depuis le rivage (HPL n’a jamais su nager) a toujours été génétique dans son travail, là il devient la source même du récit.

Autre inscription autobiographique : dans son perpétuel nomadisme du printemps, Lovecraft recourt systématiquement aux moyens de transport les moins chers, n’hésitant pas à prendre les bus de nuit pour éviter une nuit d’hôtel (lettres et cartes à Barlow, lors des retours de Floride). Et quand il doit s’héberger, partout et toujours, c’est dans cette institution américaine qu’est l’YMCA (Young Men’s Christian Association), précurseur des auberges de jeunesse, plusieurs lits par chambre mais bon marché – c’est là qu’il dort aussi à Newportbury, comme le fait son narrateur. Les temps d’attente, les guichets et employés, les couchages de fortune, la petite bibliothèque ou la vitrine de la Société historique, Lovecraft en parle peu, mais ici devient la matière même de cette formidable tension qui précèdera l’arrivée à Innsmouth.

La déformation des paroles par les habitants, le fantastique à même les visages, la violence noire de l’action, tout rend ce récit un défi pour le traducteur.

J’ai décidé de mener le chantier ici à ciel ouvert, il sera affiné à mesure.

Cette première version de ma traduction, donc mise en ligne version bilingue à mesure, a été rédigée fin 2017, et maturation depuis lors, grand luxe que je m’offre, étant mon propre éditeur !

Ici on trouvera photos d’époque, documents complémentaires et fragments de lettres issus de ce carnet de recherche.

Et bon début de lecture !

Innsmouth, carnet de recherches



 On a retrouvé dans les papiers de Lovecraft une brève note de travail sur la genèse du récit, des « fiches personnages » et la généalogie des Marsh. C’est dans ces notes qu’on apprend que le narrateur se nomme « Robert (Martin) Olmstead », sans que ce nom soit jamais utilisé dans le récit –- abstention plus signifiante que le nom.

 On dispose aussi de brouillons partiels (« discarded drafts »), en fait 3 bribes de rédaction succesisves, en particulier le début du récit. À rapprocher de la lettre à August Derleth (trad à venir en annexe) (dans laquelle HPL mentionne sa tentative de style plus direct, et comment il y a renoncé, ne trouvant sa langue qu’à condition de s’en tenir à ses contraintes habituelles -– syntaxe, anachronisme.

 L’utilisation délibérée par Lovecraft de cette inscription subjective (supprimer le nom du narrateur, placer le récit en temps synchrone de son enquête) est probablement l’élément majeur de sa tentative dans Innsmouth, juste après l’écriture des Montagnes de la folie. Comme à l’ordinaire, les transparences, éclats coupants, superpositions en feuilletage de sa langue imposent de retranscrire son recours à la syntaxe du XVIIIe siècle -– Saint-Simon et les autres nous fournissent assez d’outils pour cela, et même en rendre invisibles les échafaudages.

 Autobus, 1930 : sans doute le jumeau de celui que prend le narrateur pour se rendre de Newburyport à Innsmouth, et de celui qui amène Lovecraft et Wandrei au même Newburyport...

 Lovecraft a probablement visité une première fois Newburyport avec Sonia l’été 1922, lors de ce voyage avec la scène du baiser sur la falaise de Magnolia (cf Vie privée de H.P. Lovecraft. Il y revient en 1923 et y passe au moins une nuit avec un de ses collègues du journalisme amateur, Edgar J Davis. En 1928, au retour du voyage dans le Vermont, l’année qui l’a aussi vu descendre jusqu’à Mobile tout au sud, il passe à nouveau 2 jours à Newburyport : probable que les sensations et images qui sont au départ d’Innsmouth viennent de ce séjour, que c’est là aussi qu’il visite le musée (à l’époque, il s’intitulait réellement Newbury Historical Society), la bibliothèque. A preuve que dans le travelog rédigé cet automne-là, ce Trip of Theobald bien connu des lovecraftiens, mais de peu d’intérêt autre que documentaire, il mentionne bien avoir fréquenté aussi cette institution américaine (Bob Dylan s’en servira aussi en 1961, dans sa migration de Minneapolis à New York) que sont les auberges de jeunesse de l’Y.M.C.A. Ce retour à Newburyport immédiatement après être rentré à Providence, les 2 jours qu’il y passe pour une « final survey » [1]. La prise de notes à visée documentaire sur Newburyport, l’existence de cette Gilman House qu’il visite et dont il reprendra le nom pour l’horrifique hôtel d’Innsmouth (en transférant le patronyme Sargent mentionné ici à l’employé qui lui parle d’Innsmouth au début du récit), tout prouve qu’il rumine déjà un usage fictionnel. Et quel bonheur à le voir exprimer le plaisir qu’il aura eu à cette suite d’excursions.

 Mais bizarrerie : le 1er septembre 1932, cette fois avec Donald Wandrei, Lovecraft visite de nouveau Newburyport et envoie une carte postale à Robert Howard. Sa carte postale à Howard du 21 août, avec les rochers noirs de Newport où il aimait aller s’asseoir pour écrire, nous est parvenue, mais pas celle-ci. Lors de cette même excursion, suivant juste son retour de Québec, avec Donald Wandrei il retourne aussi à Marblehead, modèle direct de son Kingsport (il le dit dans sa carte, celle-ci aussi conservée). Lovecraft est familier de Marblehead, New Bedford, Cape Cod, il a même fait le tour de Nantucket à bicyclette : qu’est-ce que cela fait d’y revenir comme on entre dans le décor d’une de ses propres fictions, non encore publiées ?

 Dans sa lettre-fleuve à Robert Howard du 1er octobre 1932, où il évoque cette excursion avec Donald Wandrei, il raconte qu’ils y étaient venus pour observer l’éclipse, et la décrit avec précision, en la rapprochant de celle qu’il avait pu observer à New York en 1925 – ce sentiment d’éclipse depuis lors est indissociable pour moi de la fissure qu’Innsmouth ouvre à même le réel dans ces petits ports côtiers sinon familiers. Si chaque éclipse totale est un événement, celle du 1er septembre 1931 restera dans les annales pour être la première à avoir été filmée depuis un avion, au-dessus des nuages, et précisément depuis le New England. Ci-dessous l’extraordinaire page redessinée d’après photos du New York Times.

 Un séjour de Robert Howard au Texas en novembre 1931 fait qu’il laisse un bon mois avant de répondre à la lettre de Lovecraft du 30 octobre, précisément la période où il écrira The shadow over Innsmouth, bien dommage. Cette lettre du 30 octobre est cependant une de celles où HPL s’explique sur ses conceptions ethniques et sur le mixed blood, les low races, la brachycéphalie, elle est indissociable de son état d’esprit dans l’écriture et l’invention d’Innsmouth, c’est aussi une de mes raisons profondes (merci Eric Legendre) de garder dans le titre cette ombre consubstantielle à Lovecraft. Restait à exprimer la différence entre les griffes puissantes du over original et notre sur trop faible : il me fallait deux pieds, et ces serres...

 C’est cette référence à l’éclipse vue depuis Newburyport qui me conforte dans le souhait d’en revenir à la traduction littérale du titre de Lovecraft, The shadow over Innsmouth, plutôt que Cauchemar sur Innsmouth romantique, racoleur et faux : il ne s’agit pas de rêve ni de cauchemar ici, mais de comment une déformation génétique réelle s’est emparée d’une population, figure à la fois mythologique et constamment re-socialisée dans nos sociétés, dans ses modes contemporains tout aussi bien.

 Il est très clair (lettre à Robert Bloch du 9 mai 1933) qu’Innsmouth, la ville, n’est pas un lieu d’où l’on se rend depuis Newburyport, mais une projection faite depuis le sentiment d’abandon et de décadence éprouvé dans le petit port lui-même : « Innsmouth reflète une sorte d’exagération de l’ancien Newburyport, que son inactivité croissante et sa dépopulation rendent de plus en plus spectral » (Innsmouth reflects a sort of exaggeration of ancient Newburyport, Mass., whose increasing quiescence & depopulation are getting to be almost spectral). Ipswich semble avoir servi de modèle principal pour les bâtiments industriels surplombant la rivière.

 On reviendra sur le rôle de la psychiatrie comme territoire d’exclusion : ainsi, la discrète mention de Danvers renvoie à la fois à Salem (la petite ville de Danvers en est toute voisine, et les accusateurs des sorcières de Salem habitaient Danvers), mais était aussi célèbre à l’époque par son hôpital psychiatrique, et le fait qu’on y pratiquait la lobotomie.

 Dans les notes de Lovecraft, on trouve aussi une carte d’Innsmouth : démarche rare chez lui. Il confirme – lettre à Robert Bloch du 6 juin 1933 – l’avoir rédigée en cours d’écriture et non après. Ce qui m’y fascine (un peu comme dans les toutes premières cartes de Jacques Cartier remontant le Saint-Laurent), c’est la façon dont les rues et routes y sont laissées ouvertes :

 À faire : le recensement de tous ces détails qui peuvent aider à comprendre la genèse du récit. La remarque de Sonia dans Vie privée parlant de l’aversion de HPL pour le poisson, à cause de l’odeur : la prééminence de l’olfactif dans le fantastique lovecraftien. Ainsi, le goût de l’architecture ancienne, à l’arrivée dans Innsmouth, est plus fort que son dégoût olfactif : si Lovecraft n’utilise jamais de nom pour son narrateur, ni Olmstead, ni Randolph Carter ou autre, prendre au sérieux cette abstention comme témoignant d’une inscription de lui-même comme narrateur.

 Dans les descriptions villes et silhouettes, le sentiment d’images arrêtées : partout où il allait, Lovecraft se fournissait régulièrement en cartes postales (celle de Newburyport à Robert Howard, perdue, en témoigne) – les images ci-dessous de Plum Island pourraient être à la base de certaines vues d’Innsmouth. À creuser aussi : l’importance à ce moment particulier, pour Lovecraft, du rôle de la « pseudo-mémoire » et comment il l’utilise pour que l’image d’Innsmouth perçue par le narrateur passe avant le réel et nous trouble.

 Sur la traduction : cherchant à se faire admettre par Strange Tales, HPL fait un réel effort de style, sans chercher à surmonter ce que Faulkner nommerait le Kill your darlings. Par exemple, la marque typiquement lovecraftienne du point-virgule cassant chaque phrase en diptyque est quasi absente. C’est la première fois que je mets en ligne une version bilingue, paragraphe par paragraphe (désolé pour les clics, ô lecteur bénévole !) : ça veut dire que la traduction échappe à son devoir de neutralité, et peut s’affirmer comme interprétation. Sachant que je travaille pour moi, et non pour les normes chaque fois en discussion s’il s’agit d’un éditeur extérieur, merci d’accepter que je me fasse un peu plaisir. Le relief et la tension, la rémanence. La transparence anachronique de la syntaxe XVIIIe siècle. Parfois je suis à un peu plus que le 15% habituel de différence entre nombre de signes VF et VO. Mais pas beaucoup.

 Sur les adjectifs : weird, odd, strange, devilish, ghoulish, queer, uncanny... Je complèterai l’inventaire, on harmonisera le lexique (ou pas). Il n’y a pas de projection univoque de ce répertoire anglophone sur nos mots Fr : mais le rôle de l’adjectif chez HPL reste celui d’une fluidification, d’un enveloppement avec effet de flou. C’est cette fonction qui doit nous guider, dans la construction de la phrase-image.

 Discours du vieux Zadok : avantage de la présentation bilingue, on se dispensera de la déformation phonétique de la langue, qui serait totalement artificielle. Aller au plus près du discours, même si souvent cela tient de la devinette, et au lecteur de comparer le sous-titrage Fr au marmonnement originel. Toujours penser à la rage où devait être Lovecraft, qui souhait écrire un récit d’action – et qui n’aimait pas développer des personnages – à voir s’empiler une fois de plus tant de strates de discours intermédiaires.

 Si Innsmouth est le seul récit que Lovecraft verra publier de son vivant – du moins à quelques semaines de sa mort – sous forme de livre (et encore, abrégé et bourré de fautes), tous les commentateurs s’accordent sur le fait que sa démarche, si désespérée qu’elle fût, et dans un contexte économique qui n’avait jamais été aussi dur, au lendemain de la Grande Dépression – était de proposer ce récit à Strange Tales, lequel rémunérait mieux que Weird Tales, ce qui supposait une narration basée beaucoup plus sur l’action (un peu comme La peur en embuscade voulait jouer avec les codes de l’enquête pour publication dans Detective Stories, en 1922). C’est la forme narrative à laquelle Lovecraft parviendra enfin, mais seulement dans le chapitre IV de son récit – bien insuffisant pour Strange Tales, et une des clés de notre bonheur ici. Cela rend encore plus frustrante la façon dont, apparemment, Derleth est rien moins que transporté à sa première lecture du manuscrit, forçant Lovecraft à lui répondre sur le style même, et là c’est essentiel : « Je ne suis pas sûr que l’expérimentation m’ait vraiment réussi. Le résultat, c’est un récit de 68 pages, lesté de tous les défauts que je déplore – et surtout du point de vue du style, avec des phrases rebattues (hackneyed) et des dérapages de rythme (rhythms have crept) malgré toutes mes précautions. Mais si j’essaye un autre style, pour moi c’est comme parler une langue étrangère – comme si j’étais mis sur la touche et à sec... Alors je n’ai pas l’intention de proposer The Shadow over Innsmouth à la publication, il n’aurait aucune chance d’être pris nulle part. » Mais ce n’est certes pas la première occurrence de cet auto-dénigrement que s’inflige en permanence Lovecraft, lui qui analyse si bien la prose des autres.

 Si les lettres à August Derleth sont souvent assez ennuyeuses, c’est qu’entièrement braquées sur les difficultés de publication : les 2 lettres à Derleth écrites en cours d’écriture d’Innsmouth font exception, parce qu’HPL n’y mentionne jamais le texte en cours d’écriture, et parle constamment de son rapport à l’écriture de fiction, notamment via Henry James et Algernon Blackwood.

 Le texte utilisé pour cette traduction est la version critique du Annotated Lovecraft, par Leslie S Clinger, Norton, 2015. On rappelle que la traduction française initiale du grand Jacques Papy a été rédigée d’après version abrégée et remaniée, complétée par autre traducteur pour l’édition Francis Lacassin (Bouquins) – on ne s’y réfère pas ici.

 

annexe | notes & lettres concernant Innsmouth


(en préparation)

 lettre à Robert Howard du 1er octobre 1931 : suis encore très réticent à traduire en les décontextualisant ces documents pourtant essentiels pour décortiquer la pensée identitaire de Lovecraft, le clavier pèse 3 tonnes à chaque mot. Mais j’en signale ici l’existence décisive, au moment même où il entreprend ce récit.

 lettre à August Derleth du 14 novembre 1931 : apparemment en pleine écriture d’Innsmouth, une balise où HPL dit son rapport à la notion de mystère dans une histoire, revenant en particulier sur le Tour d’écrou de Henry James.

 lettre à Donald Wandrei du 27 novembre 1931, exceptionnelle parce que directement écrite en cours de rédaction du récit, alors que Wandrei est à cette période son ami le plus proche, compensant l’éloignement de ceux de New York (avec lui qu’il se rendra à Newburyport, donc sur les lieux du récit que connaît Wandrei, en septembre suivant). C’est dans cette lettre qu’il parle des « brouillons écartés » (discarded drafts) qui nous sont parvenus.

 lettre à August Derleth, 10 décembre 1931. Noter que des 3 lettres écrites pendant la rédaction d’Innsmouth, HPL ne mentionne jamais le texte en cours d’écriture. À nouveau lettre centrale sur son rapport à l’invention de récit, sur les notions de phénomène, d’auto-hypnose, sélection mémorielle, occultisme. Première mention d’Innsmouth (« Non, je ne compte pas le proposer à la publication »).

 lettre à August Derleth, 23 décembre 1931 : réponse point par point et défense après lecture du manuscrit d’Innsmouth par Derleth, sur notion d’expérimentation et rôle des preuves scientifiques.

 lettre à Robert Howard (extrait, éclipse à Newburyport), 1er octobre 1932.

 lettre à Robert Bloch du 9 mai 1933 (sur décadence Newburyport).

 lettre à Robert Bloch, fin mai 1933

Innsmouth, comme je vous l’ai dit l’autre jour, est une exagération de Newburyport. Oui, quelque chose m’a toujours diaboliquement fasciné dans les types de décadence qui surviennent dans les lieux d’eau stagnantes, ou anciennes ou négligées. La réversion vers des formes primitives inspire toujours la terreur, et cette terreur s’amplifie et redouble si cela concerne quelque chose de tout proche et relié à sa propre civilisation. La décadence comporte toujours de la répulsion, alors que les caractères primitifs non. Une tribu africaine peut nous induire de la répulsion, mais ne sera jamais horrible, alors qu’une communauté américaine régressant d’un état de civilisation à celui de cette tribu africaine est infiniment horrible.

Les soulignements sont ceux de HPL.

 lettre à Barlow du 4 juin 1936 (about Innsmouth proofs) – noter que la première lettre à Barlow date de décembre 1931, et que dans le récapitulatif de ses manuscrits inédits qui en est le prétexte, il ne mentionne pas Innsmouth, s’arrête à Mountains of madness.

 lettre à James Morton de février 1937, rédigée au Butler Hospital et non envoyée, sur la déception à l’édition fautive et massacrée.

Newburyport, à l’époque de Lovecraft


maisons, bâtiments...



à Innsmouth, les volets aux étages des grandes maisons Washington Street restent clos – celle-ci à Ipswich

le temple maçonnique de Springfield, Massachusetts, modèle direct de celui d’Innsmouth, reconverti en Ordre de Dagon ?

Plum Island


curiosité secondaire du récit : alors que les lieux réels sont toujours soigneusement transcrits, lorsque le bus quitte Newportbury pour Innsmouth, alors que les îles et rochers côtiers (comme Devil Reef) fourmillent entre Magnolia et Gloucester ou Ipswich, c’est cette île située plus au sud vers New London qu’aperçoit le narrateur.

usines, chutes et ponts


sources réelles, passé enfui


Cleveland, la ville de Samuel Loveman, Hart Crane et George Kirk joue un grand rôle dans la vie de Lovecraft, son seul voyage dans l’intérieur des USA et non sur la côte Est ou le Vermont et la Floride. Mais il n’y est allé qu’une fois, et ne s’est pas éloigné de Cleveland. Pourtant, l’université Oberlin, à Toledo, ou le sanatorium-asile Molly Stark de Canton sont bien réels. Aujourd’hui abandonné, il fait le bonheur des photographes.

 

notes & annexes


[1After leaving Haverhill Wednesday morning, I returned to Newburyport via West Newbury, giving this ancient town of "Lord" Timothy Dexter a final survey. I then took the train for Ipswich, where I thoroughly explored the ancient Whipple House, built in 1640, and housing one Une of my ancestry. Obtaining transportation to Essex I there took a ’bus for Gloucester, which I reached in the afternoon. Registering at the Y.M.C.A. I purchased a guide-book and proceeded to explore the town much more thoroughly than on my former visit five years ago.6 This time I left nothing unseen, in-cluding the fine 1896 church, the stately old mansion on Middle Street, the hidden graveyard on Church Street, [and] a fine panorama view from Governor’s Hill. The perennial colour and atmosphère of the waterfront, where the last of New England’s maritime still survives, [. . .] The next day I devoted to interiors, notably the fine Sargent-Murray-Gilman House (1768) and the ancient Ellery House (1704), and a side trip to quaint Rockport, where old Main St. stretches beside the sea. On the final day I visited the Riggs House, oldest on Cape Ann—at Annisquam, and explored the cliffs of Magnolia, overlooking Norman’s Woe, and containing the celebrated Rafe’s Chasm. At noon I proceeded southwest through picturesque Manchester and bustling Beverly to Salem, where I steeped myself in the usual quota of historical sights. Then crossing by trolley to Marblehead I devoted the glorious sunset hours to that finest of colonial survivais, imbibing the spirit of Georgian antiquity to its fullest extent. In the evening I returned to Providence by way of Lynn and Boston, reaching home at midnight, after exactly two weeks of scenic and antiquarian travelling. The trip, as a whole, exceeded ail others I have taken in general pleasure and picturesque-ness, and will surely be difficult to improve upon in future years.


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1ère mise en ligne 12 décembre 2017 et dernière modification le 10 octobre 2022
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