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2023.02.20 | plasticité de la ferraille

Quand le petit garage artisanal, de père en fils, a fermé, c’était un continent de petites sensations d’enfance qui disparaissaient aussi. Je crois qu’on le savait réciproquement. Derrière, dans le grand champ planqué derrière les lotissements, il y avait de toujours cette réserve : voitures accidentées que l’assurance refuse de prendre en charge, reprises de ragnagnas pour un véhicule vendu... Mais le garage a fermé. Ce matin le cadenas était encore en place, mais le grillage à côté avait été enlevé (j’ai refermé en partant, comme j’ai pu). On s’imagine que ce serait facile à photographier, avec cette soudaine lumière de printemps qui réveille, mais les éclats inégaux des tôles prouvent que non : revenir un matin, à l’aube et lumière plus blafarde ? Mais la démarche ici est plus celle du passant, on documente selon l’arbitraire des pas, on a toujours l’appareil avec soi parce que d’autres projets s’annoncent en mai, et qu’il faut des gammes, des gammes, des gammes. Ça va devenir quoi, maintenant que le petit garage a fermé (et si le portail démonté appelle à tous envahissements, il semble que ça ait commencé) ? Les ronces et les racines ont déjà commencé leur travail. Choisille espace naturel sensible. On reconnaît encore des noms, des marques, comme s’ils seraient les derniers à disparaître. Une question d’enfance je vous dis.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 février 2023
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