Caroline Proust et Julie Pilod, en action
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Cela fait un peu moins d'une semaine qu'on se retrouve ensemble tous les jours à la table, qu'on décortique le texte. Si de 14h à 21h les actrices sont là, moi mon travail c'est plutôt le matin, retrouver ce qu'indiquaient leurs voix, les rythmes, cette magie de la tension théâtrale, de l'ellipse, pour laisser tomber ce qui du texte n'en relève pas, et accompagner de répliques neuves là où on sent que le théâtre appelle. La matière, ces licenciements arbitraires et le gâchis qui en résulte, est suffisamment riche. On a beaucoup pensé, avec Charles Tordjman, aux "Lehrstück" de Brecht: et si on tournait à farce d'être la banque, la bourse et le grand commis d'état ? Et comment relier au très simple récit de la visite à la tombe de celle qui s'est suicidée ? Aucun remords à avoir intuitivement basé la distribution sur quatre filles. C'est composer pour un quatuor à cordes, toutes les combinaisons, changements de registre sont possibles, et on reste à distance du théâtre de personnages...

L'idée est proche d'un dessin du vénéré Tadeusz Kantor: espace éclaté sur le vaste plateau de la Manufacture, réservant plusieurs espaces de circulation et de jeu, mais les spectateurs disposés eux-mêmes dans cet espace, pour une petite jauge (200 ?). Vincent Tordjman, notre scénographe, a disposé très arbitrairement, pour un premier essai, ces blocs d'espace et quelques accessoires François Bon,s. A 14h30, ce mardi 16 septembre, nous l'investissons, sans témoin (avec Charles Tordjman et moi-même, il y a Yedwart Ingey, dramaturge, et Dominique Petit, qui nous a mitonné un vidéo-projecteur en plein centre de l'espace scénique, et des enceintes disposées sous les accessoires. Pour moi, moment aussi étrange que doit l'être le lancement d'un navire. Je ne suis plus maître de mes feuilles. Désormais, tout ça est à elles. Il y a à raboter, muscler, réorganiser, mais les mots se sont appropriés l'espace, parfois avec l'impression que les actrices aussi obéissent au mystère. Début d'un nouveau voyage.

avec (de gauche à droite!) Caroline Proust, Julie Pilod, Samira Sedira et Christine Brücher
que je remercie évidemment

Daewoo : chantier d'écriture, visite d'usine etc...