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les Médicis retour François Bon, journal images
c'était en septembre 1984, j'étais arrivé depuis Marseille par le train de nuit, je m'étais fait piquer au passage mes papiers et mes sous par des Américaines descendues à Pise (sympa, elles m'avaient laissé mes lunettes de myope, dans ma pochette remplie de papier toilette "buon viaggio" jetée par terre dans le compartiment, m'avaient laissé aussi mon Pléiade Montaigne, je me revois arrivant avec Montaigne à la main pour tout bagage!) - j'avais publié 2 ans plus tôt mon 1er livre, et accumulé plus de 400 pages d'un gros manuscrit, dont Jérôme Lindon n'avait pas voulu dans l'état, mais qui éclaterait dans plusieurs des livres publiés ensuite, dont "L'Enterrement" - des amitiés fortes, et qui restent, celles d'architectes, de musiciens, de plasticiens et chacun tenait à initier l'autre à ses valeurs plus secrètes, à ce qu'il faut évacuer de séduction pour se concentrer sur plus difficile (Scelsi découvert via Suzanne Giraud, Scarpa grâce à Bernard Desmoulins, et les équipées sculptures avec Frédéric Bleuet, la table ouverte des Peaucelle) - beaucoup de voyages aussi, au hasard des trains, une chambre solitaire en bout de parc, avec une terrasse hantée par les chats faméliques du Pincio - un peu de blues électrique avec le graveur Jacques Muron (nos discussions sur Keith Richards, il me faudra 18 ans pour les concrétiser!) - Fellini qui parfois se promenait dans le parc, Balthus aux mains tremblantes qui passait nous saluer, et dans le creux de l'après-midi, la tête un peu tournante des lectures ou des pages, s'immerger dans la ville au-dessous, visiter une énième fois tel Caravage, attendre le soir dans l'île du Tibre ou le Trastevere... comme tous ceux qui ont traversé la villa Médicis (je suis resté un an, jusqu'en septembre 1985 où je publierais "Limite", écrit là-bas), c'est évidemment une marque considérable, même si tue, même silencieuse, dans un parcours de vie - la Villa a changé, moins de pensionnaires, et dans la cour des luxueuses soirées Total Vodka ou des défilés de mode pour amortir - mais quand même une magie qui vous reprend comme si on mettait exactement ses pas dans les traces d'il y a bientôt 20 ans - |
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