Nancy, écriture au collège Claude Le Lorrain

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je vois un immeuble grand qui vole dans le ciel

au collège Claude Le Lorrain, dans la cité du haut du Lièvre, au-dessus de la ville, une classe est réservée aux élèves qui viennent d'arriver en France, sans connaître la langue - ils sont Kurdes, Tchetchènes, Algériens, mêlés à d'autres élèves de Segpa - leur enseignante de français, Geneviève Colin, a mis en place, en partenariat avec le Centre dramatique national (la Manufacture), un atelier théâtre qu'anime Michel Mayen - on a rajouté au pari de les faire cette année travailler sur leurs propres textes, et c'est ainsi qu'on est là, chaque vendredi de 8h à 10h... aujourd'hui, troisième séance, on a voulu entrer dans l'univers du rêve – est-ce cela qui a provoqué une soudaine tombée de neige sur Nancy ? merci à Michel Biedinger, proviseur, et son équipe

je réve de sauter par la fenêtre, je remonter épuis je resauter
je révé q'il y avait une inondation jusqu'au cinquième étage de mon immeuble


un jour, les animeaux ils ont ma peure. le lion, j'ai peure de lion. j'ai cour, il vient deriere moi, j'ai peure - je dors je vois par la fenetre une petite fille, elle pleure coeur. je vais a cote de elle, j'ai dit quouar tu pleur, elle dit: parce que ma mère et mon père a partie, je suis toute seule je réve

plaisir de toujours aux ateliers d'écriture, voir chacun s'installer son nid, la façon physique de reconstruire la séparation du temps qui sera la rencontre avec soi-même... le temps s'étire, jusqu'au moment où se rassemblera en cercle pour la lecture

on a parlé longtemps, en début de séance, des phases du sommeil, des rêves récurrents, de la formation du cerveau, des apprentissages du bébé - on a attiré leur attention sur les typologies du rêve, et c'est cela qu'on explore, plutôt que le récit d'un seul rêve: chacun en produira trois, quatre ou cinq, qui sont d'abord des manières différentes de rêver - du coup, ce qui est fascinant, c'est de découvrir vingt-deux manières narratives différentes d'aborder le rêve – sur cela on pourra rebondir –

J'ai vu des amies, qui sont parti à l'autre ville. J'ai vu, que j'été avec eux. Et en fait, je me suis vu, que je dors, et j'ai les dis, que ils ont vite me ranconté tous ce qu'ils ont fait, parce que je peux se reveiller.
le texte le plus étonnant est peut-être ce texte de Karina, jeune Tchetchène arrivée en septembre (sans parler français) : elle se voit en rêve partir avec des amis dans "l'autre ville" - parce qu'elle se sait dormir, elle prévient ses amis que celle qui est avec eux rêve et dort, alors les amis, dans le rêve, lui racontent ce qu'ils font – ainsi peut-elle se réveiller: dans cette autre ville? quand on se dédouble dans le rêve, on ne sait pas forcément de quel côté on se réveille...

l'appareil photo-numérique fait partie du paysage, à la fin de la séance on télécharge tout sur le Mac et GraphicConverter projette les images en diaporama alétaoire, toujours une petite fête... le samedi 22 mars, 160 élèves d'une douzaine d'établissements investiront la totalité du Centre national dramatique, loges, foyer, salle de répétition, bar, escaliers, grand plateau, pour des prestations poésie, dans le cadre du Printemps des Poètes

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