roman maison #04 | sols avec murs, 22 fois

D’abord un appel : on est encore en phase de préparation et d’attaque pour cette exploration à partir de La vie mode d’emploi, prévue pour se développer en quatorze étapes. Avec cette quatrième proposition, pour la première fois on va prendre une vue d’ensemble de ce lieu, source réelle ou fictionnelle, vers lequel vous a poussé votre intuition — qu’il soit dépositaire d’une énigme que le récit seul révélera.

Donc bienvenue si c’est via cette proposition #04 que vous vous joignez à l’exploration, et aucun problème à enchaîner les trois précédentes, dans l’ordre ou pas (c’est quand même mieux dans l’ordre !) comme un seul ensemble d’écriture.

C’est maintenant qu’on va densifier l’expérience : la #01, une suite de personnages, saisis dans le lieu sans façade, à un instant donné ; la #02, un personnage extérieur, sans attache au lieu mais, le temps de sa présence, celle du lieu qui lève à l’arrière-plan ; la #03, une ou des cuisines, pas de personnages, et, si vous cherchez à l’occurrence « cuisine » dans votre version numérique de La vie mode d’emploi, vous verrez combien c’est pour Perec un outil récurrent.

Et c’est ainsi que j’ai procédé pour cette #04, avec une découverte singulière. Je repensais à cette proposition d’écriture avec sols dans le cycle Pousser la langue, été 2019. J’ai donc entré dans ma version Word de La vie mode d’emploi la recherche espace-sol-espace, et ont émergé, chaque fois dans l’incipit même de 22 des 99 chapitres, une occurrence du mot sol. La découverte : que chaque fois il était associé à un syntagme sur les murs, chaque fois la pièce saisie uniquement par le sol et les murs, avant que le récit ne s’ébranle.

Vingt-deux fois quelque chose comme :

Vingt-deux fois donc le sol avec les murs, en amont du récit qui se prépare. Et le il y a de Perec, pas d’hésitation à s’en servir si ça vous facilite.

La curieuse impression alors, dans cette figure du puzzle si centrale pour La vie mode d’emploi, et qu’on va garder pour notre propre approche, que vingt-deux fois, dans le lieu que vous avez choisi, réel ou fictionnel (le curseur va sans cesse s’y promener entre les deux extrêmes), lieux d’habitation collectif, tour ou lotissement, hameau ou rue, mais aussi lieux à vocation public, bibliothèque ou collège voilà des exemples immédiats, mais la complexité d’une entreprise ou d’un commerce (ô César Birotteau), d’une galerie commerciale, ou des open spaces comme ceux de France Telecom dans les livres de Thierry Beinstingel, cette construction « 3 D » à nous encore inaccessible va se révéler (j’insiste très fort, dans la vidéo, sur la métaphore du révélateur dans la traditionnelle photographie argentique), depuis des points séparés mais répartis dans tout l’espace et la complexité fonctionnelle du lieu assigné (assigné par vous à l’écriture), par des ensembles brefs — et oui, on peut aller jusqu’à vingt-deux, c’est la fatigue qui extorque à l’écriture ses possibles — associant un sol, des murs.

On essaye ?

Et sérieusement convaincu qu’on arrive à la première inflexion de ce parcours, et que le livre de Perec sera vraiment pour nous une réserve inépuisable de ces possibles.