le cycle été 2024 de Tiers Livre
– sommaire général et présentation du cycle été 2024 (plus inscriptions) ;
– la page unique Patreon avec récap des consignes écrites et téléchargements fiches d’appui (ou via lettre mail dédiée pour les participant·e·s non abonné·e·s) ;
– l’ensemble des participant·e·s à ce cycle reçoit directement par lettre mail dédiée les nouvelles propositions, le journal de bord, et les fiches d’appui ;
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#37 | Ransmayr, atlas de nous inquiets
Parce que, tout simplement, ces deux mots dans le titre : atlas d’une part, inquiet de l’autre...
Et, en prologue, une réflexion sur les histoires : « les histoires n’arrivent pas, elles se racontent ».
Et pour nous, en cette spirale ultime de nos 40 jours, un enjeu considérable pour l’expansion du travail fait : les histoires ne s’inventent pas, elles se retrouvent.
Retour biographique sur l’autrichien Christoph Ransmayr, né en 1954 : en 1988, le succès commercial d’un livre certes pas le premier, Le dernier des mondes, lui permet d’entreprendre un tour du monde de plusieurs années. Quand il publie en 2012 cet Atlas d’un homme inquiet (la traduction de Bernard Kreiss est de 2015), il ne s’agit surtout pas d’un récit de voyage ou d’une compilation autobiographique de ce tour du monde.
Mais, en 70 chapitres en général de 6 à 8 pages, partir d’une image rémanente liée à l’ensemble de ces lieux. Et, par la réminiscence même induite par le lieu, retrouver cette histoire à raconter, liée à un personnage, une situation, une panne, un événement, les 70 points de départ seront différents.
Différents, sauf : sauf l’incipit. Retour sur ce Dieu vit, et cela était bon de la vieille Bible : dans l’original, chacun des 70 chapitres commence par ce « ich sah », d’un « ich-erzähler », un « je narrateur » que rien ne rattache à l’auteur, par la vertu biblique de la formule, qui dépasse donc toute instance de témoignage ou de souvenir.
Pas le choix pour Bernard Kreiss : « JE VIS », renforcé en petites majuscules par la typo pour rattraper l’écart de sonorité, et aussitôt, mais rigidement, cette image de départ. Un « détail » à la façon Daniel Arasse. Une scène, un paysage, un visage. Et puis, au bout de l’image, la transition discrète mais tout aussi raide vers l’histoire elle-même, comme si sa fin aussi était contenue dans l’image.
Grand livre, certainement. Et, pour l’extrait à télécharger, six de ces débuts en triptyques je vis + image + lancement histoire. Mais c’est seulement du principe, de l’idée formelle que nous allons nous appuyer.
Et qu’on n’en est plus, à cette étape de notre cycle, dans l’empilement des propositions : on va devoir les faire avancer toutes ensemble.
Programme pour aujourd’hui : trois de ces triptyques je vis + image + lancement histoire. Programme pour demain : première rédaction de la #38 à venir, et on rajoutera un triptyque à la #37. Programme pour après-demain : première rédaction de la #39 à venir, nouveau triptyque à la #37, et un complément à la #38 à venir. Bien sûr, dimanche, fin ouverte avec la #40 : mais vous pourrez encore grossir en spirale tout aussi ouverte les #37, #38 et #39. On va, toutes et tous ensemble, conjurer l’idée que ce cycle se termine — vous êtes d’accord ?
Difficile, de trouver ou retrouver des « histoires » qui méritent qu’on les raconte ? Ce n’est pas en elles-mêmes, qu’est le mérite, mais qu’elles puissent se développer sur un tout petit rien. Et pour cela, bien sûr suivre ce baromètre de l’inquiétude (le ängstlich allemand est même plus fort).
Ça ne suffit pas à régler la difficulté ? C’est là où cette belle idée de Christoph Ransmayr va nous servir d’appui : on ignore l’éloignement du temps (ça, on y revient dès demain dans la #39), mais on convoque nos propres situations dans l’espace. Vous n’avez pas fait le tour du monde ? Ransmayr nous y invite cependant : « ça commence tout à côté ».
On convoque une suite discontinue de lieux précis, trois pour aujourd’hui, et un demain plus un après-demain, et c’est en visualisant (l’image ou le paysage ou la scène qui suit le je vis), qu’on gratte un peu : elle était où, l’inquiétude ? Et c’est fait, plus qu’à suivre.
Ce n’est pas la tête qui va dépister l’histoire, c’est de sauter de lieu (donc, indépendamment du temps proche ou lointain), et de capter l’image, la plus rémanente. L’inquiétude ne sera jamais loin, sinon pourquoi y serions-nous allés ?
Et construire l’histoire exhaustivement (voir le dernier passage dans le doc à télécharger, le chariot du soir dans l’hôpital psychiatrique) ? Se souvenir qu’il y a consacré des années. Nous, l’histoire, on l’ébauche, on en propose juste le thème, le noeud — et à vous ensuite de suivre, si le filon vous semble en mériter l’effort.
Et imaginez, comme Ransmayr nous en propose 70, qu’à nous toutes et tous on en invente 250, de ces triptyques je vis + image + histoire : ça ne nous en ferait pas un à nous aussi, de beau livre ?
Et si c’était cela aussi, dans ce cycle, qui nous avait permis d’aller plus loin que dans ce cycle très beau, pourtant, il y a deux ans, sous l’emblème Faire un livre : en arriver là maintenant à des simulations de livres, en s’enveloppant du manteau des autres, pour le trouver devant nous, comme impératif, et comme juste monument à dévoiler, le plus personnel de nos livres...
1ère mise en ligne et dernière modification le 1er août 2024
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