#40jours #36 | Novarina, Kermann, aux morts

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

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#40 jours #36 | Novarina, Kermann, aux morts


Les rituels funéraires sont au coeur de nos processus civilisationnels, ils scandent aussi les récits mythologiques, Bible comprise, et une partie de la littérature : on peut recenser les récits d’enterrement, mais c’est aussi les oraisons de Bossuet, invocation directe aux morts.

Dans les Villes invisibles d’Italo Calvino, la série Villes des morts est une des scansions, avec les villes verticales, les villes circulaires, les villes et le désir, les villes et le regard. J’en lis une dans la vidéo (la IV).

Mais je vous propose conjointement deux livres singuliers, presque contemporains.

Dans son Discours aux animaux, un des narrateurs non définis de Valère Novarina traverse un grand cimetière urbain, lis et réinvente les épigraphes, et s’adresse directement aux morts que cette épitaphe recouvre.

Dans sa La mastication des morts, Patrick Kermann revient dans le cimetière de son village d’enfance, où chaque nom résonne, où chaque allusion est une histoire. Dans ce livre qu’on est quelques-uns à considérer comme culte, ce sont les morts eux-mêmes qui prononcent, mais quoi ? leur éloge ? il serait faux. Leur portrait ? Il est déformé, lacunaire. Parfois une protestation. Parfois un simple aphotegme. Parfois à la première personne, parfois leur biographie emballée de façon plus neutre.

Deux démarches donc sans vraie intersection, sinon l’enracinement d’abord théâtral des deux auteurs.

Alors, surtout, ne pas se placer dans une logique de choix.

On n’a pas chacun·e des pistes à foison : le point commun, c’est la traversée d’un cimetière, voire la traversée du cimetière. Et on sait bien lequel compte, à traverser. Qu’importe qu’il soit loin dans le souvenir, qu’importe qu’il soit gigantesque ou minuscule, qu’importe qu’il soit neutre ou anonyme.

Et, une fois le cimetière reconnu, une fois la traversée commencée, peut-être n’y aurait-il qu’à écouter. Les écouter eux, les morts.

Alors, que ce soit nous qui les apostrophions (le chemin Novarina), ou bien que ce soit eux qui nous parlent (le chemin Kermann), l’exercice a déjà commencé.

Agréable, pas agréable : le grand rire fraternel qui résonne et chez Novarina et chez Kermann le conjure, et nous rassure. De toute façon, dans un cycle avec 40 pistes d’écriture vers ou dans la ville, ils étaient là forcément, les morts.

Bonnes écritures.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 17 juillet 2022
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