#40jours #28 | Emmanuelle Pireyre s’achète un pull

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

 

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#40 jours #28 | Emmanuelle Pireyre s’achète un pull


Tourner, tourner autour du personnage. Continuer la fabrique du personnage en sculptant ses interactions avec le monde qui l’entoure.

Puis, cette part de réel que le personnage appelle et fait émerger, l’appréhender tout aussi bien dans ses strates visibles qu’invisibles. Ce qui concerne l’argent, la symbolique sociale dans les représentations, les strates souterraines liées à publicité, consommation, exhibition de soi. L’empire des signes, pour reprendre le titre avec double sens de Roland Barthes, est sorti de son territoire initial et traverse le nôtre.

Respect général (comme sa féerie) à Emmanuelle Pireyre pour avoir construit son parcours dans cette part précise de comment faire surgir la part individuelle, voire de ses décortiquer soi-même, dans ce point de rencontres de tant de tensions, symboliques, représentations.

Concours des maisons fleuries, débat sur les barbecues, la thèse du n’importe quel paquet de semoule, psychanalyse à l’école, l’imaginaire du propriétaire, la vie en aéroport, arrêtez d’être gentils, ou « la dépression c’est un truc génial mais bon, dans l’ensemble c’est quand même embêtant », on a souvent simplifié la donne en disant qu’Emmanuelle Pireyre développait toutes les possibles ramifications de l’écriture « non-fiction », ou « écriture documentaire » mais non : ce qu’elle développe c’est l’approche de l’individualité, la narration générale des hommes, à travers l’ensemble hétérogène et disjoint de ces tenseurs symboliques que doit traverser chaque geste s’il veut se fonder comme libre.

Aussi, si bien sûr je mets à votre disposition ces quelques pages extraites de Comment faire disparaître la Terre (Seuil, 2006), c’est moins son traitement dans ces pages faussement analytiques que je voudrais mettre en avant, que la symbolique de l’objet choisi.

Et donc rien que le verbe : acheter. Et le décortiquer dans le plus symbolique de ce qu’il représente, à la fois la symbolique de l’objet, la production du désir dans la ville, la matérialité de comment l’objet se présente et s’offre dans la ville, enfin la suite continue qui, pour le personnage, mènera à ce fait élémentaire de ramener l’objet chez soi (rapporter, pas ramener, corrigerait Jérôme Lindon).

Objet gros, petit, cher, pas cher, à crédit ou sans contact, en quel lieu, quelles paroles, quelles composantes pour le choix, tout cela peut sembler bien trivial — mais si justement c’était à ce prix, pour un personnage tel que déjà s’en multiplient les ébauches dans vos textes, qu’on pouvait toucher un peu de matérialité concrète arrachée au réel pour la lui conférer ?

Et bien sûr ça s’applique aux ventes en ligne et livreur qui sonne à votre porte, ou aux marchands de voyages et vacances, comme aux nouvelles officines de CBD.

Encore une fois, il suffit de pousser une porte pourtant d’apparence bien banale, pour se trouver immédiatement en terrain bien singulier du récit littéraire.

Alors bonnes écritures.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 8 juillet 2022
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