#40jours #15 | Tarkos #4, c’est quoi

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

 

 abonné·e·s : accès direct sur Patreon avec documents d’appui –- et note à l’ensemble des inscrits : merci prévenir si compte auteur pas mis en place sur le WordPress, ou présence dans sommaire auteurs etc, ou si souhait lettre d’info parallèle au message Patreon ;

 inscriptions ouvertes : via le Patreon (niveau 3, atelier) ou directement via la librairie du site ;

 l’inscription est nécessaire pour : accès privilégié aux propositions, aux documents complémentaires et fiches ressources, accès à la plateforme de publication collective et aux Zooms hebdo et leurs archives — on peut s’inscrire à tout moment, mais... ne tardez pas trop !

 pièce jointe : extrait de Le kilo de Tarkos, p 494, « C’est quoi » (plus Oratorio pour celles·ceux qui voudraient ajouter la #14bis !)

 lire les contributions à l’exercice et publier la vôtre.

 retour sommaire général de la série ;

 

#40 jours #15 | Tarkos #4, c’est quoi


Si on va, tout à la fin de Le kilo (POL, 2022), aux sources des textes, on obtient le plus souvent des indications de dossiers, chemises de feuilles manuscrites ou imprimées classées ensemble, ou bien à des indications de fichiers d’ordinateur, comme ici SAC6WRI, qui ne nous en apprennent pas beaucoup mais délivrent pourtant une information des plus essentielles : on n’a pas affaire aux travaux achevés, mais à tout un ensemble de travaux en cours, d’ébauches, de tentatives, de rédaction entreprises pour soi-même...

D’où aussi que vous trouviez ci-dessous en pièce jointe le fragment Oratorio et que vous présente sous forme de bonus track la proposition qui devait initialement être la #15 : parce que, par exemple, Christophe Tarkos dédie ce texte amorcé à une chanteuse, Françoise Atlan, et donc écrit pour la voix d’un·e autre, invente entre lui et le texte le personnage fictif qui dit cet oratorio, l’adresse depuis la scène. Et quel thème : je ne suis pas tranquille, ou comment l’ensemble des micro-perceptions du réel, auditives notamment, se chargent de l’intranquillité intérieure, dans une distension du temps où tout pourtant est immobile. Si je vous laisse avec cette proposition surnuméraire et son texte d’appui, c’est qu’elle empiétait trop sur ce qui sera notre proposition #16. À vous d’aller y voir, mais seulement à condition que ça ne casse pas votre propre rythme dans ce cycle, en tout cas la vidéo est ici.

Mais aussi parce qu’il y a ce C’est quoi. Les éditeurs de Le kilo nous fournissent la date d’écriture : le 26 octobre 1994 (dans la vidéo, je dis le 24, je rectifie donc ici). Deux grosses pages denses : 704 mots, 3490 caractères espaces compris.

Ces précisions parce qu’on va aussi, dans les jours à venir, travailler sur la longueur, sur le comment faire naître et développer.

Pourquoi ce texte, d’ailleurs dans la même sale d’écriture que celui sur lequel on vient de travailler, D’une couleur, est-il si étonnant ?

D’une part parce qu’à aucun moment il ne partage avec nous l’objet, le spectacle ou le fait qui le provoque. Que la ville nous happe en permanence, sans même que nous ayons besoin d’en appeler à la curiosité, par ce qui révolte, lasse, énerve, mais aussi surprend, étonne, chacun·e peut retrouver dans son expérience immédiate — pas besoin d’extraordinaire, remontez seulement les derniers jours écoulés — ce qui peut provoquer ce c’est quoi.

Ensuite, Tarkos ressasse : texte sans ponctuation, répétitions poussées jusqu’à la boucle, au hiatus, déconstruisant la syntaxe, et toujours ce qui est montré à distance mais dont on n’avouera jamais le contenu.

Ce bégaiement, pour moi, il est cet instant où nous déplions même ce qui reste l’amont du langage. Bégaiement en attendant que les mots viennent. Bégaiement instant majeur : l’appel au langage (dans ce qui stupéfie, étonne, révolte) dans l’immédiat avant de ce qui va devenir langage, profération, accusation, consolation.

Alors à nous, 1 de trier et choisir, dans l’ordinaire de la ville, et notre propre confrontation la plus récente à la ville, à quel moment il y a eu en nous ce c’est quoi, cet étonnement muet avant même la reconnaissance, ou la prise à partie.

Avez-vous à proximité le Comment c’est de Samuel Beckett (1961) ? Suite obsessive et récurrente de brefs paragraphes retournant sans cesse le même thème, la même question — même si plutôt corps, parole, que la ville. Cette façon de tenir la langue dans le remuement des éléments qui définissent plutôt la syntaxe, et non ce qu’elle nomme. Tarkos le relisait-il quand lui sont venues ces deux pages ? Même pas besoin probablement de l’hypothèse, mais c’est un bel appui intérieur pour nous.

Ne vous dispensez pas de la lecture des 704 mots de Tarkos, le 26 octobre 1994, mâchez-les à haute voix si vous pouvez.

J’insiste : avec ces exercices, on était dans la mécanique, le solfège, la forme. Patience, demain on ré-élargit le cercle de nouveau. Alors jouez à fond le bégaiement, tâchez de savoir ce qui fatigue en vous le premier : le mental, l’ouïe, la main ?

Et bonnes écritures !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 24 juin 2022
merci aux 225 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page