dialogue #04 | Marguerite Duras, voix dans le noir

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dialogue #04 | Marguerite Duras, voix dans le noir


Cette vidéo propose :

 on part d’une relecture, détachée, formelle, de L’homme Atlantique de Marguerite Duras, texte bref, dont la lecture par elle-même dure 38’ — à titre exceptionnel, je n’en propose pas d’extrait (vous pouvez quand même lire les premières pages ici, mais dans le Patreon du site, une version intégrale du film, le dernier qu’elle ait réalisé (1981) ;

 provocation, l’écran noir ? non, tout est là : écoute-t-on autrement la voix, lorsque même le locuteur n’est pas visible, qu’il n’y a rien autour de nous qu’obscurité, que rien du réel n’est perceptible que sa nuit ?

 ce qui vous revient (et toujours dans l’alternative des précédents exercices : situation prolongeant le cycle « de l’autobiographie comme fiction », la situation est prise à un moment d’intensité autobiographique, où vous êtes l’un.e des protagonistes, comme le tente Marguerite Duras en photographiant Yann Andrea plutôt que choisissant un acteur pour le rôle, ou situation s’insérant dans un projet personnel comme on a pu le développer dans « outils du roman » ou « écrire un livre », auquel cas les 2 protagonistes sont des personnages de votre projet fictionnel en cours ;

 mais aussitôt un dépli, une asymétrie : si le protagoniste prononce une parole, ne serait-ce que poser une question (c’est le cas chez Duras), cette intervention est accueillie par le discours indirect, le ressassement intérieur du narrateur ou de la narratrice qui est à l’origine de la voix narrative (concept qu’avait développé autrefois Maurice Blanchot) ;

 dépli, asymétrie : des paroles sont prononcées à voix haute, à l’intention directe du protagoniste, d’autres paroles ne sont pas prononcées, mais s’adressent cependant au protagoniste — le texte est fait de ce qu’on dit et ce qu’on ne dit pas, liés par une frontière impalpable, poreuse, chez Duras indéterminable (mais elle nous force, à chaque répétition, à nous poser la question :

Vous oublierez.
Vous oublierez.

Qui est le vous, auquel des deux (soi-même ou l’autre) s’adresse-t-il ? Est-ce une parole dite par le protagoniste et qu’on se répète intérieurement (ou qu’on répète tout court) pour la ruminer, en prendre acte, ou bien une parole venue (et adressée) dans le sein du monologue intérieur et qu’on réitère cette fois à voix haute ? Est-ce que l’art de Duras dans L’homme atlantique n’est pas de nous forcer à nous en poser la question à chaque syntagme, et que l’espace des réponses possibles démultiplie le rapport au présent des mots, ces mots si simples ?

 en tout cas, nous l’exercice s’intitule « voix dans le noir », donc la trouver, cette situation de deux protagonistes dans l’obscurité (une voiture roulant dans la nuit aussi bien que l’obscurité vraie ou fausse d’un cinéma, d’un appartement clos...) ;

 et que ce qui compte, c’est cette frontière, et la rendre impalpable, entre ce qu’on dit à voix perceptible, haute ou basse, criée ou chuchotée, au protagoniste, et ce qu’on lui adresse mais qu’on garde pour soi, reproche ou désir ou...

Et c’est à vous d’écrire, sûr qu’on est de nouveau dans un chemin neuf, et que ce sera magnifique. Surtout, prenez le temps de ces 38 minutes dans l’écoute de ce texte, ses variations de temps (on commence au futur, on finira au passé, il y aura beaucoup de présent, des impératifs aussi... le vous n’est pas obligatoire mais quel défi de s’y risquer une fois...


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 15 mai 2022
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