transversales #05 | rituels, manies, promenade avec Jean-Philippe Toussaint

l’atelier hebdo de Tiers Livre, série « transversales » sur la gestation amont de l’écriture


 

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transversales #05 | rituels, manies, promenade avec Jean-Philippe Toussaint


Jean-Philippe Toussaint publie simultanément deux livres : chez Minuit, L’instant où Manet pousse la porte de l’atelier, et nous nous le sommes approprié dans notre cycle Vers un écrire/film en proposant — voir ici l’exercice — de franchir nous aussi 9 fois une porte ou un seuil, chaque fois en changeant de prisme d’approche.

Pour C’est vous l’écrivain, dans une série proposée par les éditions Le Robert (le dictionnaire), Toussaint ouvre son propre atelier, ce qu’on fait nous ici-même : les paramètres mêmes de son invention littéraire, y compris relire, corriger, publier.

Il revient dans une première partie sur son propre accès à la publication, un livre (« Échecs ») qui restera inédit — ô tiroirs — mais lui servira (c’est son mot) de « matrice », l’écriture de La salle de bains et la rencontre avec Jérôme Lindon.

La troisième partie reviendra à son rapport personnel à la construction et l’évolution de son oeuvre (comme moi, quarante ans au compteur, on se sent un peu drôle...).

Et c’est la deuxième partie que je souhaits proposer ici, en reprenant ce mot de « matrice », comme territoire de notre atelier hebdo. Donc en reprenant le fil intermittent de cette série Transversales sur la gestation de l’écriture, l’amont du récit.

Je ne retiens pas l’ensemble de la marche extrêmement précise que propose Toussaint dans cette littérale géographie de la mise en écriture — par exemple, son passage sur la construction du narrateur, sa pratique de la documentation, la suite de ses ordinateurs puis enfin sa bibliothèque incluant description plus qu’inconventionnelle de ses pratiques de lecteur.

Mais je vous propose de reprendre, en s’y astreignant, la série des 8 autres sous-chapitres de cette deuxième partie.

Pas forcément besoin de rédiger beaucoup, mais cartographier, inventorier, et s’y tenir, même quitte à des notes brutes, à l’infinitif ou nominales. Non pas un texte sur une des 8 propositions, mais de se contraindre à 8 ébauches brèves qui les rejoignent dans leur intégralité, quitte ensuite à les développer, laisser le texte s’amplifier (large extrait dans les docs joints à l’adresse habituelle) mais toujours sur ces 8 thèmes indissociablement :

 le bureau symbolique : ce que nomme ainsi Toussaint c’est la table, la chaise et la lampe, donc le meuble mais aussi l’espace, la pièce qui le contient : la fenêtre, l’emplacement...

 la carte de l’écriture : on s’installe où (lui, c’est Ostende ou la Corse) pour ces moments d’intensité dans la quête du livre ;

 le temps de l’écriture : matin, soir, nuit, durées ?

 la promenade : la marche et la décantation mentale, le ne pas penser, et ce qui se prépare intérieurement pour le lendemain ;

 la mise en route : ce qui la produit, la petite bascule qui rend possible l’entrée dans le travail ;

 les rituels : il nous dit les siens... qu’est-ce qui les différencie des manies ?

 et son post-scriptum concernant les dictionnaires : l’usage des bassins de dictionnaire en réseau par exemple (ou : ce que le TLF a changé de nos usages...).

Et ne pas hésiter à voir cette vidéo de Madeleine Santandrea, sa compagne, sur ces rituels d’aménagement de bureau provisoire, éviction des objets, promenades et temps circonscrit, en 2007 à Ostende.

J’insiste, peut-être pas assez, sur le fait que cette bibliothèque concernant la part matérielle de l’écriture tient une place spécifique dans nos bibliothèques personnelles : il y aura toujours le grand texte Écrire de Marguerite Duras, ou le Une part de ma vie de Bernard-Marie Koltès pour nous aider.

Je reparle aussi de ce texte que j’ai souvent utilisé en atelier d’écriture : Notes concernant les objets sur ma table de travail dans le Penser/classer de Georges Perec — aussi bien Franz Kafka que Claude Simon utilisent la pièce où ils écrivent, dessinée, puis décrite, comme première transition vers l’écriture narrative ou autonome... La différence c’est que Perec s’en tient à l’espace horizontal de la table, sa délimitation, ou l’ajout de la paroi verticale qui vous fait face, là où Toussaint installe ce réaménagement permanent d’un bureau mobile, puis y inclut la temporalité, enfin la transition de cette mise en route, et, avec son promenade, le temps hors table, mais inclus dans cette période de rédaction...

Assez pour qu’on aille y voir de près, solidifier une nouvelle fois, pour chacun.e d’entre nous, la mise en auto-réflexivité des pratiques, pour mieux s’y livrer en liberté, dans le hors mur de l’écriture.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 27 mars 2022
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