47 | de cet espace modulable vu en rêve

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Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La rédaction ni la publication ne sont chronologiques, restent principalement textuelles, et la proposition de lecture s’appuie principalement sur la navigation par mots-clés depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

47 | de cet espace modulable vu en rêve


La liste des souvenirs, tenue indépendamment de l’avancée de ce texte, grossit ou s’alourdit : mais avance plus lentement, ou bien naissent des familles, des situations récurrentes qui rendront inutile qu’ici on les passe en revue l’une après l’autre exhaustivement, mieux vaudra faire résonner en chacune ce qu’elle emporte de ses cousines, mais depuis plusieurs jours c’est une autre image que tu cherches, sans parvenir à la localiser précisément, même si se concentrer sur sa quête a déjà fait naître une suite de souvenirs précis venus grossir la liste — tu es dans une immense salle, c’est même trop grand pour qu’on parle de salle, plutôt un très large espace intérieur, presque plutôt un hall d’usine et là dans un coin, mais peut-être tout l’espace, de longues tables avec des chaises nombreuses, légères : c’est parce que les chaises sont légères que tu commences à comprendre que tu es dans un rêve, ou bien que ce que tu croyais examiner en tant que réminiscence d’un moment particulier, même si peut-être récurrent, c’est le souvenir d’un rêve lui aussi récurrent peut-être, et venu se juxtaposer aux véritables réminiscences, lacunaires et lentement émergentes, comme un de ces carrés de plastique qu’on faisait glisser parmi les autres dans les anciens jeux de taquin — ce n’est pas forcément un espace clos, là-bas il pourrait y avoir une grande baie vitrée donnant (tu ne sais pas, tu cherches, à tâtons tu cherches) sur les terrains nus et gris d’un aéroport, avec ville au loin, ou même pourquoi pas la mer, ce qui est sûr : plus tu te concentres sur ces sensations, plus tu appelles de souvenirs distincts, mais dont aucun ne viendrait coïncider exactement avec ce qu’au-dedans tu vois : toi tu es là depuis un bon bout de temps, tu ne t’ennuies pas, tu n’as pas chaud ni froid, devant toi sur la table (plutôt Formica, plutôt nuance bleue, peut-être un mince rebord d’aluminium incurvé sur la tranche et aux angles) la façon dont un livre, une tasse, un carnet ou l’ordinateur portable, quand même depuis si longtemps maintenant, refont entre tes deux mains et tes coudes une maison, une véritable maison si l’important c’est que l’espace ainsi défini, même minimum, inclue cette possibilité de durée, alors où état-ce ce lieu trop immense, tu te vois (peut-être un plateau dans les mains avec un café une viennoiserie, la sensation précise et ancienne de ton sac en bandoulière sur l’épaule repoussé en arrière) pour chercher un coin isolé, peut-être quand même si possible proche de la baie vitrée (sur aéroport ou sur mer, tu ne sais pas encore), mais plus tu marches plus l’espace se distend, c’est encore des tables et des tables, toutes les mêmes, tu n’es pas seul puisqu’ici et là des silhouettes solitaires ou bien des couples mais tu cherches un coin, un emplacement qui soit à l’écart des places qu’ils et elles ont déjà prises, sauf que justement les silhouettes comme les tables à mesure que tu avances se déplient, se multiplient, c’était où dis c’était où ?

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 11 janvier 2022
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