12 | au Mercure Sapporo

tags : Japon, Sapporo, 2016


Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et devenu assez massif, mais non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La rédaction ni la publication ne sont chronologiques, restent principalement textuelles, et la proposition de lecture s’appuie principalement sur la navigation par mots-clés depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

12 | au Mercure Sapporo


Ne pas se laisser happer par le singulier ou le lointain, le trop vite vu, le en passant et la confiance pourtant dans ces immersions arbitraires et toutes vives comme un tissu que tu sors du seau à teinture, prendre une carte du monde et y planter les épingles c’est si pauvre en fait, si pauvre ce que tu as parcouru du monde et les possibilités d’année en année se restreignent, as-tu perdu du temps ou pas, tu regardais quoi au-dessus de ton clavier, tu aurais pu aller où, ouvrir quoi, décider d’autre façon : c’était seulement deux nuits à Sapporo et jamais, mais jamais tu n’étais allé si au nord, la ville gardait bien peu de ce que tu aimais du Japon, ses grandes rues droites et ses bâtiments raides, un gris du ciment comme un gris dans le ciel, mais tu étais logé tout en haut de l’hôtel Mercure avec vue depuis ce huitième sur toute la ville et comment elle s’allumait au soir, avec des publicités géantes de crabes se détachant sur le ciel, au matin sortant de l’ascenseur pour un petit-déj (tu trouverais bien ton café habituel) ces centaines de Chinois dans leur langue si différente : ville qui servait aux achats, ville livrée aux achats qu’on leur préparait et tant qu’à faire autant manger pour la journée, tu les voyais jouer des coudes avec les plateaux pyramidaux et ça effrayait un peu, vraiment, tu avais compris pourquoi le Mercure finalement ça ne les dérangeait pas tant que ça d’allouer à l’Alliance française toute modeste une de ses suites à l’étage pour leurs hôtes provisoires, sponsoring qui ne sponsorisait pas plus que toi et le soir avec tes hôtes c’est dans une curieuse ruelle de cabanes étroites en bois (le Japon te revenait à la figure), sur des tabourets devant une planche, qu’ils t’avaient proposé la spécialité locale même si là tu ne t’en souviens pas, ta mémoire des goûts et plats aussi délavée ou évanescente que ce problème pour se souvenir des visages : quand tu pourrais presque réciter par cœur, à cinq ans de distance, les textes écrits lors de cette séance de travail avec les apprenants de français, leurs motivations plus liées au commerce du vin ou à l’aéronautique, mais tant mieux.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 4 janvier 2022
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