49 | Trouville, les Roches Noires

tags : Normandie, Trouville, 2004, Marguerite Duras


Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et devenu assez massif, mais non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La rédaction ni la publication ne sont chronologiques, restent principalement textuelles, et la proposition de lecture s’appuie principalement sur la navigation par mots-clés depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

49. Trouville, les Roches Noires


Pourquoi en prolongement direct, mais comme par opposition ce sont les Roches Noires à Trouville qui me reviennent, voir cette maison sur plage, ancien hôtel désormais loti par appartements mais silhouette restée noire et austère, comme posée là dans le sable sans vouloir aucun contact avec les voisins, et donc que les fenêtres de Marguerite Duras (la fenêtre de L’homme Atlantique ou de L’été 80) c’était celle-ci et longtemps tu regardes la fenêtre pour chercher à comprendre ce que voyait la fenêtre, qui est ce que disent les livres mais ce qu’ils inventent et n’est pas ce que voit la fenêtre, ensuite on avait marché jusqu’au centre-ville, souvenir d’une place en rond-point avec un casino mais pas la prétention mufle et snobe de Deauville en face, la rivière et le pont qui les séparent une sorte de distinction comme autrefois à Berlin le mur et on était sur la plage aussi, la plage de Duras à cent mètres des Roches Noires mais sous pluie battante et vent, personne sur la plage sinon une silhouette contemplative comme dans le début de L’amour de Duras la silhouette au loin sur la plage, contemplative, les parasols devant la terrasse repliés comme des moignons de manches à balai, les gouttes d’eau qui ruissellent sur les parois de plexiglas sous la toile au-dessus de nos têtes qui bat, bat violemment, bat par à-coups en rafale et des gens fument parce que dans ces espaces ni intérieurs ni extérieurs, avec des résistances rouges de chauffage impuissant juste au-dessus des tables, fumer est toléré, se souvenir d’un chocolat fumant, se souvenir de n’avoir rien vu d’autre que cette tempête d’automne, ou d’hiver mal fini mais que c’était quand même la plage de Duras et celle des ces livres dont tu ne te sépares pas, La mer écrite par exemple mais il n’y a pas de description de tempête, de terrasses courants d’air, de ces chauffages à résistance gaspilleuse et du claquement et de la pluie dans La mer écrite du moins je ne crois pas.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 8 janvier 2022
merci aux 116 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page