je veux quand même garder ça dans un coin du site
Ce n’est pas une histoire de confinement mais quand même : ce mois de mai 2010, il y a donc exactement 10 ans, mes tâches à l’UdeM (création littéraire université de Montréal) et à Laval (création littéraire université Laval de Québec) s’étaient terminées, mais notre fille devait aller jusqu’au bout de l’année scolaire — c’était l’explosion du printemps à Québec, de longues marches dans les zones portuaires ou ce qui nous restait à explorer de la ville, mais aussi de longues heures dans l’appartement rue Saint-Joseph, dans un temps suspendu entre comprendre les répercussions profondes de cette année américaine, et l’organisation du retour proche.
En tout cas, c’est ce dont je me souviens. Et aussi que c’étaient les premières semaines où, retour de Boston, Narragansett et Providence, je m’étais mis à traduire Lovecraft. La reprise aussi d’un ensemble de textes (dont certains déjà sur YouTube) qui formeraient plus tard Formes d’une guerre. Je les avais rassemblés dans un manuscrit intitulé Rue Saint-Joseph que j’avais envoyé je crois bien à Verdier, mais après leur refus je n’avais pas insisté, jeu qui serait dangereux à terme (intérioriser la méfiance des éditeurs) jusqu’à la création de ma propre collection.
C’était toujours le soir, fin d’après-midi de cinq à sept, moment où la ville gronde, tourne le dos aux passagers provisoires que nous étions. J’avais cette petite basse rouge Yamaha (mon généreux frangin Jacques Bon me l’a échangé il y a deux ans pour une Avenger blanche meilleure, mais que j’utilise peu).
La basse ? C’est Kasper Toeplitz qui m’a fait découvrir ses infinies possibilités, mais je ne voudrais pas l’engager par rapport à ce que j’en avais fait ! Disons que j’écoutais beaucoup Jah Wobble...
L’idée c’était d’enregistrer, sinon un disque, une maquette de disque, reprendre chaque impro aussi souvent qu’il le faudrait, chacune remplaçant la précédente, sur une suite définie de titres (perspectives, cercles, angoisse etc.), sans overdub, juste la basse branchée sur le Mac portable via Live Ableton, au casque.
Au bout de deux mois, ça donnait ça. Et, au retour du Québec, ça n’a jamais plus bougé. Je ne serais même plus capable de le refaire.
Mais j’entends ces six semaines étranges, dans l’appartement donnant sur le port de Québec (on y est retourné au printemps dernier), quand je me rejoue ces impros toutes bancales et maladroites, qui ne sont jamais devenues un disque.
Comme c’est pile il y a dix ans, les voilà.
FB, 22 avril 20220.
PS : je me souviens qu’Alexandra Saemmer m’en avait emprunté une comme fond d’une de ses performances, immensément fier j’étais !
Amérique 17G, projet pour un disque de bass solo
– folksong
– soir 245
– cercle
– folksong (vocals)
– nuit 26
– ressac 2
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1ère mise en ligne et dernière modification le 22 avril 2020
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