H.P. Lovecraft | L’ombre qui prit Innsmouth, §184

un récit essentiel de H.P. Lovecraft, en présentation bilingue


présentation et début _ précédent _ suivant

For out of an opened door in the Gilman House a large crowd of doubtful shapes was pouring — lanterns bobbing in the darkness, and horrible croaking voices exchanging low cries in what was certainly not English. The figures moved uncertainly, and I realised to my relief that they did not know where I had gone ; but for all that they sent a shiver of horror through my frame. Their features were indistinguishable, but their crouching, shambling gait was abominably repellent. And worst of all, I perceived that one figure was strangely robed, and unmistakably surmounted by a tall tiara of a design altogether too familiar. As the figures spread throughout the courtyard, I felt my fears increase. Suppose I could find no egress from this building on the street side ? The fishy odour was detestable, and I wondered I could stand it without fainting. Again groping toward the street, I opened a door off the hall and came upon an empty room with closely shuttered but sashless windows. Fumbling in the rays of my flashlight, I found I could open the shutters ; and in another moment had climbed outside and was carefully closing the aperture in its original manner.


Parce que depuis une porte ouverte de l’hôtel Gilman s’écoulait une large foule de formes imprécises – des lanternes ondulant dans le noir, et d’horribles voix croassantes, échangeant des cris graves dans ce qui n’était certainement pas de l’anglais. Les créatures se déplaçaient au jugé, et je compris, pour me rassurer, qu’elles ne savaient pas où j’étais parti ; mais je perçus dans tout mon corps comme un frisson d’horreur. Leurs traits étaient indiscernables, mais leur démarche erratique et comme accroupie était abominablement répugnante. Et le pire de tout, je devinai qu’une des silhouettes étaient étrangement vêtue, et incontestablement surmontée d’une haute tiare au dessin trop familier. Tandis que les formes envahissaient la cour, ma peur augmenta. À supposer que je ne puisse trouver dans ce bâtiment une issue donnant sur la rue ? L’odeur de poisson était insupportable, et je me demandais combien de temps je pourrais rester sans m’évanouir. Revenant côté rue, je trouvai dans l’entrepôt une porte ouverte sur une pièce vide, fermement condamnée mais dont les châssis des fenêtres étaient brisées. Tâtonnant avec l’aide de ma lampe électrique, je m’aperçus que je pouvais ouvrir les volets ; en une seconde j’étais dehors et refermai soigneusement l’ouverture dans l’état où je l’avais trouvée.

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 1er janvier 2018
merci aux 101 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page