H.P. Lovecraft | L’ombre qui prit Innsmouth, §75

un récit essentiel de H.P. Lovecraft, en présentation bilingue


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Re-crossing the gorge on the Main Street bridge, I struck a region of utter desertion which somehow made me shudder. Collapsing huddles of gambrel roofs formed a jagged and fantastic skyline, above which rose the ghoulish, decapitated steeple of an ancient church. Some houses along Main Street were tenanted, but most were tightly boarded up. Down unpaved side streets I saw the black, gaping windows of deserted hovels, many of which leaned at perilous and incredible angles through the sinking of part of the foundations. Those windows stared so spectrally that it took courage to turn eastward toward the waterfront. Certainly, the terror of a deserted house swells in geometrical rather than arithmetical progression as houses multiply to form a city of stark desolation. The sight of such endless avenues of fishy-eyed vacancy and death, and the thought of such linked infinities of black, brooding compartments given over to cobwebs and memories and the conqueror worm, start up vestigial fears and aversions that not even the stoutest philosophy can disperse.


Retraversant la gorge sur le pont principal, j’entrai dans une zone complètement inhabitée qui me fit frissonner. Les saillies et amas de toits effondrés par paquets formaient un décor fantastique, et le clocher décapité et morbide d’une ancienne église en transperçait le skyline. Sur Main Street quelques maisons étaient occupées, mais la plupart étaient fermement condamnées. En contrebas des rues dépavées j’apercevais les fenêtres noires et béantes de taudis désertés, la plupart d’entre eux penchant selon des angles périlleux ou incroyables sur les fondations qui sombraient. Ces fenêtres semblaient si spectrales qu’il fallait du courage pour prendre à gauche vers le rivage. La terreur provenant d’une maison abandonnée croît en progression géométrique quand ces maisons se multiplient pour former une cité de noire désolation. La vue de telles avenues sans fin, leurs yeux globuleux de poisson disant le vide et la mort, et la pensée de telles infinités reliées par les sombres couvaisons de toiles d’araignées et de vers conquérants déclenchait des vestiges de peurs et d’aversions que même la plus résolue des philosophies n’aurait su dissoudre.

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 24 décembre 2017
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