H.P. Lovecraft | Ténèbre sur Innsmouth, §41

un récit essentiel de H.P. Lovecraft, présentation bilingue


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When the driver came out of the store I looked at him more carefully and tried to determine the source of my evil impression. He was a thin, stoop-shouldered man not much under six feet tall, dressed in shabby blue civilian clothes and wearing a frayed grey golf cap. His age was perhaps thirty-five, but the odd, deep creases in the sides of his neck made him seem older when one did not study his dull, expressionless face. He had a narrow head, bulging, watery blue eyes that seemed never to wink, a flat nose, a receding forehead and chin, and singularly undeveloped ears. His long, thick lip and coarse-pored, greyish cheeks seemed almost beardless except for some sparse yellow hairs that straggled and curled in irregular patches ; and in places the surface seemed queerly irregular, as if peeling from some cutaneous disease. His hands were large and heavily veined, and had a very unusual greyish-blue tinge. The fingers were strikingly short in proportion to the rest of the structure, and seemed to have a tendency to curl closely into the huge palm. As he walked toward the bus I observed his peculiarly shambling gait and saw that his feet were inordinately immense. The more I studied them the more I wondered how he could buy any shoes to fit them.


Quand le chauffeur ressortit du magasin, je pus l’observer plus attentivement, et tenter de déterminer d’où provenait mon impression. C’était un homme mince, aux épaules voûtées, sans doute pas loin d’un mètre quatre-vingts, habillé d’un costume bleu ordinaire miteux sous une casquette de golf grisâtre effilochée. Il avait dans les trente-cinq ans, mais son visage morne et dépourvu d’expression, comme les pliures bizarres et profondes sur le côté de son cou le faisaient paraître plus vieux. Une tête étroite et renflée, des yeux bleus d’une protubérance aqueuse et qui ne semblaient jamais ciller, un nez plat, le front et le menton fuyants, enfin des oreilles singulièrement amoindries. Ses lèvres longues et épaisses, ses joues grisâtres et rugueuses semblaient imberbes, sinon quelques rares pilosités jaunâtres qui s’enroulaient en dessins irréguliers ; et par endroits la peau semblait bizarrement écailleuse, comme pelant à cause d’une maladie cutanée. Des mains épaisses, lourdement veinées, d’une teinte gris-bleu inhabituelle. Des doigts propotionnellement trop courts en proportion, comparés au reste du corps, avec une tendance à s’enfoncer dans sa large paume. Il revenait vers le bus, j’observais sa manière bizarre de chalouper et pensai que ses pieds étaient vraiment trop grands. Plus je les regardais, plus je m’étonnais qu’il trouve des chaussures qui lui conviennent.

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1ère mise en ligne et dernière modification le 17 décembre 2017
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