Alice Popieul | la chaise à soucis & autres textes

un livre qui surprend dans le paysage : découvrir "Un élastique dans le dos" d’Alice Popieul, ça ravigote et plus



lectures à la lampe de poche, série – 10, 7’43

Quel étonnement. Six chapitres, mais qui sont autant de brefs livres autonomes qu’on aurait rassemblés, et seulement s’en vont chacun à la suite un peu plus vers l’intérieur. Et chacun des 6 chapitres lui-même fait de fragments, et c’est cette diffraction à deux étages qui fascine quand on entre dans le prisme. Enfin non, parce que l’étonnement ne passerait pas si ce n’était pas la phrase elle-même qui bousculait : cette proximité à la présence même du monde, table ou chaise, visage et puis non, le visage est parti. Phrase complexe, susceptible même d’une sorte de philosophie pratique, mais qui la désamorce à mesure qu’elle vient, rapportant une citation de Rousseau (et Rousseau tout le temps) qui n’en demandait pas tant, ou intitulant la partie la plus directement philosophique (mais non, ce sont des dialogues, des micro-scènes de vie) Nietzsche pute Nietzsche soumise rien que ça. Mention particulière au chapitre précédent, le 3 : Inceste de citations. Interprétez comme vous voulez – mais quiconque lit – je dis bien lit ne tiquera pas à cette idée d’inceste. Quelle bibliothèque sommes-nous donc, au dedans ? Lève un étrange cabinet de curiosité, citant des auteurs aussi remarquables et remarqués que Debbie Stabilo (L’effroi des tentatives d’ombilectomie, 1967), Romain Altange (La Folie dans la boîte de Pétri, 1957), Thelma Jonestrüp (Vivre avec un mort, 1887), ou Pascale Prefat (La parfaire perforation, 1947) – chaque fois un extrait consistant, ça va de deux lignes à une demi-page, et qui fonctionne comme histoire entière. Quand je vous dis que ce n’est pas ordinaire. Je me suis permis, l’auteur lirait certainement bien différemment, de choisir 3 fragments-fiction pris au 1er chapitre, respectivement intitulés La chaise à soucis puis Chez moi, encore, toujours la même rue et Ce que je vais vous dire ici est vrai. Ils ne sont pas dans cet ordre dans le livre. Cette façon d’être dans les choses, et de les décaler du réel par la proximité de cette énonciation même, c’est ce qui m’avait frappé, il y a bien longtemps, dans le Pour Marxus de Gwenaëlle Stubbe, et c’est ce que je respecte au premier chef dans l’écriture de cette grande inventeuse qu’est Christine Jeanney (découvrir en ce moment son Journalier ou ses écoutes obliques). Peut-être est-ce dû au fait qu’Alice Popieul (son blog et son Facebook sous anagramme ci-dessous) soit ancrée dans les démarches plastiques, performances et vidéo ? C’est un de mes étudiants de Cergy, César Etienne-Langlade qui me l’a fait découvrir, mais il suffit de quelques phrases pour piger que ça vaut le coup de s’y immerger en entier – et, éventuellement, de le redire.


recevoir chez vous le livre lu

 le blog de l’auteur : Alice Popieul, inclut aussi des pastilles auto-filmées, et des vidéos comme la lecture de Un élastique dans le dos ci-dessous ;
 la suivre sur Facebook à l’anagramme Ecali Lupepoil :
 Un élastique dans le dos sur le site des éditions Moires ;
 photo haut de page : « salon », dessin © Alice Popieul ;

 


L'élastique dans le dos par Eleonore-poppy


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 22 mars 2015
merci aux 1386 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page