15.03.16 | de ce fossile de homard géant

l’anomalocaridide : interrogations sur un nouvel animal étrange et si familier – source Nature puis Guardian puis le Monde


1 _ COMPRESSION

Un premier article très savant dans Nature : ce qui est magique, c’est l’aventure que représentent ces découverts. Passant près d’un de ces fossiles, saurions-nous reconnaître ces traces, indépendamment même d’en remonter la piste vers l’animal qu’elles révèlent ? Ce qui nous est présenté après reconstruction virtuelle est donc à la fois inconnu et nouveau, crustacé géant arpentant lentement les mers et en filtrant l’eau pour le plancton comme les inoffensives baleines d’aujourd’hui. Mais c’est la disproportion de taille qui nous trouble : ce que nous sommes habitués à appréhender avec la main – la crevette, le homard –, le voici agrandi à notre propre échelle. Nous pourrions danser avec, dans le grand bal ralenti des rêves, ou comme la chenille de Henri Michaux dans Ma vie chez les insectes. C’est le quotidien, souvenir d’enfance des pêches, ou le voyage une fois à Moncton et la presqu’île de Halifax, qui soudain revient pour ce bal avec la bête. Et même pas moyen de trouver où se trouve, au Maroc, le versant Est du Jbel Tigzigzaouine, près de l’Oued Ezegzaou, où fut trouvé l’anomalocaridide : malheur de l’Internet, qui vous renvoie sur l’article où vous avez recopié ce nom [1].

 

2 _ RENVERSE

Il avait donc existé une lente crevette, un grand homard, plus grand que votre taille d’homme. Qu’étaient ces yeux quand ils vous regardaient, qu’était son cerveau quand il vous voyait ? Vous êtes familier de cette forme animale. David Foster Wallace a fait un très beau récit de cette fête du homard dans le Maine, où on les cuit par centaines, et qu’on vient en voiture de très loin pour ça. C’était il y a 480 millions d’années, mais il a suffit d’une trace fossile pour l’établir. Alors c’est notre histoire humaine aussi qu’on rétablit dans cette continuité : pourquoi n’aurions-nous pas existé tout pareil, à même date, puisque eux les anomalocaridides étaient pareils à ceux d’aujourd’hui, sinon la taille ? Ils n’arrêtent pas d’exhumer des fossiles, peut-être n’ont-ils pas encore trouvé mais qu’il existe, celui qui l’établira. C’est là qu’on commence à rêver : qu’était notre lent face à face, à l’époque, avec ces animaux, comme nous sommes en face à face avec ceux d’aujourd’hui ? Et nous-mêmes, alors, nagions-nous lentement dans les eaux chaudes, filtrant des gencives notre nourriture ? On avait pris des précautions : dans chaque ville on avait construit au moins une piscine (chercher près de chez vous « piscine municipale » pour trouver la plus proche, beaucoup de gens s’entraînent déjà). On ne savait plus rien du devenir de l’espèce humaine, mais on le savait avec un minimum de certitude : ce vieux savoir, il nous fallait le réapprendre. Cette découverte même le confirmait.

 

3 _ SOURCES


 NATURE

 GUARDIAN

 LE MONDE

[1Merci ) Karl de sa suggestion de rechercher ce lieu sur l’oued Draa, visitée sur Google Earth, cette région est effectivement plus qu’impressionnante et d’une ebauté majestueuse.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 mars 2015
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