fiction dans un paysage | protéger notre civilisation

les vieilles civilisations nous faisaient place, à nous de déterminer la trace que nous protègerions


Dans ce lieu précis, toutes les civilisations successives se superposaient, ainsi que leurs tombes à proximité.

Devant, la mer. Derrière, les montagnes. Au nord, dans les anciens marécages, la grande centrale, la raffinerie, les éoliennes. Au sud, la ville. La mer et la montagne ne changeaient pas. Ici, où on avait mis les tombes, on était en élévation, et tous ceux d’il y a longtemps s’y réfugiaient, avaient construit leurs tours, leurs maisons, leurs remparts, leurs temples.

Alors c’est ici qu’on avait réservé un espace abrité pour protéger notre civilisation. Bien sûr, peu de place : on devait partager avec les autres, il n’y avait pas à empiéter sur leurs vieilles traces.

On devrait choisir soigneusement ce qu’on déposerait, et qui supporterait l’assaut du temps, de la pierre ici inamovible.

Sous l’espace réservé et abrité, serait le dépôt de nous-mêmes, de nos villes, nos usines, nos guerres et nos troubles, nos rêves et nos défaites.

Pour ceux qui ici nous précédèrent, on apprenait tant à lire dans si peu de signes.

Le monde en ce moment était peu encourageant. De savoir qu’ici notre mémoire serait à l’abri et protégée pouvait nous aider à tenir.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 juillet 2014
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