Ensba, 2 : Proust

Beaux Arts Paris, cours littérature


Image un peu abstraite, mais c’est l’escalier derrière le petit amphi du Mûrier, puisque c’est de lui qu’il est question. Bizarre comm les vieilles vitres déglinguées déforment les géométries modernes, comme une vengeance par anticipation.

Habitude d’écrivain lecteur, ou pour ce qu’on partage avec les acteurs (actrices) au théâtre ? Avant le cours, besoin de se concentrer, de s’isoler. Je trouve cet escalier désert, qui monte à la cabine de projection, je m’assois sur les marches, et je photographie la fenêtre. Silence avant Proust : j’ai assez de mal à commencer ce qui sera une longue impro : métier à apprendre, que guider la parole.

On est donc un peu serrés, dans l’amphi du Mûrier. Mais décidément, l’autre, trop grand et ambiance salle des fêtes années 50 me glace : je serai loin des visages, je serai en deça des regards, il n’y aura plus cette bulle qui prélude au partage. Alors tant pis, je préfère qu’on reste ici, dans la petite boîte cubique presque verticale.

Chaque fois que j’entre à l’école, j’aime toujours autant l’irréalité de cette cour couverte, c’est aussi un bon endroit pour le mental. Les lumières d’hiver à travers les vitres de la médiathèque sont aussi un bon réconfort. Sur la table, je ne touche pas aux livres d’ici, juste je ressors encore mes Proust et mes notes. A noter que cette page est présente sur les écrans Intranet de la médiathèque, qu’on aperçoit sur l’image : alors c’est façon de multiplier les miroirs !

On sera 32 pour la phase 2, l’après cours : demande enregistrée. Comment travailler sur ses textes, dans la diversité de comment ils s’écrivent, se présentent. Ce qui m’a impressionné, c’est cette exigence, ou la solidité de ce recours à l’écriture : "Je ne pourrais pas dessiner sans écrire", "je ne pourrais pas être plasticien si je n’écrivais pas". Les premiers textes me parviennent, et n’hésitez pas à donner vos avis, vos remarques ci-dessous. On aura donc du matériau mardi prochain. Mais je crois qu’il faut quand même une dynamique à ce qu’on ouvre : on commencera par un exercice d’écriture. J’ai vraiment eu trop envie, mardi dernier.

Dans ce début du 20ème siècle, on en a parlé, de vraies fractures pour l’invention littéraire. Proust d’abord, j’ai cité aussi Faulkner et Kafka. A Kafka on consacrera très bientôt toute une séance.

Le chemin se construira à mesure qu’on avancera : mardi prochain ce sera Artaud.

Obligatoirement Artaud. Parce qu’il rajoute une pièce à la maison littérature, mais une pièce à l’endroit où tous ceux qui ont affaire aux mots passent et traversent.

Plus qu’une fracture : une liaison du langage et du mental. Pour celles et ceux qui veulent y aller voir auparavant, quelques liens et repères ici. Je vous conseille en particulier ce texte de fond de Bernard Noël : Artaud corps imposthume.

Là on est jeudi soir, j’ai sorti tous les bouquins sur ma table. D’ici mardi ça va être mon voyage à moi, mais déjà , avec des visages dans la tête, c’est un autre rapport.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 10 février 2005
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