Jacques Roubaud | pour un taratantara de taratantara

ou : ce qui se passe secrètement dans les rendez-vous de l’Oulipo



 à l’écoute : Jacques Roubaud, 10 premières minutes de son intervention à la réunion 630 de l’Oulipo.
lien pour écoute iPad

 

Mercredi 17 juillet, première soirée d’Écrivains en bord de mer à la Baule, avec Jacques Roubaud, lecture de son Ode à la ligne 29 des autobus parisiens, et je suivrai immédiatement – beau trac et trouille – avec une impro sur Marcel Proust et quelques questions à fleur de la Recherche – et il y a déjà Claro, présent aussi, qui en parle ce soir, alors je prends le relais pour Jacques Roubaud.

Parce que le grand plaisir de la Baule, et l’invitation de Brigitte et Bernard Martin (les éditeurs de Joca Seria, fondateurs de ce rendez-vous), c’est qu’on se retrouve, à son gré bien sûr, dès 11h, puis à 14h30 ou 18h, enfin la séance du soir, dans le même lieu, la chapelle Saint-Anne qui donne directement sur la mer, pour des débats, des rencontres, des lectures, où pendant 4 jours on se croise, s’écoute, discute. Plus le temps du midi et le buffet backstage.

Jacques Roubaud est un solitaire, et nous avons tous un tel respect pour l’homme et l’oeuvre que pas envie d’aller l’embêter, et puis il ne se laisserait pas faire. Mais comment imaginer, alors qu’il sera avec un autre oulipien – non moins que Harry Mathews – et qu’hommage sera rendu à Joe Brainard, à qui leur commensal Georges Perec a pris le dispositif des Je me souviens, que nous ne bénéficierons pas de ces moments qui font de Jacques ce qu’on nommerait au Japon un trésor national vivant, je le dis sérieusement et pas du tout en plaisantant.

J’en veux cette preuve : le lundi 22 avril, j’étais l’invité d’une des réunions mensuelles – la réunion 630 – de l’Oulipo, réservée à ses membres (chacun payant son écot de 15€, plus sa quote-part de ma propre invitation !). Paul Fournel m’avait demandé de parler de ce qui me liait à l’écriture numérique et au web.

Puis chacun est intervenu, création, critique, réflexion. Des 17 minutes que Jacques Roubaud a consacrées au taratantara, vous pourrez indiscrètement écouter ici les 10 premières. Il ne semble pas que l’Oulipo crée d’archives audio de ses séances. Mais bien sûr c’est repris ensuite dans leurs Cahiers.

Le taratantara ? En voilà un petit bout d’histoire via la Sorbonne. Le voilà tel qu’il apparut dans un vers de Virgile et fut depuis commenté. Mais on peut passer directement par l’inéluctable Poezibao.

Roubaud part de Virgile. Puis va vers Bonaventure des Périers. Il parlera aussi des Troubadours, de Chénier (Verlaine aussi a fait des taratantara), et se mettra à réciter ceux de Victor Hugo... Vous l’entendrez parler italien, espagnol...

Où sommes-nous, sinon dans le coeur rythmique de la langue ?

Démonstration d’un savoir reclus dans l’histoire de la langue ? Pas Roubaud. Le mathématicien, l’Oulipien, le marcheur, le poète, l’insomniaque ? Oui, il a déjà écrit des taratantara. Mais il n’en parlerait pas ce soir s’il n’avait pas eu l’idée d’un taratantara de taratantara, démonstration au carré, écriture de couleurs.

Et une petite attaque au passage contre le sculpteur Anish Kapoor qui veut privatiser le nom, ô copyright madness.

Avec les voix en arrière-fond et choeur de Michèle Audin, Hervé Le Tellier, Paul Fournel, Olivier Salon, Marcel Benabou, Frédéric Forte... Il n’était pas question de sortir magnéto ou appareil photo, et l’iPhone capte aussi les froissements de papier, les tirages imprimante sur lesquels Jacques avait distribué ses extraits...

Ci-dessus, une des plus belles photos de Roubaud que je connaisse, parmi celles d’Olivier Roller – allez voir !

 

 


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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 juillet 2013
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