#vasesco | Éric Dubois, l’écrivain dans la cité

« eu égard à notre humanité »


le mot
la frange de l’intime
l’absolu

 

La poésie d’Éric Dubois me retient par cette sorte d’âpreté qui la ramène sans cesse au réel, où cette frange de la grande ville et ses vies humbles sont la matière essentielle. Lire en particulier Mais qui lira le dernier poème ?.

Éric Dubois a son propre site, mais anime aussi la revue de poésie en ligne Le capital des mots.

Avec Éric, pour venir l’un et l’autre à la frontière de son domaine poésie et moi de ma prose, on a choisi d’établir notre camp sur le thème de l’écrivain dans la cité. Et ça m’a induit ce cut up Balzac qu’il a bien voulu accueillir ici : Je suis un écrivain de province.

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Et bien sûr au rendez-vous des vases pour le programme général.
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Dire que l’écrivain dans la cité est un porte-voix doublé d’un artiste du langage.

Dire qu’il a pour vertu et fonction d’être à la fois inventif et passeur. Dire qu’il transmet des idées, du langage et de l’art. Dire qu’il fait cela pour lui et pour tout le monde. Dire tout cela relève de l’évidence et du poncif.

L’écrivain est porteur de silence(s). Il dit plus encore que ce qu’il semble dire.

Les mots impliquent toujours le silence et les espaces entre eux sont des déserts infinis propres à la concentration, à la méditation , à presqu’un absolu a priori intraduisible. Le silence ponctue le langage qui est principe d’incertitude. Ce qui fait sens est bien au-delà de l’intelligible et du littéral. Ce qui fait sens sans cesse se transforme, se conçoit parfois dans l’erreur ou dans l’inexactitude.

L’écrivain ou le poète à l’identité parfois floue doit constamment avoir pour alibi le langage. Il est le tensiomètre de la langue qu’il use pour créer des récits ou produire des poèmes. Dans la narration, son propos doit tendre vers l’universel, bien au-delà du particulier, de l’imaginaire ou de l’anecdotique. Dans la poésie, c’est aussi vrai , les images, les symboles, les sonorités, tout aspire à quelque chose d’autre, qui est notre dénominateur commun, eu égard à notre humanité.

Mais narration et poésie ne se ressemblent pas pour autant. Même si pendant longtemps la poésie a été narrative, il n’en demeure pas moins qu’elle n’utilise pas toujours les mêmes outils et artifices. Elle jongle avec les abstractions, elle joue avec les modalités de la langue et du langage alors que la narration fait autre chose avec le récit, l’intrigue, les personnages, le temps, le lieu. Cependant, un récit parfois peut être poétique comme les nouvelles réunies sous le titre d’Incipit de Daniel Bourrion et un poème un véritable récit comme le roman en vers Chêne et chien de Raymond Queneau. Narration et poésie sont parfois ambivalentes. On fait une distinction cependant entre une nouvelle et un poème en prose. On accordera plus d’attention à la langue d’un poème qu’à la langue d’une nouvelle. Le langage fait toujours irruption dans un poème alors que dans le récit il est presque caché, sous-jacent. Cependant rien n’est moins sûr et l’écriture n’aime pas les définitions hâtives.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 juin 2013
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