Stones, 39 | l’âge de la baston, leçon néerlandaise

histoires vraies concernant les Rolling Stones, 39 – un légendaire moderne


L’histoire des Stones est faite de plusieurs histoires spécifiques, qui s’entrecroisent ou se recouvrent, mais où chacune dispose de sa propre relation au temps. Ainsi, l’histoire année par année de leur technique de scène, et de son contexte.

Pas de document filmé pour 1963, et beaucoup pour 1965. Et que le rapport à la foule, la façon d’imposer les chansons, n’a plus rien à voir en 1965 par rapport à 1964, faites l’enquête.

En 1966 (quand ils enregistrent Got Life If You Want It), le délire de cris, et la violence suscitée (à Blackpool par exemple) ne seront plus gérables, et comme les Beatles ils arrêteront, jusqu’au concert de Hyde Park en juillet 69 et la tournée américaine qui signera l’entrée dans la phase II.

Les concerts de 1964 ne finissent pas tous en carnage. Merveilleux document ce rare footage à l’Olympia de Paris en 1964 – regardez bien les filles qui crient, ce sont vos grand-tantes (mais il y avait aussi mon cher Jean-Marie Bénard). Et on mesure dans Around And Around la façon dont Keith désormais se libère. Quant à la guitare mando de Brian, je crois que je craquerais si j’en trouvais une sur eBay ou chez Manny’s à New York. C’est un des premiers concerts pour lequel on dispose de la bande son. Mick parlera en français : Cha’lie ne parle pas fwançais. Dis quelque chose, Cha’lie... – Hello.

Du point de vue technique, les amplis de Brian, Keith et Bill sont posés par terre en fond de scène. Un micro (ou deux ?) au-dessus de la batterie, et pas de retours. C’est l’époque où ils tentent de s’entendre comme ils peuvent par dessus le bruit de la foule, Watts se synchronisant parfois sur les doigts de Richards.

Scheveningen, le 8 août 1964, est une rupture. La mutation des moeurs a commencé. D’un côté il y a les notables, les gens à cravate, ceux de la politique, et toutes les hiérarchies. Avec eux sont les soldats et les flics, tous les uniformes. Et c’est ce qui craque. Et pour le faire craquer, on requiert un symbole : la danse, la musique, les amplis, être ensemble dans la transe, avec la provocation des cheveux longs, va autoriser un affrontement qui sera de taille à bousculer la totalité du reste. Les Rolling Stones, en fait, n’ont rien à voir avec ça. Leur musique n’est qu’un prétexte : On aurait pu jouer Popeye The Sailor Man ça aurait été pareil, grince Richards.

Mais Scheveningen est aussi une rupture (la scène des fauteuils cassés, des flics qui les évacuent, va devenir l’antienne permanente, avec sommet à Blackpool, les Écossais ça ne rigole pas), parce qu’une de ces lourdes caméras de télé sur pied tournant, grosse comme un frigidaire, a été placée dans les loges à jardin. Ce soir-là, à Scheveningen, tout sera filmé. La beauté nerveuse des Stones dans Oh Carol, mais les coups de pied des notables dans la figure des gamins devant. Le type tiré par les cheveux par un flic, penché à l’horizontale, extirpé vers les coulisses. Les bâtons qui sortent, les Stones qui s’amusent et Keith qui repasse devant les flics pour en remettre une couche. Les journalistes en plein milieu du bazar avec leurs gros appareils. Puis, le rideau tiré et les Stones évacués, et que les dossiers de fauteuil arrachés volent vers les flics, celui qui arrête son collègue au moment où il veut relancer. On dirait que le vieux monde assiste stupéfié à ce dont il est capable.

Ce 8 août, à Scheveningen, un cameraman décide de ne rien louper de ce qui se passe. Probablement qu’il a l’âge des Rolling Stones. Ou peut-être tout simplement qu’il a peur.

L’invention des Rolling Stones se fait par la télévision. En voici un élément de preuve.

 

L’ambiance, via Oh, Carol :

 

Le montage original présenté par les infos télévisées de l’époque :

 

Docu récent avec autres extraits images :

 

La bande-son :


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne 20 août 2012 et dernière modification le 18 octobre 2012
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