Stones, 15 | recherche renseignements sur entrepôt

50 histoires vraies concernant les Rolling Stones – un légendaire moderne


Ce qui me plaisait surtout, dans le projet de cet hiver, dont nous fûmes brusquement débarqué, mais qui, pendant quelques semaines, nous donné l’illusion d’être directement relié à l’iPad de Mick (il en est virtuose, il n’y a pas cette façon bégueule typiquement française de regarder avec méfiance le nouveau), hors la rédaction de ces histoires non pour mon site, mais pour un travail de commande dûment rémunéré, ce qui n’était pas rien à ma petite échelle, il y avait de façon subreptice mes fallacieux arguments comme quoi il me faudrait pour écrire – à la grâce de la riche maison Universal qui ne l’entendit pas –, un nécessaire voyage à Londres, et si possible une visite, sous toutes garanties de confidentialité bien sûr, de l’entrepôt des Rolling Stones.

Parce que je sais qu’il existe. Parce que je peux en gros le localiser sur les plans du grand Londres. Parce que j’ai même déjà arpenté ce quartier de fascinantes anciennes constructions industrielles (on dirait que Brooklyn en est né tout armé), avec la présence discrète et violente, grise, du fleuve. Mais il s’agit bien entendu d’un entrepôt banalisé. Je vois un quai à hauteur de l’arrière des camions, je vois un portail métallique de couleur plutôt rouge sombre ou vert d’eau ou gris clair, je vois les parois opaques, et à l’angle des murs ces caméras vidéo qui sont la plaie de Londres, avec le nom de l’entreprise de surveillance.

Il faudrait rester longtemps dans le quartier, attendre qu’un camion surgisse venu pour débarquer ou embarquer quelque chose, s’approcher au moment où coulisserait le portail et voir à quoi ressemble l’intérieur, approcher des gars méfiants avec une question idiote mais bien sûr ils ne se laisseraient pas prendre au piège, et bien sûr ce serait trop loin pour voir mais enfin, ces enfoncements, ces empilements, ces rayonnages, peut-être l’éclat d’un signe en pourpre ou mauve, ou l’odeur même si caractéristique des vieux amplis à lampe.

Je ne sais même pas s’ils y sont eux-mêmes venus, Mick ou Keith, je sais que Bill Wyman en parle et que c’est par lui qu’on a quelques éléments sur ce qu’il contient. C’était le domaine de Ian Stewart (Stu) ou des appariteurs divers d’un monde hiérarchisé et contrôlé à l’extrême. Je sais que les kilomètres de bande magnétique doivent être plutôt dans un autre lieu, mieux sécurisé, pourquoi pas une banque – mais ce n’est pas le genre de Keith (pourtant, après deux incendies, il ne doit rien stocker d’important à Redlands).

Il n’y a sans doute pas tout ce qu’on peut imaginer : les Rolling Stones sont une entreprise, on vend ce qu’on peut vendre, quand on n’en a plus usage. Keith a vendu des guitares à Mick Taylor, les consoles de son et autres matériels électriques à quoi cela servirait de les conserver.

Mais ces amplis Vox des premières années, qui étaient fournis par la maison elle-même (du sponsoring avant le mot), mais ces guitares qui témoignent d’une histoire particulière et qu’on ne mettrait pas aux enchères (pour l’instant) – ainsi la Firebird en V du concert Hyde Park ou la transparente de la tournée 1969, et les gadgets de scène, et les batteries qu’a usées Charlie Watts, parce qu’il avait beau toujours jouer sur la même Gretsch c’était le couteau dont on changeait la lame et le manche – et Charlie n’est pas quelqu’un à stocker ces utilités chez lui – avant que début des années 80 il passe à cette marque américaine... Ou les habits de scène, des pans entiers de cintres transbahutés de loge en loge, où Jagger et Mick et Ronnie puisaient au jugé, selon la météo et l’humeur, les couleurs et traînes de leur gloire ?

Il y a probablement des cartons de contrats, courriers, fiches de paye et archives écrites. Il y a les affiches, les flyers, les épreuves des pochettes de disques et leurs maquettes. Il y a peut-être de vrais trésors comme le mellotron, le xylophone ou le dulcimer de Brian (et même peut-être sa guitare mandoline, qui n’était pas chez lui à sa mort), ou de vieux orgues Hammond B3, et des tas de choses cassées ou hors d’usage, mais ce serait affreux qu’elles se retrouvent dans le circuit comme reliques...

Il y a probablement aussi des objets intermédiaires, ceux qui résultent des déménagements ou des brouilles – des meubles, des tiroirs, des téléviseurs et des tourne-disques, des radio-cassettes, tous ces machins dont ils se faisaient suivre de chambre en chambre parce qu’écouter en stéréo était aussi une gloire et un luxe.

Qu’on m’y emmène les yeux bandés comme le narrateur de La fille aux yeux d’or, que je ne puisse en retrouver l’endroit, mais qu’on me laisse juste dix minutes pour en faire brièvement le tour : je crois que je saurais identifier tout cela dans l’instant même que je le verrais, avec respect, et probablement même dépositaire d’une histoire et de questions qu’eux-mêmes, Mick, Keith, Charlie et Bill (puisque ce sont eux, les Rolling Stones, malgré le fait qu’ils qualifient aujourd’hui Bill Wyman de mate, et on pas de the band), ne se poseront jamais, et qui nous concernent.

Rolling Stones : du temps de la pub pour les amplis Vox, ils doivent être toujours dans l’entrepôt londonien

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 26 juillet 2012
merci aux 853 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page