autobiographie des objets | l’armoire aux livres (2)

retour sur les livres évoqués dans le livre


Bizarre de constater qu’il y a pile un an j’étais à rédiger ce texte qui serait une après fin de Autobiographie des objets, depuis devenu livre, et moi depuis sur un autre livre et pareillement en ce moment avoir à se bagarrer physiquement avec ces 100 billets sur Proust. Et que tant de choses ont changé depuis ce billet, dont je n’ai pas à parler mais qui minent en permanence, et notamment dans la conversation traditionnelle du dimanche matin au téléphone, ce matin encore. Et pas retourné à Damvix depuis.

 

La fin de cette Autobiographie des objets est un lent chemin vers l’armoire aux livres du grand-père maternel, et tenter de l’ouvrir à 40 ans de distance. Elle existe pourtant encore, au fond d’un grenier, et les deux étagères du bas gardent quelques-uns des livres que personne n’a jugé bon d’emporter. J’y ai retrouvé surtout (ils sont évoqués dans mon propre livre) ces Specimen envoyés par les maisons d’édition aux instituteurs. Dedans, des compilations ou anthologies, des fragments de récits dont on ne saurait pas la suite, des personnages surgis de pas plus loin que ce livre. Pour moi, ces anthologies pourtant bien sagement éducatives ont été un portail essentiel dans le chemin vers la lecture. Il y a aussi cette étiquette (on les calligraphiait et collait soi-même) au dos d’un Victor Hugo. Ou ce bandeau accolé par la libraire, la Veuve Floire à La-Roche-sur-Yon où le grand-père avait fait l’école normale d’instituteurs, avant de rejoindre directement le front de Verdun et son horreur, un carnet de poèmes dans la poche. Et ce curieux rabat avec publicité Mazda, curieux pour trois raisons : 1, que les livres servent de support matériel à une publicité de marque, discussion qui revient avec les livres électroniques, 2, parce que c’est la période où les tenants de la lecture traditionnelle protestaient contre l’ampoule électrique, à l’éclairage fixe et sans vie, quand d’après eux la lampe à huile et la bougie avaient toujours éclairé les pages de façon mobile et vivante. Amusez-vous à retrouver ces discussions dans les archives Gallica : les opposants actuels à la lecture sur tablette ou liseuse n’ont rien inventé dans la rhétorique ! Troisième raison enfin : la lampe, comme terminal et symbole de l’activité électrique, intervient également dans la mise en page graphique pour le livre (Pour vos yeux) que pour la radio (Pour vos oreilles)... La tranche des livres est restée noire, ce sont ceux qui ont survécu à l’incendie de 1965 (l’odeur est encore perceptible quand on les respire).

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne 17 avril 20 et dernière modification le 28 avril 2013
merci aux 2115 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page