la cave aux drones

zones protégées, zones interdites


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Après le siège de 1870, Paris s’entoure de forts, loin de la ville. Ils ont comme fonction de protéger la ville d’une intrusion extérieure, mais là, côté ouest, il n’y a pas d’intrusion à craindre : les forts ont aussi pour mission d’isoler une révolte de la ville.

Je suis descendu dans le labyrinthe de ces belles galeries de pierre, remontant lentement au sol par de longues pentes (il fallait y descendre munitions et matériels avec des chevaux) : il y en a plus deux kilomètres, ici, paraît-il.

Sur la vue aérienne, on devine le contour de l’ancien fort, traces plus sombres de végétation. Mais le grillage entoure plus loin et plus droit. Derrière le grillage, un chemin de ronde où les gardiens passent en voiture.

Aujourd’hui, je n’ai pas le droit de rentrer, mais j’ai décidé de faire lentement le tour par dehors.

Dans les documents de communication publics de l’établissement, on vous explique qu’ici on travaille sur la furtivité (coques et carlingues indétectables), sur le sillage des avions (économie d’énergie, et réduction du bruit), sur des accéléromètres miniaturisés dans une lame de quartz, mais aussi bien sur les drones, ces avions sans pilote et les tâches à quoi on peut les contraindre, les charges qu’ils emportent.

Ainsi, dans les bâtiments derrière le grillage invisibles, les notions de visible et d’invisible sont un champ essentiel de la recherche pratique.

Ainsi, sur les documents de communication publics de l’établissement, on vous montre ce champ qui semble banalement tendu de fils à linge. Antennes radar capables, utilisant la réfraction sur les basses couches de l’atmosphère, de tirer le portrait de l’ensemble des objets roulant et volant, même depuis la Lybie. De cet outil à rendre visible, qui annule même les tours de contrôle des aéroports (on vous expliquera ici que c’est beaucoup mieux, les avions sans pilote, si on veut un jour en finir avec les accidents d’avion), longeant par le dehors les grillages, on ne voit rien.

Certaines des constructions s’étagent entre les galeries souterraines des anciens forts et les constructions banales posées dans la forêt. Ici la fabrique des drones ? On surveille s’il en vole.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 14 avril 2012
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