de si le réseau fait mal à la littérature

réponse à une enquête du Magazine Littéraire


Merci à Clémentine Baron de m’associer à l’enquête qu’elle mène pour le Magazine Littéraire, concernant réseaux sociaux et littérature, à paraître fin avril.

FB

Image ci-dessus : ordinateurs dans la bibliothèque sans livre, Sciences Po Paris.

 

Vous qui êtes l’un des écrivains français les plus « connectés », comment expliquez-vous une telle attirance pour la vie virtuelle ?
Attention à l’erreur : dans le monde des connectés sont les écrivains du présent. Je n’ai aucune attirance pour la vie virtuelle. Le web et les réseaux sont un accroissement de ma vie matérielle.

Quelle utilisation faites-vous des réseaux sociaux ?
Comme tout le monde, twitter et facebook.

Faites-vous une distinction entre les différents réseaux (Facebook, Twitter, Myspace, ou encore Babelio spécialisé dans le livre) ?
Je ne me sers que des deux premiers. Heureusement, en arrivant à les distinguer ! (Tout d’ailleurs les distingue : pour twitter je me sers d’Echofon Pro, donc un petit coin d’écran hors du navigateur, mais disponible aussi sur mon iPhone ou mon iPad.)

Donnez-vous un sens littéraire à vos publications sur les réseaux ? Si non, pourquoi et si oui, lequel ?
La littérature est une construction rétrospective. C’est nous qui avons décidé, bien après eux, que Saint-Simon ou Bossuet étaient littérature. Alors écrivons notre réalité là où on écrit, sur le web, et savoir si c’est littérature ou pas, ce n’est pas à nous de le décréter.

L’usage important que vous faites des réseaux a-t-il un impact concret sur votre travail d’écrivain ? Empiète-t-il sur le temps que vous consacrez à l’écriture ? Et surtout, a-t-il une influence sur votre style ou sur les sujets que vous abordez ?
Non, aucun impact, puisque désormais je n’ai pas d’activité d’écrivain en dehors de ma pratique web. Je ne sais pas ce qu’est le temps consacré à l’écriture, qui inclut le sommeil, la marche, la méditation : pour le reste, toute mon activité langagière est liée à ma table d’écriture, donc déjà numérique ou déjà connectée. Le temps d’écriture web n’est pas un temps en dehors du temps d’écriture. Pour dernier point : quelqu’un qui aurait un "style" ou un "sujet" déterminé en dehors de l’expérience concrète qu’en est l’écriture, resterait probablement à distance de l’écriture même. Oui, le mode d’intervention détermine en partie les contenus. Twitter, par son séquençage et son immédiateté, est un formidable ouvroir potentiel de fiction (aussi, ou en plus).

D’une manière générale, pensez-vous que les réseaux sociaux puissent avoir un rôle important en littérature ? si oui, ce rôle est-il positif ou négatif et pourquoi ?
La littérature se moque de nos opinions, et le web aussi. Donc tout va bien. Se méfier plutôt de ceux qui auraient une idée précise, positive ou négative, sur cette question.

Considérez-vous que – lorsqu’ils sont utilisés comme espace d’expression et de création – les réseaux puissent être comparés aux sites et blogs littéraires ?
C’est exactement la même chose, les deux vivent en symbiose. Ils se croisent et se recroisent sans cesse sur la même surface. Un site sans réseau est mort, et une activité réseau sans site d’appui est morte. Mais à l’intersection des deux, quelle invention…


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 28 mars 2012
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