lire numérique | L’éternité par les astres

le grand texte de Blanqui, qui inspira tant Walter Benjamin, et comment le préparer pour son iPad, son Opus ou sa Sony


Je suis toujours surpris quand des gens, découvrant nos liseuses Opus ou Sony, ou manipulant l’iPad, s’imaginent qu’il s’agit d’une sorte nouvelle de bandit-manchot directement sorti de Las Vegas, qui suppose d’acheter et d’acheter la moindre ligne qu’on veut lire ?

Non. L’Ipad, quand elle est reliée à la prise USB de l’ordi pour recharge, on met dedans ce qu’on veut, films (il y a même VLC), textes et carnets, dictionnaires... Si ces appareils sont des outils naturels pour nous, grands lecteurs, c’est bien au contraire parce qu’ils deviennent très vite notre bibliothèque essentielle. On a à disposition des centaines d’ouvrages, qu’on peut trier, éliminer, recharger à son gré, et tout ça tient dans le sac ou dans la poche.

La question qui vient alors juste après, de ceux qui découvrent : – Mais tu les trouves où, tes ziboucs ?

Si vous débutez, faites un tour sur FeedBooks (qui accueille désormais publie.net dans la partie payante...), ou téléchargez les 1100 epubs généreusement proposés par la Bibliothèque électronique du Québec [1], mais il y a d’autres silos.

Et ne jamais oublier de montrer à la personne qui découvre comment ces appareils servent aussi à gérer vos textes personnels, mode d’emploi de l’appareil-photo, papiers de voiture, textes en cours avec annotations et corrections : si c’était juste de la lecture passive, ce serait un genre de gadget et c’est tout.

La question, quand on s’éloigne du tout-venant, c’est que vous retombe brutalement sur les épaules le fait qu’on soit en période de transition : le boulot n’est pas fait. Un, parce que les éditeurs traditionnels, avec leur répertoire de poche, n’ont pas voulu venir au numérique. Et risque bien que maintenant il soit trop tard. Deux, parce que de toute façon tout ça va bien vite, alors c’est comme le bricolage maison, il va falloir lire en kit.

Ainsi, le fabuleux répertoire des Classiques des sciences sociales. Fabuleux par le catalogue. Toute la pensée politique du XIXe siècle, le Droit à la paresse de Lafargue, l’Histoire de France de Michelet, mais vous verrez, c’est littéralement incroyable. D’autant que le domaine public s’établissant sur le continent américain 20 ans plus tôt que chez nous, vous aurez aussi droit à une lecture obligatoire, urgente, vitale comme L’apparition du livre de Lucien Febvre, encore sous droits en France. Ou Rosa Luxembourg, ou l’Histoire de l’art du précurseur Élie Faure, etc, etc... Pas que des merveilles : d’abord une cohérence de pensée.

Pour nous, les vieux du web, une adresse connue de longtemps, et un modèle de site contributif. Alors forcément, des transcriptions qui disent elles aussi, en creux, l’histoire du web. Versions html, ou versions rtf. L’iPad avalera tout, mais ce ne sera pas dans nos normes de confort de lecture (là où nous demandons aux appareils électroniques de s’effacer, comme le livre papier nous le permet), et ça deviendra une performance ahurissante sur eReader type Sony, ou même à l’ordinateur.

Alors oui : préparez. Il m’a fallu moins de 20’ pour créer l’ePub que je vous offre ci-dessous, NON : que Classiques des sciences sociales met à notre disposition. Mode d’emploi type La cuisine familiale [2] :


 téléchargement du texte rtf, puis "sélectionner tout", et "copier" ;
 ouverture d’un modèle Pages minimum, "coller" puis à nouveau "sélectionner tout" et j’applique un style standard – police Baskerville 18 (la taille "neutre" de l’ipub, qui permettra zoom avant ou arrière), indentation de début de paragraphe au choix ;
 nettoyage : applications titres 1 et 2, en général suffisant, suppression des sauts de ligne en blanc (important), vérifications ;
 petite couverture d’après maquette toute faite, capture écran en tiff et insertion en fond de page, c’est cette image qui s’affichera sur les étagères de l’iPhone/iPad ; une page de garde dans un bloc-texte ancré (important), où j’ai bien sûr repris mentions de la source du document et de son éditeur, enfin, dans l’onglet de droite du pavé outils/documents ne pas oublier de remplir les métadonnées (auteur, titre, genre) ;
 export ePub direct via Pages : ne reste plus qu’à le glisser sur la rubrique livres, films, musiques de iTunes pour qu’il soit chargé sur l’iPad de l’iPhone, ou envoi vers Sony ou Opus via Calibre, en tout 20 minutes (bien sûr, s’il s’agit d’un texte publie.net, et de commercialiser un ePub complexe, ce sera bien plus long, là il s’agit juste de lire)...

Les possesseurs d’iPad, puisque ça fait tache d’huile à toute vitesse (plus de 3600 exemplaires de notre ePub des Fleurs du Mal vendu 59 cts partis ces 2 mois), n’ont plus qu’à ouvrir iBooks [3], le livre sera à la première place de l’étagère, saura garder vos signets et annotations, la dernière page lue, la table des matières est active, et droit de copier/coller – on aurait pu aussi intégrer des liens, des images ou fichiers voix...

Je me souviens de l’excitation des premiers temps du Net, en 1997-1998, quand on s’échangeait les textes recopiés à la main pour constituer nos premières et sommaires bibliothèques numériques. Les éditeurs traditionnels étant absents, assez fascinant en ce moment ces échanges, où chacun contribue – oui, Beckett, Duras, Simon et d’autres circulent, mais à qui la faute si on ne peut pas se les procurer commercialement ?

Blanqui ? Un de mes rêves de numérisation, c’est la grande, l’immense, la formidable biographie de Gustave Geffroy, L’Enfermé. On la trouve chez des bouquinistes – si vous aimez, pas d’hésitation, c’est le genre de livre papier qu’on est heureux d’avoir comme pivot dans sa bibliothèque – mais on peut désormais le lire sur la nouvelle version de Gallica (merci à eux de la rectif), avec leur feuilletoir incorporé, sur lequel on reviendra ici tout bientôt. Blanqui, qui traverse tout le 19ème siècle par ses prisons, Belle-Île (avec Barbès), le Mont Saint-Michel, puis ce fort du Taureau en baie de Morlaix, où il est le seul prisonnier... Lucien Dommanget, dans les années 50, avait commencé d’établir les oeuvres complètes, la correspondance...

Water Benjamin en a fait une figure décisive de ses thèses sur l’histoire : c’est la magie de cette Éternité par les astres, l’univers va milliarder et milliarder et finira bien par reproduire un monde identique au nôtre, mais où la révolution va gagner – lisez au moins le chapitre VII...

À vous, si vous le souhaitez, de télécharger l’ePub de L’Éternité par les astres, proposé par les Classiques des sciences sociales, pour lecture sur l’iPad ou votre propre eReader...

Et à vous de prendre la suite !

[1Par contre, évitez de les transférer tous sur votre liseuse, ou même votre iPad, créez un dossier eBooks dans votre ordinateur et gérez-le via Calibre ou i Tunes, c’est mieux de limiter les titres présents sur l’appareil (ce qui laisse quand même de quoi lire, à vous de répartir entre ceux dans lesquels on peut toujours revenir, Proust tiens... ou un classique ou poésie à prendre aux moments privilégiés, Alcools d’Apollinaire ou Montaigne, et ce qui sera parfait pour la lecture distractive...

[2Pour Mac avec Pages, mais la démarche ne sera guère différente depuis votre propre traitement de texte et ordinateur...

[3Avez-vous remarqué que l’iPad peut accueillir 6 applications en "dock", vous pouvez facilement glisser l’icône iBooks à côté de Safari et iPod...


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
1ère mise en ligne 12 octobre 2010 et dernière modification le 28 octobre 2010
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