après la lettre

naissance de "à part soi" (apartsoi.fr)


Un des phénomènes les plus curieux de la jeune histoire du web (mais histoire quand même, puisqu’on commence à être nombreux – n’est pas Karl, Berlol, Bourdais, Phil, Thierry, Christine, d’autres – à avoir notre décennie de billets), c’est le besoin de respirer. Prendre écart, revenir.

Et chaque site naît dans le dispositif technique d’un moment précis. Il y développe son écriture – rapport aux images, mise en page, fragmentation et arborescence – en fonction de ces contenus. Lorsque, un peu plus loin que nous, d’autres formes sont nées, notre site nous devient terne ou pesant. Alors tant pis, on casse, on envoie le grand bloc mémoire dans la galaxie virtuelle, et on recommence.

Mais précisément : on recommence. Parce que l’aventure est trop belle. Dérange trop ce rapport au monde, à la représentation, au récit qui se charge du monde, et de son expérience au présent. Est-ce que ce mouvement d’effacement et cassure, alors, n’est pas organique de notre propre avancée ?

Ainsi, pendant combien d’années j’ai lu Avant la lettre ? Pas possible de le savoir, je n’ai pas de vraie perception : elle est trop liée au flux même de l’Internet, le quotidien, la visite blog du dimanche... Mais l’expérience d’Avant la lettre a été dense, continue, souvent émerveillée. Beauté de photographies engagées très avant dans le rapport à la nature, au paysage, aux visages de très loin. Mais une aventure textuelle qui s’érigeait à la hauteur – et profonde interrogation, pour ce constat de plus en plus fréquent quand on lit des blogs : la langue qui est vraiment dépositaire de l’expérience, de cette présence du monde, elle est plus souvent désormais dans ces expériences que dans la routine commerciale de l’édition formatée.

Alors comment aurions-nous douté que l’aventure web de Richard Gonzalez (c’est le nom sur le site, je ne sais rien de lui que ce nom, et ce qu’il a assemblé dans un premier parcours, avant de repartir sur une route neuve) reviendrait ? Cela s’appelle à part soi et c’est un beau titre.

Blog avant tout d’un voyageur, d’un arpenteur de l’homme : et si c’était ça, l’exercice de la littérature ?

Replacé évidemment dans mes flux. Je lui emprunte photo ci-dessus, en salut.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 5 décembre 2009
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