Jean-Claude Bourdais, chronique vivant

reprise d’une des entreprises web les plus opiniâtrement ancrées dans la vie française


La dernière fois que je l’ai vu : à Fontevraud, mi août, parce que c’était ma dernière lecture Rabelais en France eh bien il avait fait les 300 kilomètres de petite route, et rentrerait dans la nuit – dans son site, plein de récits de ce nomadisme, des nuits sur les parkings de supermarché. On peut tenter le diable de cette façon des années, et se faire ramasser à un bête stop prêt de chez soi. Soyons dur, maintenant qu’il va mieux : coup – au sens étymologiquement fort – d’arrêt – idem – et voilà que Jean-Claude Bourdais reprend sa chronique Internet.

Un site mal fichu, pas de flux rss, pas d’arborescence, pas de recherche interne, un boulot comme pas possible de mise en page. Et là-dedans, des colères, des exagérations, des souvenirs de voyage, des enthousiasmes qui peuvent même paraître indiscrets quand c’est vous qu’on louange ou sur qui on enquête, et il sait faire...

Mais pas possible de ne pas suivre. Une vieille maman dont on découvre qu’elle prend de la morphine, et c’est la visite à la pharmacie avec elle. L’enterrement d’un écrivain local (et souvenir au passage du récit – il y a deux ans ? – de la visite au bonhomme dans sa maison de retraite, et c’est tous les enterrements, nos enterrements que Bourdais attrape dans son appareil-photo. Là je tolère l’allusion qu’il fait à mon livre, L’Enterrement : parce que celui qui s’est suicidé est sous une pierre dans ce même patelin ou tout à côté, et que Bourdais était allé faire les photos, me les avait envoyées, et ça fait drôle de retrouver le copain comme ça, à 20 ans de distance.

Alors au choix : du rêve d’aller dans un sous-marin il y a 3 jours (et là c’est Jean-Christophe Bailly qui va traverser), incroyable variation sur King Cophetua (les amoureux de Gracq suivront la piste), ou cet enterrement dont pas possible de savoir si ce ne sont pas les photos de tous ceux que nous avons nous-mêmes suivis...

Evidemment, pas de commentaires, mais ça n’empêche pas de lui écrire... En tout cas, de le suivre. Et un bon paquet d’années de web à explorer dans les cavernes de Thiron-Gardais. Une bonne part de la mémoire de la littérature, ou bien de ce que, rétrospectivement, nous érigeons comme littérature, vient de ces fous littéraires repérables à chaque époque : le web désormais en hérite, difficile de se plaindre qu’avec eux rien ne soit vraiment comme on voudrait (et même la vie, ce fil)...


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 novembre 2009
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