bibliothèque de Bagnolet, visite guidée par ses acteurs même

se saisir de son lieu de travail avec "Penser / Classer" de Georges Perec


En rubrique Bagnolet atelier web, le programme du vendredi 13 février : flux, réseaux.

Texte en cours, mise en ligne immédiate depuis l’atelier. Ce vendredi matin, bib fermée au public, l’équipe se réunit pour écrire, et qui plus est écrire en ligne : que le site de la bibliothèque n’est pas l’apanage de ceux qui en sont spécifiquement chargés, et s’en acquittent pour le meilleur, mais concerne chacun à quelque poste qu’il soit, même hors confrontation public.

D’abord, s’approprier ce nouveau site spip de la bibliothèque, ses rubriques, l’interface admin, la rédaction des articles.

Mais tout de suite, nouvelle question : le site de la bibliothèque c’est l’agenda, les horaires, les infos, les nouvelles acquisitions, mais c’est aussi – via Internet – un nouveau rapport aux utilisateurs. La possibilité, ou la responsabilité, d’une expression plus subjective ? La bibliothèque dans ses coulisses, son fonctionnement.

J’ai parlé par exemple de CherMedia, avec ces billets sur vivre les bibliothèques, et leur atelier blog.

Alors chacun, lesté de quelques consignes à partir du texte de Perec : Notes concernant les objets de ma table de travail est parti in situ, bureau des collègues, une fenêtre ou une baie (et même la jeune stagiaire du collège), les réserves, la cuisine...

1 m2 et 1/2 heure pour écrire (plus une photo de ce dont on parle, mais l’animateur avait oublié le sien en partant le matin, c’est malin, on rattrapera) : c’est juste une mise en place, une appropriation. Puis 1 heure pour transcrire directement sur les ordis, créer un article spip, expérimenter. Créer un auteur, repérer les différents niveaux d’interface, un peu de mise en forme. Voici les textes, et les photos faites par les participants. On va compléter.

Et toujours la rubrique Bagnolet atelier web pour programme et autres expérimentations, le vendredi tiers livre est ouvert...

Note du mardi 10 : auteurs corrigés, merci me dire si erreur ou complément ! F


2 STR50

Merde, la réserve, heureusement, y’a pas grand monde en disco ; petit papier de brouillon, stylo machouillé : je note : 2 STR 50 ; attendez 2 minutes je reviens tout de suite ; il faut y aller ; je me lève, j’ouvre la porte du fond, je passe devant Marie-Paule et tourne à gauche. Pénombre, couloir assez lugubre pour y accéder ; me cogne le pied contre un vieux carton plein de vieux livres ; putain, il fait vraiment sombre ; je tourne à droite ; la porte de la réserve m’apparait au fond du couloir ; je l’ouvre : vieille odeur de poussière qui me prend à la gorge, çà manque d’air ; je palpe le mur avec la main gauche à la recherche de l’interrupteur ; ça y est, je l’ai ; mon dieu que c’est sombre ; je presse le bouton de la luz, de la luz ; mon dieu qu’il est sale ce bouton L’air me manque ; ambiance confinée, manque de place, lumière blafarde, cartons poussiéreux partout, mais bordel organisé quand même, malgré tout Première, deuxième, troisième étagère ? Où se trouvent les CD déjà Troisième étagère à mon avis Allez, tournons, tournons le volant Bon dieu, c’est lourd, c’est dur à tourner Ça y est Ah non, pas encore, y’a pas assez d’espace pour y accèder, je n’ai plus une taille d’éphèbe depuis longtemps...tournons, tournons encore Ça y est, que c’est sombre ; je rentre dans la travée A gauche, cartons de boitiers CD simples Au-dessus, cartons de CD doubles ; des cartons toujours des cartons ; à coté, travée de plateaux par 50, par 10 Le silence et encore la poussière ; coup de reins, je me tourne ; Ils sont là ; peut-etre 300 / 400 plus ou moins bien classés Je cherche, je cherche, merde le rock est en bas, faut se baisser ; je me cogne Qu’est ce qu’elle peut m’emmerder la collègue avec ses vieux boitiers K7 qui ne servent plus a rien et qui me tombent dessus par piles entières Elle se démerde, je ne les range pas Putain c’est déclassé 2 STR 50, 2 STR 50... ça y est je le tiens ; mon dieu quelle poussière ; voyons voir, oui c’est le bon titre ouf !!Je me relève et sors de la travée ; je commence a respirer, la lumière du jour n’est plus très loin ; un petit coup de volant pour refermer Les boitiers de la mère Macé achèvent leur chute finale Ouf, la porte, la lumière, la vie, Marie-Paule, la porte de la disco Ouf 2 STR 50 Tenez Monsieur, le voilà.

Fabrice

inventaire de mes haines ordinaires au travail

ça me gratte, m’exaspère, me dérange, m’agresse, m’horripile, me tourmente, me gêne, me déboussole, m’insupporte, m’énerve, me rend furieuse, me fait crisser, me faIT CRIER, ME FAIT HURLER !

AAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!! écrire me rend nerveuse... je déteste écrire, lire de la littérature, glander, m’ennuyer, imaginer, perdre du temps, je tourne en rond...Temps morts... Vide... Silence... Page blanche... Je crache sur le désordre, les cadeaux obligés.

Mais malgré tout j’aimeeeeuuuuuu mes collègues, les lecteurs et Ah...(soupir) mon travail, en général....

Guénaëlle

 

Jardins divers

Une baie vitrée à gauche . Un jardin en friche de temps en temps ou désert .

Parfois une glycine .

Un cerisier, les saisons , hiver bois mort, et puis les bourgeons, les fleurs et ensuite les cerises que les oiseaux picorent et que l’on ne mange presque jamais .

A droite la mairie. Un petit bout de la mairie orange et blanc . Vieux batiment désuet et charmant. Et les toits des étals du marché .

La salle des conférences, le batiment administratif .

Dans la salle des ordinateurs cinq. En face de moi un sixième. Un autre un septième qui répertorie les documents que l’on peut consulter lire ou emprunter dans la médiathèque. Sur le mur du fond vert les encyclopédies, les dictionnaires, etc.....

5 tables en verre. Un nombre fluctuant de chaise .

Du calme, du soleil. Parfois un peu trop de soleil. Et souvent beaucoup de bruit d’agitation .

Sur le mur du fond aussi une carte topographique de la ville de Bagnolet .

En face de moi un ordi. Consuter mes mel. Et le téléphone .

Un peu de nature et beaucoup de technologie .

Cécile

 

Le dernier pan de l’étagère de la salle informatique

Un carton Volumen, un Dictionnaire d’Histoire de France, des serre-livres, un sac marron vide, un sac plastique vide, le coffret des Quatre filles du Dr March, une affichette : « Importés - à cataloguer », un rouleau de sopalin, un classeur bleu, des DVD, une VHS, deux cahiers, une enveloppe Kraft, une pile de romans, des trucs en plastique pour la signalisation, six livres de Tove Jansson, le Petit Robert, divers usuels, le cahier social du futur étudiant.

Marie

 

Le couloir

On y entre comme dans une nurserie. La couleur de la peinture aux murs peut-être : un bleu pâle qui détend. 8 portes qui distribuent les bureaux, la cuisine, les toilettes, le local informatique. La porte du bout ouvre sur l’espace public de la médiathèque. Celle de l’autre bout ouvre sur l’espace professionnel, les bureaux l’escalier, l’ascenseur.

Le couloir est un endroit stratégique ; on s’y rencontre, on y discute, on s’y explique. Les témoins ? Une photocopieuse, un fax, un panneau d’affichage avec beaucoup d’infos, le planning, les néons du plafond, le meuble à périodiques professionnel, la pendule, la moquette grise et les portes de bureaux ouvertes.

C’est cotonneux. La moquette étouffe les pas. On ne sait jamais qui on y croisera. Tout au bout, sur la porte, le message de Guénaëlle : "Il faut penser à fermer à clé cette porte systématiquement ! ". Au dessus, le panneau "Sortie" est éclairé.

Delphine

 

Salle multimedia

Salle multimédia. Bureau design, ordinateur, lampe, collé sur la table le plan des ordinateurs destinés à poser la carte des lecteurs, de l’autre côté le téléphone, composent mon poste de travail. Murs verts recouverts en partie par des étagères et des ordinateurs, sur celles-ci des encyclopédies, des dictionnaires, des livres sur tous les sujets qui ne sortent jamais (les pauvres !) et sont à consulter sur place. Les écrans me font face et quand les gens sont installés ils me tournent le dos, je ne vois pas leurs visages mais je peux voir leurs écrans, surveiller ? Au milieu de la pièce, des tables de travail, pas de bruit, de rigolade, de bavardage, c’est interdit, juste le travail… Moi , face à mon écran, je suis libre, je peux, travailler, lire le livre posé à côté de moi, aller sur les sites d’info, jouer, regarder des vidéos, réfléchir, téléphoner ou regarder par le fenêtre à travers les bambous et rêver !

Flo

 

La bibliothèque vide, le soir

La bibliothèque vide, le soir. Inventaire des bruits et des lumières.

La journée de travail s’achève, tous les » lecteurs » (mais que s’ont-ils venu lire, voir, entendre sont-ils seulement lecteurs ?) un terme réducteur ou pas ?) sont sortis La porte coulissante a fait KLAK : la médiathèque est fermée, il fait nuit dehors !quelques zones sont encore éclairées, les collègues se font rares.
Je suis seule.
je vais éteindre les dernières lumières.
je vais me retrouver dans le noir : une petite pointe d’inquiétude.
J’appuie sur les boutons . clac de fin
et là un autre éclairage de la médiathèque apparaît

je dois passer la porte du saloon du paquebot qui grince
Ensuite se diriger vers l’escalier du fond :
les réverbères de la rue,
lumières très forte dans le jardin au raz du sol,
celle des panneaux « sortie de secours », au plafond
en fait il fait très clair.

La soufflerie de bateau.
L’escalier des contes très noir a contre jour : bien lever les pieds aller doucement
le bouleau qui s’agite dans la rue Adelaide Lahaye jaune.
L’escalier en bois qui plie sous mes pas.
Le point de vue sur la médiathèque par le haut.
La porte des bureaux qui grince.

La lumière très forte du couloir celle qu’on connaît bien, quotidienne.

Lise.

 

La table de nouveautés musicales

Dans l’espace musique de la médiathèque, face au bureau retour-renseignement, une table est aménagée pour y mettre les nouveautés musicales. Des disques y sont disposés par genre et par couleur et je m’apercois qu’il y a des genres qui sortent plus que d’autres. C’est une table attrayante pour les utilisateurs de la discothèque, beaucoup ont le réflexe de la regarder car elle reflète l’actualité musicale. Elle est mouvante, les disques sont empruntés et remis sur la table tout au long de l’ouverture. Parfois elle peut se vider en l’espace d’une demi-heure en fonction de l’affluence et se remplir de nouveau selon les retours du jour. En fait cette table est en mouvement perpétuel.

Christine

 

Le poste de retour des documents adultes

Ouverture 15 heures. Je suis au poste retour des documents adultes. La porte s’ouvre et déverse un flot de personnes qui se précipitent à mon poste. Et je passe les documents en retour et les désensibilise. Après une demi-heure, le rythme se fait plus calme. A droite, le désensibilisateur, face à moi : l’écran et le clavier et la souris. Mes yeux se lèvent sur le secteur Art : dans ce secteur, tous les formats co-existent : du plus grand au plus petit, du plus lourd au plus léger. Entre le bureau et le secteur Art : la grille de présentation des nouveautés vidéos. L’Affiche du Cinoche est épinglée sur le panneau.

 ?

 

Zoom sur la cuisine

Je marche en cherchant un endroit, qui m’accueillera.

Une odeur m’indique le chemin.

Je prends le petit couloir, puis monte les marches des escaliers, en me dirigeant vers la cuisine.

l’Odeur me titille les narines .

J’entends le bruit des gamelles qui chauffent .

Ce bruit me rappelle des souvenirs trés précis.
Cela fait "chuuuuuuuuuut " !!!
Comme avant !!!!! dans le café de mes parents .
Dans la cuisine, une table .

Sur la table il y a :
des clémentines

Une tarte recouverte d’un tissu à motif blanc et noir qui indique , que ce n’est pas le moment de la manger.

Il y a aussi, un plat recouvert d’alu .

Je suppose, que c’est la tarte à l’orange de cécile, dont tout le monde parle .

Une boite plastique avec des poivrons rouges, me donne une image du sud de l’italie .

Dans une assiette en papier, il y a un reste de fromage et un canapé de pâté tout fripé .

Balayage

Sur le mur, il y a un panneau syndical, avec un article du maire Everbeck a propos de réductions d’éffectifs annonçés .

Le titre est " Nous sommes trop gras, il faut qu’on fonde ".

Titre évocateur pour une cuisine .

Une petite boite a pharmacie est collé sur le mur tout à côté de l’article .

Balayage

En tournant ma tête, le tableau blanc, ne l’est plus .

Toutes sortes d’écritures et d’infos, sont données .

Infos sur les vidéos recherchées .

Holy Hola
je vais bien ne t’en fais pas

Infos

Hélène C..., stagiaire du 2 au 7 février

Info

Des cartes postales ont été achetées pour nos trois partantes : Céline, Delphine, Stéphanie.

Info

Les lecteurs utilisateurs de l’espace Multi-média, doivent apporter, leur feuille A4 .

Le feutre vert utilisé pour les écrits, est posée sur sur le bas du tableau .

Balayage

La fenêtre

Je vois, les arbres nus et les fenêtres du batiment d’en face .

Pleins de fenêtres sans rideaux indiquent des lieux vides .

Pleins de fenêtre avec rideaux indiquent qu’il y a quelqu’un .

Balayage

La poubelle poser a terre, est ouverte sur le monde .

Elle avale .

Des emballages, des papiers, des boites........

La cuisine

Des odeurs, rien que des odeurs .

Et les gamelles qui chauffent .

"Chuuuuuuuuuuuuuuutt " !!!!

Comme avant !!!!

Dans le café de mes parents .

Fatiha

 

Dans le ventre

Trois jours avant, je ne connaissais pas "le ventre" de la médiathèque de Bagnolet. Je suis stagiaire, en 3ème et ici jusqu’à samedi 7 février. En entrant pour la première fois dans ce bureau, j’ai tout de suite été frappée par cette lumière, cette baie vitrée qui mène à des jardins entourés des immeubles. Ce petit jardin est rempli de bambous, de quelques arbres, et de là où je suis assise en face du standard, il y a deux jolis bancs marrons / bruns juste en face d’une poubelle remplie de cigarettes ( seul élément qui contraste avec ce décor ). Hier j’ai vu des moineaux et des merles. A l’intérieur, à côté du téléphone, une énorme pile de livres m’empêche de voir le reste du jardin.

Hélène (élève de 3ème au Collège Travail, stagiaire pour une semaine)

 

La double absence

Une porte vitrée, une double porte vitrée, trois marches, face à l’entrée, une banque de prêt grise et longue, deux écrans volumineux, un pot en forme de Père Noël oublié par Mélina, un calendrier mural, et une étagère avec des livres, debout, couchés, empilés, des ciseaux, des boîtes, du vide. Vers la droite, un placard avec une clef suspendue. Ah, une étagère et de face "Les Amoureux du P’tit moulin". Y’a d’la joie, à Pablo Neruda.

Isabelle

 

Devant l’ordinateur

Devant l’ordinateur,

Ecrire un rapport, faire les plannings, compter et recompter… Mais toujours un œil sur le « jardin », de plus en plus sinistre à mesure que le temps passe, sur ce petit bout de ville qui depuis six ans m’entoure, et où je tourne en rond. Aujourd’hui il y a du soleil, le mélange de vieux et de presque moderne des bâtiments prend de la valeur, et je ne me lasse pas de voir l’extérieur à travers l’intérieur, l’alignement des parois vitrées, le passage par la salle des enfants et l’ouverture sur la place, que je ne vois pas vraiment, mais que je sais là. Mais le jardin, c’est une horreur ! le passage des jardiniers a été radical, et maintenant je regrette les herbes folles qui l’envahissaient cet été, on dirait Tchernobyl.

Dominique B.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 février 2009
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