une réorganisation du monde | 01

nouveau : un feuilleton sur tiers livre


Animaux envoyés aux concours agricoles

Les concours agricoles ont pris, depuis quelques années, un grand développement en France. Toutes les compagnies ont accordé une remise de 50 p. 100 sur les prix des tarifs généraux de petite vitesse, pour tous les animaux envoyés aux concours agricoles. Ces réductions sont valables à l’aller et au retour ; la seule formalité à remplir par les expéditeurs est de présenter à la gare du départ la lettre délivrée par le ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics pour l’admission au concours.

 

Durée du parcours pour le transport des bestiaux

Les délais fixés par les règlements ministériels, pour le transport des animaux, sont ceux fixés pour le transport des marchandises.

En grande vitesse, les animaux doivent être expédiés par le premier train de voyageurs contenant des voitures de toutes classes, pourvu qu’ils aient été présentés à l’enregistrement trois heures au moins avant l’heure réglementaire du départ du train.

En petite vitesse, les animaux doivent être réexpédiés dans le jour qui suivra celui de la remise, et la durée du trajet est réglée à raison de 24 heures par fraction indivisible de 200 kilomètres pour les lignes principales aboutissant à Paris. Enfin, la livraison au destinataire doit s’effectuer dans le jour qui suit celui de leur arrivée effective en gare.

Appliquées à des distances de 4 à 500 kilomètres, ces règles donnent aux compagnies quatre à cinq jours pour effectuer le transport des animaux ; mais, sur aucun réseau, ces règles ne sont en vigueur ; elles ne demeurent dans les tarifs que pour maintenir le droit des compagnies et répondre aux prétentions formulées quand des retards involontaires se produisent dans le transport.

 

Importance des transports de bestiaux effectués par les diverses compagnies et prix moyens

La diversité des bases employées par les compagnies pour les taxes de transport de bestiaux rend très-difficiles l’établissement et la comparaison des nombre d’animaux. Les compagnies qui taxent à la tête peuvent seules donner des chiffres exacts ; les compagnies qui taxent au wagon sont obligées de faire des hypothèses sur le nombre des animaux contenus dans ces wagons, et qui varient considérablement :

Pour les bœufs et les vaches, entre 6 et 9 ;
Pour les veaux et porcs, entre 16 et 50 ;
Pour les moutons, entre 50 et 60.

 

Tentative faites par la compagnie de l’Est pour amener en France du bétail de Hongrie

Le chemin de fer de Munich à Vienne a été livré à l’exploitation au mois d’août 1860, et a complété une ligne non interrompue de Paris à Baziasch, sur le Danube, aux frontières de l’Autriche et des principautés danubiennes.

Cette ligne traverse, de Pesth à Baziasch, les plaines de la Hongrie, sur lesquelles paissent d’innombrables troupeaux de bœufs, de porcs et de moutons, qui peuvent donner lieu à un commerce d’exportation très considérable. Ce commerce existe déjà dans la direction de Hambourg, sur un parcours de 1,286 kilomètres (de Pesth-Hambourg). La compagnie de l’Est a pensé qu’il était possible d’en créer un semblable dans la direction de la France, et elle a fait, pour y parvenir, de nombreux efforts, paralysés au moins en partie à ce jour par des causes accidentelles, et qui disparaîtront certainement. Ces causes sont :

Les variations rapides du change en Autriche ;
La grande épizootie de 1862, épizootie qui a conduit plusieurs gouvernements allemands à interdire le transport des bestiaux provenant du Danube ;
La sécheresse extraordinaire de 1863, qui a causé la mort d’une grande quantité de bétail en Hongrie et en Autriche ;
La peste bovine de 1866.

Si ces faits exceptionnels ne se reproduisent pas, il existe entre le prix des animaux, sur le marché de Pesth et sur le marché de Paris, un écart qui pourra déterminer des échanges entre ces deux points.

Le prix des bœufs, sur le marché de Poissy, varie entre 55 et 65 fr les 50 kilogrammes ;
A Pesth, les prix varient entre 40 et 50 fr. les 50 kilogrammes.
Il y a donc habituellement un écart de 15 fr. par 50 kilogrammes.

Or, la compagnie de l’Est, de concert avec les chemins de fer allemands, a établi des tarifs au départ de Vienne et de Pesth pour Paris, à raison de 72 fr. par tête, de Pesth à Paris (pour des expéditions de seize wagons) ; en supposant un boeuf de 400 kilogrammes, le prix par tête représente 9 fr. par 50 kilogrammes, ce qui laisse un écart de 6 fr. par quintal, suffisant peut-être pour rendre possible une opération commerciale. Elle a, du reste, déjà été tentée, et plusieurs expéditions par trains complets ont eu lieu de Vienne à Paris. La durée de ces trains est de quatre-vingt-cinq heures, soit trois jours et demi, et rien n’a fait supposer une souffrance exceptionnelle éprouvée par les animaux.

M. de Knapp, ministre des finances de Wurtemberg, trop tôt enlevé à son pays, avait, dès l’ouverture du chemin de Munich à Vienne, compris tout l’avenir que ce commerce pouvait assurer à son pays, et favorisé toutes les mesures destinées à le créer. Il existe, en effet, dans le Wurtemberg, de très-nombreuses fabriques de sucre de betteraves, dont les pulpes conviennent à l’engraissement des bestiaux maigres. Après un séjour de quelques mois dans le Wurtemberg, les bœufs pourront être dirigés sur les marchés français, et l’exportation s’effectuerait en deux étapes.

De l’exploitation des chemins de fer

leçons faites en 1867 à l’école impériale des Ponts et Chaussées, par F. Jacqmin, ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur de l’exploitation des Chemins de fer de l’Est, professeur à l’école impériale des Ponts et Chaussées
à Paris chez Garnier Frères, libraires-éditeurs


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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 mai 2008
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