parmi les e-mails reçus cette semaine
1
On se demande toujours pourquoi et comment ça vous arrive dans votre boîte perso, qu’est-ce qu’ils ont fait ou ce qui les a motivés pour penser qu’on pouvait leur répondre ? Pourtant ce n’est pas du spam, c’est bien un envoi collectif pour lequel quelqu’un a ciblé des adresses et les a répertoriées une par une :
Alors quoi, mobiliser tout son carnet d’adresse pour insulter et saturer ces marchands d’humiliation ?
2
Rien à voir, mais reçu le même jour. Il s’agit d’un questionnaire à remplir, transmis par une étudiante en maîtrise de lettres modernes spécialisées à la Sorbonne. Bon, on va encore me taxer d’anti-universitarisme primaire, mais si c’est ça une maîtrise de lettres à la Sorbonne, je m’inscris tout de suite... Je mets le questionnaire en téléchargement. Franchement, j’aurais dû m’abstenir de répondre, mais j’étais en rogne pour d’autres choses, j’ai répondu quand même. Je regrette un petit peu. Mais tant pis. Reste la question : spécialisées, mais dans quoi ?
Je suis actuellement en maîtrise de Lettres Modernes
Spécialisées
à la Sorbonne (Université Paris 4)
Je rédige un mémoire sous la direction de monsieur le Professeur
..., que je soutiens en Sorbonne le 27 juillet 2005, et
dont le sujet est : "L’Edition électronique : trois auteurs du
Nouveau Roman sur le Web." ; les auteurs étant Michel Butor,
Marguerite Duras et Nathalie Sarraute.
Dans une partie de ce mémoire, je m’interroge sur la conception
d’un site littéraire évoquant ces différents écrivains.
Je me permets alors de vous contacter pour vous soumettre un
questionnaire, auquel vos réponses m’aideront dans mon travail
de recherche.
Vous trouverez donc en pièce jointe le questionnaire ainsi qu’un
plan détaillé du mémoire ; cependant si vous souhaitez de plus
amples informations, je me tiens bien sûr à votre disposition.
En vous remerciant d’avance et dans l’attente de votre réponse,
je vous prie de croire, madame, monsieur à l’expression de mes
salutations distinguées.
3
De Poitiers à Tours, je continue de correspondre avec Jérôme Pintoux, sans l’avoir jamais rencontré. C’est la période des voyages scolaires. Et évidemment, à en parler pour le présent, c’est le passé qui surgit...
On était d’abord allé à l’île Madame, sombre site au large de la Charente Maritime, une sorte de rocher de moins d’un km2... Il y avait à l’époque un pont transbordeur sur la rivière. L’île Madame, au-delà de Rochefort, mesurait un km de long, six cents mètres de large, pas plus. Ce n’est plus une île à marée basse, mais une sorte de presqu’île. Un ostréiculteur y travaillait avec sa famille, pêchant des moules, des coques et des huîtres.
Pourquoi cette sortie à l’île Madame ? Parce que plus de deux cents ecclésiastiques y avaient péri au moment de la Révolution française. Une grande croix de galets y indiquait l’emplacement où furent enterrés 275 prêtres réfractaires qui refusèrent de prêter serment à la constitution civile du clergé, en 1790. Ils moururent de faim, d’épuisement ou du typhus, à bord des pontons de Rochefort. Il s’agissait de vieux vaisseaux désaffectés. L’oeil terrible des pontons, Rimbaud en parle tout à la fin du Bateau ivre, faisant allusion aux déportés de la Commune. Un morne horizon de marais salants, également désaffectés, transformés en pâtures. Ce n’est pas un joli coin. Avec vue sur Oléron, les îles.
Mon grand-père m’a toujours affirmé qu‚on lui avait proposé cet îlot pour une bouchée de pain, au début du siècle dernier. Il avait refusé de l’acheter. Que serait-il allé faire là-bas ? La pêche en mer ne l’intéressait pas. La pêche en rivière l’intéressait bien davantage, et surtout la chasse en plaine (le lapin, le lièvre, les perdreaux, les faisans).
Remontant vers Fouras, on était donc allés à l’île d’Aix, où Napoléon crut pouvoir échapper à ses poursuivants, s’embarquer pour le Nouveau Monde. Mais les Anglais l’interceptèrent, et il se retrouva à Sainte Hèlène.
Il y avait là-bas un musée Napoléon, un de ces petits musées de province poussiéreux, dont les collections sont anémiées, vétustes, dérisoires. Portraits, autographes, armes, vieux slips. Toujours des objets de seconde main, ayant appartenu à la voisine du frère de l’usurpateur. Quelques capotes anglaises usagées. Peut-être même quelques 45 tours des Moody Blues. J’y avais vu un arbre greffé par Bonaparte. L’empereur s’y était fait jardinier, un jour d‚ennui. Ce qui m’avait frappé, c‚était que toutes les pendules étaient arrêtées à la même heure. L’heure de la mort de l’empereur. Comme si le temps s’était arrêté depuis.
Il y a un autre musée qui m’a étonné. C’est le musée des Beaux-Arts de Niort. Il était situé rue de l’Ancien oratoire, mais cette rue a été rasée. J’y avais vu une immense croûte, représentant une scène de basse-cour, mal cadrée, peinturlurée, des canards et des coqs, et cette légende, significative : Don de l’Empereur, 1853. Badinguet avait dû dire à un sous-fifre : « Débarrassez-moi de cette horreur. Elle nous a trop encombrés... »
A l’île d’Aix, on s’était baignés. Même les curés s’étaient trempés. On les avait vus en maillots de bain. Quelle partie de rigolade ! Evidemment, ils n’allaient pas se baigner en soutane.
J’en avais rapporté un horrible petit buste de l’empereur en miniature, qui trôna sur mon bureau six mois durant. Puis je dus le donner à mon frère, qui en profita pour récupérer deux ou trois soldats de l’Empire qui ornaient mon cosy, de vrais soldats de plomb qui se morfondaient depuis Austerlitz.
On n’allait pas toujours se recueillir sur des lieux de massacres, à Oradour ou à l’île Madame. Une autre fois, on alla à Sanxay, dans la Vienne, aux ruines gallo-romaines. C’était un sanctuaire païen et même une sorte de lupanar sacré. Un temple, un amphithéâtre, et des thermes. Avec frigidarium, tepidarium, caldarium, alimentés par une petite rivière au nom proustien, la Vonne. C’est un prêtre archéologue, le Père de La Croix, qui fit toutes ces découvertes, au début du siècle dernier. Les ruines de Sanxay, l’hypogée des Dunes. Il essaya même de réhabiliter la Pierre Levée, un immense dolmen tout cassé, où allaient festoyer les étudiants depuis des dizaines de générations. Mais en vain.
Sanxay, ces ruines remontaient à la plus haute Antiquité. Les mystères d’Eleusis et d’Isis en Poitou. Le curé archéologue essaya bien d‚en gommer toute trace de débauche, la vérité un beau jour sortit du puits. Mais on ne sait pas grand-chose sur ce site. La Vonne avait-elle des vertus curatives ?
4
Transmis par Clarapeix, dont je suis fidèlement le blog, répertorié dans mes liens :
Attention les yeux :
le Manifeste du parti communiste devance Mein Kampf,
en troisième position, bien sûr le Petit livre rouge,
en 4ème le rapport Kinsey (sur la sexualité des hommes, je n’en dis pas
plus).
En 5ème posistion, Democratie et education de Dewey (principal
reproche : "rejected traditional religion and moral absolutes").
En 6ème, Le capital, bien sûr (pauvre Marx 2 fois plus "harmful" que
les autres dans ce classement).
En 7ème, un livre féministe The Feminine Mystique, Betty Friedan,
"disparaged traditional stay-at-home motherhood as life in a
comfortable concentration camp -a role that degraded women and denied
them true fulfillment in life."
En 8ème, ô surprise : Arthur Comte et sa philosophie positive (au
secours une philosophie sans dieu)...
En 9ème, du coup, bien sûr Par delà le bien et le mal, on n’en
attendait pas moins.
En 10ème, General Theory of Employment, Interest and Money de John
Maynard Keynes. c’est vrai, ça a fait beaucoup de mal, ça aussi.
Suivent ensuite en accessit, et entre autres, Lénine, Adorno, John
Stuart Mill, Darwin (ouf ! j’ai cru qu’ils l’avaient oublié), Foucault,
Ralph Nader, Simone de Beauvoir, Gramsci, Freud, et quand même encore
une fois Darwin.
Edifiant !
Si on garde bien à l’esprit que ces gens-là dirigent le monde, il va
nous falloir une sacrée bonne dose d’optimisme !
5
Je vais encore me faire des amis. Bien longtemps qu’on avait vu ça. Ça avait fleuri vers 1999, 2000, dans la brève illusion qu’Internet pourrait être une machine à facilement ratisser des sous, trop modestement pour que quiconque porte plainte, mais en tablant sur la quantité. Internet a prospéré sur des valeurs moins naïves, tant mieux. En tout cas, au moins quatre ans que je n’avais pas vu ça réapparaître, je vous le livre tout cru, tel que reçu :
Grand concours des arts- transdiciplinaires organisé par Communic’art.
Peintres, sculpteurs, poètes, photographes, musiciens, danseurs, vous êtes tous concernés !
1er concours : la galerie jardin. Vous pouvez être sélectionné pour exposer dans la galerie pendant un mois. Il suffit de nous envoyer une photo de trois de vos oeuvres. Quatre artistes seront sélectionnés.
2ème concours : le festival de cinéma. Envoyez-nous votre court ou long métrage, sur cd-rom ou mail. Les dix meilleurs gagneront le droit de diffuser leur oeuvre dans une salle de cinéma.
3ème concours : la revue L’Arbre. Poètes, écrivains, romanciers, scénaristes, vous verrez peut-être votre texte publié dans notre revue L’Arbre. Elle est vendue dans différents points de vente. Il suffit de nous envoyer votre texte. Les cinq meilleurs seront sélectionnés.
4ème concours : musique ou danse. Vous voulez vous produire sur la scène de la galerie d’exposition, lors d’un festival ou d’un vernissage ? Alors, envoyez nous votre savoir-faire !
Une adhésion de 30 euros vous est demandée pour participer au concours.
Si vous voulez plus de renseignements, vous pouvez consulter notre site internet : http://www.communic-art.com.
A rajouter dans foire_aux_pigeons.com !
6
Je termine avec un texte reçu d’une des étudiantes de mon groupe aux Beaux-Arts, une sorte de post-scriptum. Aurore Obam vient du Cameroun, elle mène parallèlement des études de droit et de grands tableaux reprenant, pour rappeler que la dette colonialiste est loin d’être payée, sous forme de slogans les fétiches d’ici :
Merci, Aurore, vigilance salutaire : parce qu’ils s’en servent, eux, du langage, de la force des mots. Même contre nous, ou pour tout mêler, tout affadir... Au fait, j’attends toujours image pour mettre avec ?
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 19 juin 2005
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