Michèle Dujardin & Sébastien Ecorce | Skyline

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l’auteur

Michèle Dujardin est née à Marseille, elle a publié au Seuil/Déplacements et sur publie.net Là où s’arrête la terre, Dans la cage et d’autres textes. La suivre et contact sur son blog : abadon.fr, ainsi que sur sa page Facebook.

Sébastien Ecorce : après des études de droit et de philosophie politique, entame des
études médicales (DES, neuro bio, Paris VII) ; se consacre à la recherche en neurobiologie (ICM / Salpêtrière), à la philosophie de la biologie, éthique, épistémologie (centre Canguilhem), de financements de projets dans le domaine de la biologie du vivant. Écriture dans quelques revues (numériques, papiers), pratique la musique, le piano depuis une trentaine d’années. Le suivre et contact sur sa page Facebook.

À paraître de Michèle Dujardin et Sébastien Écorce sur publie.net/publie.papier : Ligne, suivi de Rémanence et Impasse.

le texte

Depuis plus de deux ans, par l’arbitraire d’une discussion entamée sur le mot ligne via commentaires de leur page Facebook, Michèle Dujardin et Sébastien Ecorce ont entamé un travail d’écriture en binôme, sans s’être jamais rencontré, se saisissant d’un mot qui devient lieu d’exploration alterné – les voix se répondent, s’approfondissent, s’aiguisent l’une l’autre – d’un concept lié à l’écriture, l’art ou le monde. La forme dialogique est constante, mais nulle oralité, plutôt une sorte de confrontation comme sur scène de jazz : les textes sont modifiés ou récrits jusqu’à ce que la prochaine intervention du partenaire le fixe, et le lieu de l’échange reste toujours le même, les commentaires d’un incipit lancé sur Facebook et qui a disparu pour les autres lecteurs.

 

 

M.D.

l’infini de lui-même glisse du paysage – le réglage se fait sur les barres nues, face ouest, où la mer bat les murs de la chambre claire : la skyline étire le matin, et prolonge le pouvoir du rêve, quand l’essoufflement lentement sépare les corps

 

S.E.

Tu avais cet esprit skyline. Je n’en étais qu’à celui du bruit d’un spitfire_

 

M.D.

Ou feuille de fer brûlée dans un bruit de ligne : j’en étais au ciel droit, plongé comme une arme

 

S.E.

Tu disais : ciel métallique est une chambre claire qui ne fige le transport_trouble de la conduction_des feuilles et des lignes_ bruits lointains à l’enregistrement : dans cette : ville_ nu battant_ est sans cesse reprisé par une verticalité_

 

M.D.

quand se verticalise, Nu battant de couleurs dures, ce verbe-ville dans son vif : orchestreur sec, maille rauque, heures charnues bandées dans le muscle des ponts

 

S.E.

Quais en limite de plaques, points chauds ou réserves mobiles, un peu squelettiques de lamelles lissées par ce front d’ondes. Gestique métallise des structures transparentes, entregeste bande marches au bord des quais : faire pont du développement organique_faire pont du : trou noir : sphérique : pensé : avalé_

 

M.D.

trancher dans le bleu : hampes, profils de lances – volets voyeurs de la nuit, murs d’alambics et de forges – écrans lamellés de mica et d’odeurs frissonnantes, jets, mortiers, étoiles lacérées, assumant flux du plasma gravidique, où le sujet touché, coulé, est perdu – bord des quais, visages proches : faire pont entre les parements de chair

 

S.E.

T’enfonce cellulaire dans verbe ville : étoffes corps lampes par rétro des visées : vitre : une réponse fluide simultanée souffle bruit par derrière ou par le haut : le bas coffre un mouvement à peine fermé la circularité des couches portières froisse l’oreille ce qu’il faut d’écoute sur la lumière à trancher là où pointe métallique racle un morceau de voix abandonné_

 

M.D.

Nu abandonné, oraculaire d’une voix d’interstice, de passage : excès d’un informulable, quand décroissante la lumière, parmi des taches essentielles, déclenche l’ombre – verbe-ville, coffrant d’écoute quelques rythmes linéaires, ce tout métallique en invisible sourd, que tu pianotes de biais sur des surfaces vivantes – ville-voix, texturée de câbles phonatoires : alcool forçant les plans osseux sous la poussée d’une âme

 

S.E.

Les plans osseux_ les dalles grises_ les clapets des bouches éruptives ou leur absence inexplicable à cet endroit-là_ où la chauffe huileuse du plafond bas des taxis jaunes déclenche un ralentir_ parfois brusque encore sur l’ inaudible_ les segments ou courroies d’une danse et d’une vitesse à dériver d’une autre ville plus imaginaire qu’une sonde lancée au travers des surfaces à densifier : les tractus des câbles phonatoires_ la preuve qu’il peut y avoir des biais_des frontières glissées_ des vigilances décaissées, des gisements de boites aux lettres dans l’accroissement des passages, des pas attroupés aux chemises cotonnées, disposées tout autant_ et tout autour_passes_ sorties fausses_ sorties_ pèleriner ou : ce qu’il en reste d’usage_ serviles et chaotiques_

 

M.D.

rush d’ondes internes dures, résonnant comme électrochocs dans leurs glissières anfractueuses, quand le rêve alourdit les fumées au bout des docks, au bord des bouches de pythies d’où l’on entend les fleuves, et la mer, plots et pieux dépenaillés de venises foraines, barcarolles de highways, à l’ombre des hangars-silos dans leurs extases immobiles : il te semble toujours ce jazz-coton de froid qu’une pâleur traverse, qu’il vienne à toi les muscles nus dans un suaire de petit matin, quand le reflet mazouté du verre, sur le trottoir dans l’acier, te fait place, accueille et accepte toute angoisse

 

S.E.

Se lancer sur le béton ou se croire à grouiller dans la nasse. Pont de rouille : la détonation. Ne retenir que quelques détails de l’électrochoc. Ne retenir que la tôle et la surface de verre. Ne retenir que l’étroitesse du quai, un remblai durci par tant de passage. Mémoire un peu comme du mâchefer recouvrant ce béton. Sauter les serrures. Il n’y a plus de serrures, mais des coups de masses qui échappent à la vue. Pointe des docks : on ne compte pas les bruits sourds. On les réanime. Une vague : de peu de corps aspire cette énergie des nuques dressées au ras du sol. Sensation que l’air carbonise. La douceur relative de l’arrêt. Vision se relâche après avoir été un poignard effilé que la nuit tétanise. Retrouver le sol : la masse métronome : incroyablement douce et accueillante_

 

M.D.

aberrations de miroirs où la pierre se fait maigre, évanescente fondue au plus simple du monde, juste cordée d’acier léger, altière, silhouettée gracile au flanc du ciel, comme un cri, appel poussé d’une indicible joie sans même du vent la contrainte : théorème clair greffé tendu sur l’émotion vivante – tant de passage sans serrure dans la tôle du vocable, masse métronomique fruste forant de la langue les sillons de chair, papilles foliées, retournées, ondes grasseyantes, labiales claquées, salivées, pourléchées, gutturales étrangères écarquillant au roulé, au mouillé insatiable, tous les lieux du désir – langue abruptement de succion, de caresses, par la voie d’érotiques tracés ouvrant au vif des morsures, quand tu renverses la tête vers les corniches hautes, marbres électriques froids où le soleil est posé, méfiant, comme un oiseau qui ne descendra pas

 

S.E.

Verbe ville : matériau sans quoi tu marches sur l’apparition : l’infra mince du théorème des tôles qui opèrent – toute ville est le début d’un corps toute ville est la lumière d’un corps_ toute ville est un corps qui n’aime pas être dérangé_ toute ville n’est pas figure ou contre poussée au discours_ toute ville est la masse métronomique _toute ville est une matière première – un indéterminé – toute ville est une séance grandeur nature de diversification des humeurs pour un temps qualifié pour le regard mais tu ouvres à chaque pas sur ces marbres que celle-ci est à la fois plus vocable et plus silhouettée, plus instauratrice de marges et d’écarts_ séquenceur interne de déplacement lorsqu’il a lieu ou même non-lieu, celle de te poursuivre en un savoir obéir aux règles, des règles à sa mesure, de remettre sa mémoire dans les tracés articulés_ la mesure de l’image stéréo ou non le défaut de sensation alimentant une pulsation électrique_substance et matière à devenir : image : skyline : tranche : les ondes : mêmes : au sol_

 

M.D.

ville-corps, élan passionnel tout fermement de plaisir, de peur, suspendu dans la profondeur des bleus et la perspective lyrique, puissante, des combinaisons linéaires et de surface : grands profils arrêtés par un trait pur, silhouettes penchées où la courbe de verre gonfle un torse cylindrique, plein – bâtiments du downtown, places à haubans mangées d’asphalte, sans soleil, ports amarrés aux corbeilles, aux taux de change, temples forcés par les barres de flèches et les bômes de grand-voile : des journaux s’entassent et les petits mousses noirs briquent les grilles d’égouts – pesanteur d’airain de la tour déjetée, dansante, si légère mécanique chromée et sa tête sphérique, au regard clair, volant à l’eau son titre de miroir : insecte à longues pattes, plus mince entre les cils qu’un phasme de lumière, le long de ses flancs des mots en perdition blanchissent, et tu ramasses des questions au bord du silence, des balbutiements, quelques fausses pistes – skyline comme butée terminale, au loin, cristallisant les verticales extrêmes : ce dessin que tu portes, poème spatial au phrasé schématique, hardi, rompu et cadencé, ou grand faisceau d’armes de jet, pour le vent ou la guerre, main dans un gantelet de cuir brut : la ville n’est pas d’un temps, elle est vestige d’un rêve, en avant

 

S.E.

Skyline : butée terminale : appendice et phasme : de verticalités amarrées à l’étendue _Ville corps _ cartes synchrones de modèles de villes : chacun : se fait viseur involontaire : chacun : se fait sculpteur dans ces courbes de silices : chacun : se fait sa propre assimilation ou état de délabrement sous l’ampleur insistante de ces panneaux amovibles et la pesanteur des courants : horloges sphériques dépareillées : orbitales ou quasi : bouches et boyaux fins, parfois grossiers, striés sur asphalte inégale : de noyaux mobiles vécus secrètement par une masse grandissante comme des grands insectes aux capteurs braqués, cellules à force et grandes échelles, motrices trompeuses des sensorialités, dalles te ramassent dans la suspension, la rébellion au coin de rues, danses cristallisées à proximité d’un cercle de fortune, objets détournés au sol que tant de faisceaux obliques restaurent à leur manière_ grandes réserves des rotations_ autres phrasés semblant avoir ni passé ni futur, des seuils comme outils de lectures_ carnaval downtown : le sol : un micro qui crée bien des images abstraites_ l’odeur comme suivi et veille du principe de connaissance et temple des verticalités : carte mentale et l’empreinte d’arbres presque chromés par les voiles grises de carcasses autour, par ces vents réduits et reprofilés, le long des butées qu’une mécanique briquée d’un autre siècle aurait jugée comme terminale, mais ici : de toutes poussées ou repousses : de toutes pistes et fausses pistes : tout élément de la grille est à l’œuvre : que tu n’aurais pas à reconnaître si ce n’est que te dégrader encore plus dans l’intuition : une forme de désir qui ne se serait pas encore produit_

 

M.D.

ville-corps, fusiforme svelte, cordeau d’île profilée à ossature grêle, longiligne de grands sables à marécages morts : hanches étroites, muscles secs, rectiligne ascensionnel souplement cadencé dans le corset des fleuves, pendulaire des rues à balancement est-ouest, artères ajointées à ces moelles, ces condyles ouverts aux saillies des grands axes, squares et parcs, centres où nuit et jour neige l’image à la chromatique dure, infinie, d’un désir multiforme avide et sans objet – et ses larges épaules, tout se passe là-haut, des étreintes vif-argent aux adieux ramifiés dans les nervures d’orme, sous l’humus fauve et grisaille quand traînent ces pelouses comme des mers accablées, battant les bottes des vieux princes, Dakotas dormant dans leurs manteaux de brown stone, l’austère – et les yeux, amovibles capteurs de clair-obscur, de prismes, d’échappées et de traques, les yeux qui ne s’éteignent pas étalonnent les mues, les variantes infimes, le brasillement incoercible du jour dans la nuit qui ne descend pas, sauf là, jusqu’à ce gris qui use, altère la face de toute chose – ville de pleine force, massivité maîtrisée, aérienne, d’un pulsionnel jouant du muscle sur le tablier des ponts, aux heures rouges, quand la tache là sur les carreaux d’acier c’est le soir, c’est le froid, c’est le grand vent de mer – regarde les falaises d’Hoboken : le ciel orchestre la palette – l’apparition

 

S.E.

Verbe ville tire sur les bras_ déglace le temps_ battant nu_trancher au bleu est encore du point de vue du regard un modèle d’apprentissage_ et de renforcement des croyances_ choc labial : des matériaux : conséquences déduites de têtes silhouettées_ pointes tendues vers les corniches hautes _ soumises aux frottements des arcs bandés_électriques_ n’agissent pas comme révélateur de l’invisible mais comme l’étrangeté d’une langue qui ne cesse d’agir en soi_par ce qui en elle n’est déjà plus à comprendre_ sur une surface de silence asymptotique au regard des parois opaques et contractiles_son matériel d’impression, formule prosodique du déjà et pas encore à l’autre bout du passage_ massivité brandit se dégageant du simulacre d’où la moindre pensée comme arrière-pensée s’éloigne sermonnée par tels plans, telles dérives, tels devenirs, bouclier pulsionnel des grandeurs directrices, potentialisées comme acquises : commutation des lenteurs paradoxales : contrainte tensive : un peu de moralité, la palette de l’imperfectif défaisable, du juron providentiel retraité, la persévérance des commencements martelant velléitaire ce qu’elle ne peut achever dans les structures profondes de sa centralité : un morphotype : une résistance : la pression : l’incidence : le tremblé ou drainage des grands fonds_ un cadrage de lignes et textures que l’on croyait franchissement des obstacles alors que ce n’était que mauvaise posture dans l’alternance et la mise sous matérialités verticales droites puis horizontales_ toute série de courts circuits décagent_ fuites_ faux self _ou entrée en matières _ que tout moment angulaire saute _une décontraction une décomposition des affects même si douleur_ tête épaule_ en voie de retournement et la sinuosité d’un nouveau cap_cheptel_ ou cordon d’effractions lumineuses : Time Square et ses besoins indiciels, de toute addiction à la liquidité des traces, au passant des bandes graduelles le risque d’une tranchée ou d’une chute brutale entre des mondes : un stock du déni dans l’enchaînement des faisabilités inégalitaires, des voies d’accès_ la précaution d’un point mort dans la dimension des lignes sémantiquement neutres : si ce n’est que : l’expansion : la sortie d’un discours : cette relance de haubans et de structures de bois, reflétée de cadrans lunaires et grilles d’égouts, têtes et sculpteries fines à tendre les nuques projectiles vers d’autres négatifs du saillant : d’autres formes de neutres : comme lieu et signe d’un excès_

 

M.D.

verbe-corps en sa ville, tout à coup l’orage sec, la fleur de peau, l’acier vivant, l’échauffourée amoureuse – matériel d’impression : berge hi-tech entre piers délabrés et playgrounds suspendus, lent travail de reflet, ce laminé d’écume dans le sillage des liners, sous le glissando pointilliste des hélicoptères de South Street – les porte-conteneurs rêvant de coques planantes, déréalisent le grand goulet sur la carrosserie de l’eau : balises horizontales, violemment colorées pour la scansion du tableau – le béton est à son parfait dans l’ajustement des cubes : la promenade est lisse et la perspective nue, tombale : effets de soleil nets entre les sémaphores de fer, raies de rumeur sur les dalles, replis d’ombre noire au carré, où gémit des highways le choeur toujours proche – la marche est facile, décidée – la décomposition des affects suit de la lumière la transformation permanente : esplanades à l’antique où la matière d’aimer, se dissout mot à mot dans le blanc crémeux des marbres, entièrement reconstitués – et tu aimes cette maille lâche, l’inconsistance des mots, le silence cintré de la skyline, catégorique dans ses lèvres d’acier, l’enlisement de Governors Island dans la brume, ces matinées de chaleur qui se traînent, quand la ville à tes pieds ramasse ses griffes, ses forces, ses couleurs – ouverture par étapes, révélation progressive d’une faim, instinct sans mémoire habitant le socle, courant dans le socle et allumant tes pas : tu es pris de sève jusqu’à la bouche, dans l’instabilité vertigineuse de tes propres limites, joie d’être au jour, ici, infiniment goûtant la ville, sans répit et sans illusion

 

S.E.


 Béton dans l’ajustement des verrières glissées, des toiles pendulaires : orage sec : dalles des dernières poussées : la promenade : le creux d’une respiration – hors la ville n’est qu’une seule pensée qui voisine_ béton vasculaire_ balise en mode : passante : regarder par : prisme de coques ou perspectives tombales c’est de ne prendre le même trajet dans l’accident des lèvres d’aciers_ lien entre la lenteur et la gradualité serait presque virtualisé_ un principe de fatigue immanent au vivant nous raccroche de la densité des tuyaux à circulation : se rendre compte qu’il est si rare de vivre cette progression des couleurs comme non pénible_ la surprise ou l’attente_ laisser filer l’acier vivant comme prédicat auxiliaire d’être dans la distance intuitive en ce que qualité du mouvement travaille la douceur du vertige et que l’accélération réclame lorsqu’elle ne peut effacer sa course, son rapport mué à des notes élémentaires : eau_ feu_ terre_ air : autant de marqueurs qui sensibilisent et désensibilisent en un duel avec la matière_arbre pétrifié était devenu une œuvre de simulation, un médium accessible à tous les marqueurs, faisceaux ou gestes_ le suivi d’une ligne privative sans heurt_ le tempo n’est jamais uniforme même si la droite est la ligne dont le tracement ne dépend que du temps, l’entendre : cette conjonction : dans l’empêchement d’entendre : de bruit et souffle : comme croissance et devenir : durée et permanence : le contre-programme de ce qu’organisait la lutte entre l’ouvrier et la chose, l’effet de seuil dans la suite des pénibilités_ l’esprit de service reconfiguré dans les mailles apparentes du brick and mortar, de ces adhérences à un réel, de ces micros intentions, de frénésie du contre à remonter la formule sans heurt ni bruit même si toucher rudement s’inscrit dans l’espace de caresse, du désaccord ou de décadence de cette ville_ se rattache à toute les définition de l’intensité_ du survenir_ le corps œuvrant aux grands axes : à recevoir naturellement toutes les métaphores de l’agression _

 

M.D.

duel avec la matière : ville-expérience – cent fois sur le métier soumise à tous les leurres, les bras de fer – pile dans l’ici même, les contours de son réel changeant à chaque instant : des yeux brûlent là-haut, l’ossature est à nu, il n’y a pas de secret, rien que des gerbes de bleus ayant gardé mémoire de fonte, d’acier, et des chantiers broutant les friches des grands stockages déserts, des manufactures mortes – forêts de fûts puissants dans le schiste de Manhattan : énormes efforts portés mais comme paille d’air, fétu de chrome, jusqu’aux feuilletage de haute lisse, liquide, où d’aluminium et de verre, de vent froid, un chant dans la solitude toujours bleue fascine et piège la lumière – remblaiement de terrasses mordant l’Hudson à pleines dents : là, poids écrasant d’un regard isolé des autres – transparence, muraille – obliquité des eaux tangentes, tronquées – profilé d’un géant dans la course des nuages, biseautage d’arête enroulant métal, ombres et reflets dans une spirale sensuelle, éblouissante et sans mouvement – et toute cette eau, ondes de chaleur montées par vagues des champs d’asphalte et de ciment jusqu’aux berges allusives, courbes dérivées ou conjuguées vers les îles-prison, îles aux fous, îles des émigrants, et tous ces bouts de monde enterrés en elles – ville de corps à corps, de pleines mains, aux lourds tracés thoraciques où respirent sous les côtes, dans le mugissement des sirènes, les grands frontons réguliers : rudement les crépuscules s’inscrivent, dans un espace de caresse où les façades saignent jusqu’aux visages des passants – tractions, effleurements aux limites de portance, barreaux, tensions opposées, solidaires, enfer d’abstraction géométrique : et cette élégance qui nous raccroche à ses lignes, cette main sous nos pas qui avance le vide – encore et toujours, ville qui remet ses forces dans la bataille

 

S.E.

D’où viennent les idées que nous construisons de la ville expérience : les hypothèses de grand travail ou de grands stockages_ l’ossature d’intervention _scalpel des feuilletages des couches pleins chants _une partie ingénierie du regard dans la solitude tranchée le bas à partir des courbes évoluées, les tracés thoraciques, contours des simulations dans la réduction des blocs, cubes, barreaux, barres traction à guider la génération des espaces noyaux, sur le vivant des pontons, quels sont les objets naturels, les composés ou organes, les modes d’excitation de cette ville, cartilages, fibres, textures, nœuds, logique des descriptions dans la fuite même de la course, l’extension des voiles translucides des nerfs moteurs, l’obliquité des transparences, l’apprentissage de l’observation que la théorie ne peut expliquer_ l’inductif ou abductif_ les épreuves de la transformation géométriques_ l’inversion des accroches_ le poison pour le regard même, dans l’investigation : cette ville est toxique : cure d’enfer : une grille de calcul, un outil macro de génération : conjugue les fonctions : automatise : part : circuits fluides : d’on ne sait quelle ontologie des cibles : énumère : ne renonce pas : ondes braquées sur asphalte, schémas renversants, les grands frontons où circulent la décomposition des tissus, les couloirs fins de l’élégance, le détail pour chaque action à insuffler une expérience de pensée : te voilà : naturaliste et un peu plus_ un peu plus bas_ un peu plus haut_ la rotation des berges, cette ville abstractivise ce qu’elle doit au social, ce qu’elle lui restitue en part manquante à son image, préliminaire pour voir : ne pas voir : se pénétrer, des seuils de touches, de toxicités, de l’ingestion des oiseaux à jeun en stationnaire, la discrimination des lignes concurrentes, un laboratoire virtuel pour des opérateurs expérimentaux que nous sommes : tout en n’étant : plus : ville : multiagent : biseaute le virtuel : le muscle plongé dans le curare du réel – des contractions abstraites – ne pas déconnecter : les nerfs moteurs : cette ville est simulation qui invente ses hypothèses concurrentes pour mieux les garder en mémoire_

 

M.D.

souffleries abrasives, entrepôts barbelés, hautes tensions chargeant les poutres métalliques, grilles automatiques d’abîmes renversés, leurs néons déchaussés, lacunaires, faisceaux d’orage, bleus sous les cornières en saillie, fourré de câbles berçant le pont, par-dessus le fleuve extasié, à minuit : toute beauté élémentaire, fatale – non l’idée de la ville, mais l’ingestion par la ville de l’idée même de ville – hypnotique repas, mystique pierre fondamentale comme pluie d’or, régurgitée par la ville, puis que tu bois de tous tes pores : jusqu’au point de néant où la ville, parle en ton corps, par ta bouche, sans que tu aies à dire un mot – nid d’artifice, laboratoire, paillasses à processeurs où l’autopsie d’un rêve-enfant se précise, à l’approche de la nuit : hypothèse d’une possession où tu ne vaux que par ta capacité d’aller l’amble avec les rythmes de la ville, et t’ajointer exactement à la mécanique de ses figures violentes, toujours transformées dans une orgie interminable d’échafaudages et de terrassements – non poison que ce nectar à haute dose, qui te fait tanguer funambulesque bavard, sur les hauteurs de Queensboro Bridge quand l’aube damasquine les garde-fous d’un filet d’argent – corps marégraphe, n’est plus que des grandes pulsations de la ville l’enregistreur muet marqué de scarifications : les traces ne s’en effacent plus – as-tu vu la nuit ? voyage de peau dans un jus d’étoiles, et ce grand bruit de mer dans le froid de l’Hudson et de l’East River, et les sirènes de lumières à qui passivement tu te donnes, absous de tout désir, toi-même comme un écran blanc – car tu l’aimes : et l’absence de la ville est dans tous tes mots et ne s’achève pas, et tu tournes sur toi- même

 

S.E.

Le rythme de la ville est ce temps que l’hypothèse soumet à l’interminable autopsie_on dit_ toujours _je pars_ et on_ s’enfonce dans le rythme de_ décollement_regard avant toute intervention_stocker du vivant dans l’extensivité des feuilles lisses, une position de travail pour narration : elle insiste : lapide : petits blocs : se divise : scansion du grand Roque : mode passant : c’est par bandes ou paquets ou hors discours la suspension que vous rêvez : si vous passez ultérieurement : ou : jamais pour : l’échange : tracking ou trade d’un même mouvement : ne sait plus tant vous dé- familiarise : la crainte carnet d’ordres que la ville lise mieux le monde que vous : trembler brûler pour cette forme d’impersonnalisation : le grand nombre reste un nombre même s’il parachève l’accord : l’intensité nous dit que : l’émancipation est un ordre qui s’annule : le cœur n’ est plus ou davantage : polycentrique : petits arrêts : carnets d’ordres : petits arrêts : lèvent la tête : les terminaisons secondent : l’ébauche : mort subite héberge un centre de décision : computing : clouds : la ville externalise : modifie ces utilités et fonctions : est neuro-végétative que l’allure vient mobiliser une activité labile et rêche, crâne terminal de langue conjonctive_déflecteur : est-ce le correctif que le végétal bouturé incises, raies et trous de béton joints carbones_elle respire ce qu’elle détache le rêve du parler un détail secoue renvoie à l’initial formatage de type fuite : ou caprice des civilités : vieux fond chamanique ou reflux couple cette robotique des parois intelligentes la courbure tactique_ phraser un moyen détectif _ phraser est de savoir ce que nomme le rêve_furetage des hauteurs contre plongées des hospitalités muées_ retranchent blockhaus renforcés à ciel ouvert même si standing revisité Williamsburg un peu échappé d’un mourir_ ralenti : créatif de tradition conversive_ ce trop de lumière artificielle distribuée réserve le haut des immeubles, chaudrons patinés ou nefs, guide dans la captation, comme sonde : grève : le mot : balistique : ses tractions : cette science des parcours ou du collage : intraveine : non pas des rues, mais des voies pour opérer, à distiller du regard et créer les rythmes mêmes de ces confusions : la vie à sonde : encore plus : pompe : vie : le redire : genre intense : bras : réticule : c’est la théorie qui est intense : la vision d’un touché multiple au point dense comme si entrer dans l’atmosphère : un bras articulé : la robe infinie des tablettes doublonnent marche : la ronde des murs des entrées concierges dans l’absence un peu baroque : enfoncée la crosse des poignets des index rémanents vers des iles inverties : comme lignes ou ces points de rebroussements forment une carte dure et souple : une attraction dans l’organisation du monde monochromatique à donner autre relief à la surface que tu ne voyais plus comme un sol : vitesse d’expression sur la structure inerte : pas tant que : ça : si : l’optique cristallise ses raisons : entendre le matériel : le fond de ville : vibrer _cette vieille pompe pas si vieille de morales et de cercles dramatiques : de caractères ponctuateurs_ d’envols réversibles _ invalidation permanente que l’étendue même bornée réactualise dans le regard_

 

M.D.

émancipation de type fuite : s’enlisent à Jersey City des diagonales en surrégime, par-delà Battery Park, près des grands élévateurs dans les chevelures portuaires et les mastabas d’Exchange Place, cet autre côté de l’eau où la brume chauffe au rouge dans le creux brûlé des paumes les carlingues des long-courriers, mais toutes les lignes ramènent côté cour, l’immense plateau de scène et le coryphée des nefs des monolithes bleus, des glaciers aux parois accores où tu te vois fantomatique, démultiplié, ils guettent serrés, postés frileusement dans leurs manteaux de bureaux qui éblouissent ils tiennent tête, ils font remparts, ils lestent la mer de leurs millions de regards securit pressurisés incassables, vides, où tu te vois et tu te perds, sauf là, ce balancé de hanches, cette peau mica, cette chair paisible à tenir sans faillir sous les lèvres, à force presque mal, nouer les doigts aux nuques fortes, cela te reprend ce toucher presque donné, interdit approché refusé, la profondeur agite de si transitoires nudités, si belles, si négligées, le recul pas à pas les fait rentrer dans leurs eaux ou fleurir dans ces cages sans terreau où la vie est là, exactement sous la mort très musclée ses paniers percés d’asphalte, sol lunaire sans gravité jumeaux et soléaires tendus pour le vol, le rebond jusqu’au ciel l’échappée loin, le voyage aux affiches, à la mer, aux transformateurs aux parkings à la dope, aux verrières étoilées, cette vie obscure, lumineuse du monde, quand la rumeur aux carrefours rocaille de camions, toutes gencives dehors dentées dru de blancheur explosive, d’argent, et tu partirais s’ils te disaient monte, et les écureuils sur les bennes à ordure te regarderaient partir, car il faudrait y aller il serait l’aube déjà sur le grand Réservoir

 

S.E.

Des diagonales en surrégime par le détour des eaux grands plateaux_ monolithiques dans le flux des carlingues_ la vitesse de touche une approche de l’élévateur : cage à eaux : promontoire et tour de guet : ville qui travaille encore sur l’hypothèse d’arrivance, de transfert ou d’injection radicale : se déplace presque en laboratoire_ quelle climatologie des portances et mobilités_ connotations des ombres émaciées_ structures balancées et passante colorée aux charges portuaires : chaude animée au registre de l’irrigation superficielle, ce charme dur des petits bouts d’espaces : transition en découle : y intime sa façade sociale_ ces manteaux acides : cela de : reprendre la vivacité dans le courant clair : fantomatique pressurise que la fréquentation resserre sur elle-même ses propres filets de protection sous l’effet de taches et pulsations : calorifient : et supportent ces mêmes oppositions_ saveur dynamique : une image mentale dans la relation de fixations au détail recompose la continuité : limites gravitaires et résiduelles, par force : tout voir est un : partiel : germe : peu à peu : un instant : déterminé : au lieu : on se souvient que saison est une chose à conquérir, l’espace ce déplacement du : travers_ on aimerait qu’une place prenne la forme d’un texte, là où l’interaction d’une sensation, vision même qu’il y a limite au tout voir, que tu travailles à cet estompage, ce rebond de la lumière à renforcer l’illusion du relief, que l’obstacle quand il bute est de cette même attraction, tourne la tête ne fait pas regarder plus loin, mais un plus loin plus près, démultiplié, distance spéculaire à la grille perceptive de référence, dans l’arrangement entre les briques, pôles, toucher l’espace permet de le désigner, oriente la relation, médium dans son cadre de fiction, paysager la dégradation : la marche d’effondrement : un chantier plus large d’instauration, que tours à frayer la tranchée d’un état de terme stable_tours que le sceau de marque : indicialise l’imaginaire de l’espace à construire : un lieu qui n’ouvre qu’un espace de produit culturel : la perception : infra : d’une variable autour de polarités : la topographie ou dispositif à résonance géométrique : redessine : organise_ ses relations : au terrain : image : d’invention : ancrage : au sens : large : mobilité se déplace : au sens large : en marchant_

 

M.D.

marcher – ici du pas le sens est large, démultiplié par toutes formes de reflets, échos et dispersions – la fatigue est flamboyante, réfléchie profondément dans le noir par les vitrines d’asphalte – soif, abrasion des surfaces : enrouement, salage – émeri des peaux sur le grenu des briques : palimpseste chromatique, poussière de copeaux secs, une histoire des murs, lentement désécrite – ophtalmie des poutrelles : concassage de soleils fixes dans l’étagement désordre de tôles et de miroirs – ciels déversoirs, moulins à cristaux fluides : optique non linéaire, biaisée par l’eau partout présente : aberrations d’îles qui montent, couvrant l’armure dure des plans et bassins de mer – grandes ombres émaciées, la place y prend la forme d’un texte – comme ces roues dans la pluie de Coney Island, qui annotaient de fausses larmes le sable de la promenade – nous y captions des tremblements qui déchiraient les affiches, les néons – les manèges arrachaient aux carnets des mots algébriques, sans suite, pris d’une incertitude profonde au bord du Scenic Railway : des vieillards déchiffraient pour nous des tags en cyrillique – ville posée là, idéal décomposable en cette multitude d’idéaux premiers, que nous sortions de nos rêves pour les mettre à défroisser, d’un fil à l’autre de nos parlers ouverts, lâchés sans bride, sur le quai du métro un dimanche désert – effervescence du soir, ponts d’allumettes en feu : puis leur image se rompait dans l’Hudson, dans la houle froide – réapprendre les yeux fermés, à rabouter ces bouts de monde, de l’autre côté, soir après soir

 

S.E.

optique est une écologie de la flamboyance et un palimpseste du sec : champ de poutrelles perçues : ou non : une captation de position où marcher est un acte de mélange : sentiment de l’espace à concasser ces temps de réaction : ce temps de relation à masse polaire : de ce qui s’offre à ces scènes de possibilités : l’alignement ne correspondant à aucun ordre hiérarchique_ thermique_ abrasion_ vitrines de surfaces mémorielles_ plaques modelées_ verticales obliques : détachées comme mobiles sertis aux parois diffuses et concentrées, ou au sol, à déchiffrer, une histoire des murs recréent au fil est un système complexe, où le mur est une affiche que le néon a fossilisé, dans cette imbrication, enroulement, programmée par une langue que tu ne p ( …)_ tout croisement dans le tremblement des roues cylindriques, dans le désordre du sans référence, groupe de faits à structurer la perception, dont le rapport strict n’est pas un soleil fixe, mais un élément majeur du passage de monde, brosse les copaux qu’elle retraduit, d’appel à des techniques, d’outils et de matériaux, rabote champ de parlers ouverts, les ouvrir en d’autres surfaces et profondeurs, dans l’invention et l’imitation, suite de parois, murs, tableaux, écrans, où la représentation analogique semble ce temps dépassé, pris dans les perspectives de moulins à cristaux fluides : ville dans ces repoussoirs et réserves de ne copier le monde visible, c’est ainsi : se situer à l’intérieur : dans les figures à échelles réduites, les proportions dans la mesure de la distorsion, le corps informe le corps, comme le corps applique à l’espace, ce qui l’entoure n’est pas naturellement périphérique, la coudée mise en carte, les croquis sont macros : un couplage de signes : à chaque fois : à domestiquer_

 

M.D.

naître la ville, sa traversée des apparences, sur toutes scènes de possibilités : l’acte de marcher en orchestre les tableaux, désenfouit quelques réponses – ville bleue, nerveuse, vibratile, prise dans ces grappes d’audace et de signes aux délinéations dures, pointes sèches, croquis macros gravés, calques hérissés, qui l’excèdent et vont mourir à la mer – terrestre perforé, ciel perforé, hommes symétriques, sans rencontre, sans jonction ni croisement, parallèlement faufilés dans le verre et l’acier - là-haut, sous l’humble regard gris des châteaux d’eau vétustes, cette route de rails semée d’herbes folles, fleurs à miel et plantes rares : la High Line est cousue de galets, de sources et de papillons, d’oiseaux chanteurs – sente par-dessus la bête, le puissant squelette en formation du grand Musée du Monde : excavatrices, ponts roulants, fracas pierreux, métallique, d’éventration et d’érection, les corps épais sanglés dans les harnais aux anneaux de fer, les casques repoussés sur la nuque, les têtes trempées de sueur – cuisses taillées comme des troncs centenaires, assise large – pause de midi, les grosses mains blanches de poussière : ces roux d’Irlande, ces blonds, ces chevelures d’Indiens, ces yeux grand noir, de cet obscur aussi lumière que le plus bleu, aussi clair : adossés au camion, ils regardent une mouette qui fore du bec le ciel comme un tisonnier – le souffle est calme, les torses amples sont tournés vers l’Hudson : la ville est cette arche transparente, à venir, qu’ils portent sur leurs épaules – échiquiers suffocants dans la confusion des musiques : brume d’eau sur la courbe des cuivres, sous le vent, de petits rois de bois se balancent en rythme dans les doigts noirs : no photo, please – la tête du fou aux pigeons, pleine de portes en lambeaux : à la flamme de son rêve il soude quelques seuils de cocagne, la ville est ronde et fraîche dans sa voix, il appelle un Sud que je ne connais pas – impromptu dans le sable : des filles trient de l’or, des aboiements et des mégots, et dans nos souvenirs des vers de Whitman rient de la dissolution, et saluent l’amplitude du temps – et tes mots défaillent, sous les coups de boutoir de cette langue qui les prend d’assaut, les inonde, jour après jour – le carnet s’étiole dans le sac : l’autre langue par bouchées lentes, le comble de vide

 

S.E.

Ville nerveuse, high line traversée, bleu entre pylônes, fréquentiels, macros calques cinétiques, bande mis en carte, trous dans l’audition, que l’infinité des visages massés tentent de recoudre à leur manières, squelette d’une pensée carnassière, l’expression de l’espace un narratif qui perfore les lignes de contours, l’analogie un cas de puissance, corps et territoire n’est dans l’ordre de ce tronc des mesures, il pointera quelques plantes rares, dans la confusion des rails d’un autre siècle, l’image se réapproprie la paroi, les sols forment un échiquier, croquis ou coquillage, lambeaux soudés à boucher quelques trous, un pont roulant que la marche rend plus fidèle au réel, symétries à désenfouir des supports naturels, jonctions excavatrices à sacraliser les fonctions, l’occupation de l’espace un semis en volume, déplacement des nuques iconisent l’espace, légende et détermine un hors carte, blanc d’image, voile sans médiations réelles, entre la ville et le regard, entre le cadre et la représentation, si bien que le centre et la marge consiste en cette marche des neutralités, à repasser l’épaisseur de corps dans les anneaux de fers et de bois, dans l’orientation remaniée des souffles, tête de fou dans le son imaginaire de la Bête, le classement des espèces est une perte de contrôle, une reprise de verre et d’acier laquais, une nature des terrains dans le déplacement, une relation contenue dans l’ espace, la distance une grande falsificatrice dans l’organisation des codes, points, reliefs, les restes d’un chemins aux bords de l’Hudson, recouverts, la mémoire d’un soldat, la qualité métallique de la dissolution, des degrés de corrosion, de frottements à des pans d’histoire, de fausses cartes, l’invasion des bans d’oiseaux comme réseaux de coordonnées, un idéal de conformité débarrassé, à enfreindre les consignes du silence des quais et terminaux, diffraction des brumes, des gaz et repères stables, la perspective tordue, dans la corne perceptive, la petite révolution panoramique des zones humides modifiant l’équilibre tant balancé de la surface et du plan verticale. Ville déplace : se fait l’image de la pensée, naturalise ces frontières et éléments de terrain. Ville standardise : mieux nous porter. Ville frontière modifie clinique des tracés. Devant l’unité et l’éclatement, la progression infra des archipels, Ville ne tient pas dans l’idée : localise l’a-théorique. On avance et on peine encore à en mesurer l’onde de l’impact.

 

M.D.

infinité de visages massés, légende et détermine un hors carte : Long Island, au débouché des galeries aériennes, ferroviaires jetées dans leurs forêts d’éclisses, faîtages clairs, ajourés d’ogives qui tintent dans la chaleur du jour, ce désert, plage aux très vieux limules bardés de fer et de lenteur, dans un mirage de cargos, bananiers et tankers, navires-usines dans la passe de Breezy Point qui coulissent en silence le long de l’horizon : il s’infléchit le soir, dans l’indétermination du ciel à se couler dans la courbure de la mer, et ces arbres, de loin en loin, palmiers seuls phosphorescents dans leur brûlure de plastique, à compter en bout de route, aux laisses des dunes, les panneaux losangés des dead ends qui penchent, le vent a gavé de sable les orbites des motels morts, et sous ses dents ces planches à meuler du quartz à grincer de rouille, les trains vont à Montauk délavés de tempête, de solitude, grilles d’enclaves, caméras barbelées font chevaux de frise aux paradis à code sous leur ciel nucléaire, plombé, invasion de bans d’oiseaux sur Jamaica Bay, la peur est dans la matière de l’air que barattent les méthaniers, qu’est-ce alors, que la terre, des brisures d’écueils aimantées par la grande île qui plonge, Sud lourd, grand Nu bleu, haut plateau verrier de glaives et défenses drus, toujours cherchant le nerf, fouillant dans les soubassements d’os, cariant la pierre, travaillant la plaie, afin que l’humus noir s’efface, disparaisse dans le grand socle de béton, qui est sans voix et sans racines



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1ère mise en ligne 17 septembre 2013 et dernière modification le 5 octobre 2013.
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