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encre


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L’encre, dans les temps lointains de l’enfance, c’est ce qu’on versait d’une grande bouteille dans le petit encrier de porcelaine planté dans le trou de la table à deux places de l’école primaire. Jamais trop aimé, plein les doigts, plein de taches. Le Quatre-Couleurs du collège sauvait la mise, et les cartouches pour le stylo-plume. Toujours travaillé à l’encre noire, jamais bleue, ni autre. Avec les imprimantes, d’abord à aiguilles, puis à micro-gouttelettes, cessé de m’y intéresser. Ça a commencé avec la préparation de nos premiers epub : un fond d’écran blanc, non, ce serait aussi impossible qu’un livre dont les pages seraient purement blanches, il n’y a pas de noir absolu, on lui ajoute un soupçon de violet et ça va mieux, et sur une liseuse noir et blanc on baisse un peu le contraste. Puis compris ce que développé ici dans Après le livre, le papier lissé à la chaux pour l’imperméabiliser, les micro-gouttelettes lestées d’un diluant pour s’évaporer plus vite (c’est lui, le diluant à l’éthanol, l’odeur du papier), et d’un vernis qui solidifie pour les fixer sur la chaux hydrofuge. L’encre fait partie, avec d’autres comme plume, de ces mots qui restent dans des expressions populaires alors que l’usage s’en est départi : noir comme de l’encre, noirceur d’encre... Elle reprend le premier rôle dans le tatouage : non pas encre sur la page (voir ce que dit Flusser quant au geste d’écrire comme graphein incision, mais encre dans la peau : une nostalgie de ce qu’on demandait autrefois à l’écriture ? La plus curieuse expérience que j’ai vécue avec l’encre, cette étudiante, lors de ma première année à Cergy, qui faisait sécher ses sachets de thé et les utilisait comme support d’écriture (et une sacrée belle et dense écriture) : l’acidité du thé faisait que l’encre avait totalement disparu en une dizaine de jours, jamais pu archiver ce qu’elle a écrit cet hiver-là, puisqu’elle se refusait à transcrire ou même photographier, son droit d’ailleurs le plus strict. Première fois que j’entrais dans ces idées d’une écriture éphémère, aujourd’hui c’est tellement important pour comprendre ce qu’on fait sur YouTube, ou dans le provisoire d’un site, voire même la disparition matérielle si rapide des livres (ou comment ils resurgissent sur le marché de l’occasion via le désherbage des bibliothèques et les déstockages éditeurs, qui n’en gardent juste que ce qu’il faut pour s’assurer de la continuité du contrat). Cette notion d’éphémère dans l’écriture m’a donc rejoint non par le support ou la forme, mais par l’encre. L’encre aussi est un temps (le déchiffrage d’Artaud par Paule Thévenin, temps long pour rejoindre temps immédiat).

entrée proposée par FB

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Encre : satisfaction de mesurer à l’œil la baisse de son niveau à travers le corps translucide du stylo à bille. Satisfaction aussi de sentir le papier bouffer sous l’écriture bleue ou noire.

entrée proposée par Jérôme Cé

 



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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 avril 2021.
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