François Bon / Paysage Fer le front contre la vitre vu du train sur la ligne Paris Nancy, suite |
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photos de tournage: 1, l'usine à chaux
de Sorcy |
on a déjà parlé de Paysage Fer texte, publié il y a deux chez Verdier, avec 15021, chez L'Amourier, en compagnie de Jérôme Schlomoff (photos ci-dessus) – pendant quelques secondes, dans la vitre du train, un paysage gigantesque et blanc vous enserre et vous surplombe, avant que le tunnel de Sorcy fasse brutalement tout disparaître – décider d'y venir, c'était déjà fanchir la frontière du rêve au réel: pourtant, une fois garée la voiture, c'est tout un paysage humain dont on va très amicalement nous faire pénétrer la complexité – il y a avec moi Fabrice Cazeneuve, réalisateur, et Pierre Bourgeois, opérateur : il faisait 15 degrés en-dessous de zéro ce matin-là sur les bords de la Meuse, où les inondations sont devenues une mer gelée c'est une cathérale, un palais de l'art industriel – le groupe LHOIST a d'ailleurs constitué ces dernières années un fonds d'art contemporain où des photographes de la taille des Bernd et Hilla Becher se confrontent à ces emprises à la Piranèse, dressant vers le ciel ce qu'on extrait à la terre – une craie de la meilleure blancheur, ancestralement exploitée, et sur le site près de 4 kilomètres de bandes porteuses - savez-vous qu'un livre d'aujourd'hui, pour que le papier soit assez lisse lors de la fabrication, mêle à la pâte papier de la chaux recarbonatée, dont la granulosité alors n'est de que 78 microns? à gauche, l'ensemble de quatre fours droits construits avant-guerre, à l'époque des rêves futuristes en béton – à droite le four rotatif on nous a équipés de casque et lunettes, et Pierre Bourgeois, pour éviter les projections de chaux, a encapuchonné notre fragile DV Cam - on nous emmène sur les passerelles hautes, le rêve inaccessible du train, tout au long de l'immense four rotatif à 1200 degrés, toujours en vue du train installé il y a une trentaine d'années sur l'ensemble du site, on dirait que l'architecture des superspositions arbitraires du temps (le site a bientôt 100 ans) se joue de l'immensité du ciel pour inventer des figures d'une beauté que le blanc uniforme des sols et des matières rend pafaitement abstraites, et pourtant toujours en liaison étroite avec ce sous-sol de craie magiquement blanche qu'on extrait et concasse - à gauche, le double four vertical Maerz, et à droite la cheminée anti-pollution (un des débouchés aussi de la chaux dans l'ère moderne, que la dépollution des résidus industriels ou le traitement des eaux usés - et le four rotatif brûle pour l'essentiel des matières de récupération broyées) - il manquera à cette page webcam, faite avec un tout petit appareil numérique, l'émotion des visages : hommes qui, dans leur tenue ou leur geste du travail, acceptaient que nous en fassions trace (ici, visite du four Maerz avec Sébastien Grigis, ingénieur Process et spécialiste de la complexe transformation chimique de la craie selon son utilisation, affinage d'acier ou stabilisation du remblai du futur TGV, qui fera qu'aucun voyageur ne verra plus se dresser dans le ciel les échafaudages fantastiques de Sorcy...)
la petite équipe du film et nos commanditaires d'Arte remercient M. Moret, directeur, et M. Daniel Flahaut qui nous a pilotés, pour l'accueil et la disponibilité: il faut dire qu'ils sont bien conscients de l'intérêt historique du site, qui va fêter en juin, à Commercy, son centenaire et des enjeux humain et environnemental, traités selon les exigences les plus contemporaines, d'une activité rassemblant ici pas loin de 160 personnes, 7 jours sur 7 et 24h sur 24... à visiter pour poursuivre: le fonds Lhoist d'art contemporain
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